▪ Les soubresauts de la Grèce la semaine dernière contribuent à alimenter la spirale négative sur les dettes européennes. Derrière le cas hellénique, l’Italie reste au coeur des préoccupations des investisseurs. Pour l’un des pays les plus endettés de la Zone euro (la dette représente 120% du PIB), la « zone rouge » n’est désormais plus très loin…
▪ Pour la Banque centrale italienne, tout est sous contrôle
Dans un communiqué publié mercredi dernier (2 novembre) sur la stabilité financière du pays, la Banque d’Italie se veut rassurante. Et ce, même dans le pire des cas avec comme hypothèses :
– une hausse des taux à 10 ans à 8% ;
– une croissance économique nulle en 2012.
Au-delà de ces chiffres, ce qui m’interpelle dans ce communiqué ce sont surtout les commentaires de l’institution. Elle qualifie ce scénario d' »extrême ». Pour ma part, j’ai plutôt envie de parler de chiffres réalistes.
J’ai du mal à imaginer que l’Italie fasse mieux que l’Allemagne ou que la France qui envisage désormais une croissance de 1% maximum. Par contre, qu’elle fasse moins me semble largement envisageable.
Pour la question de l’endettement, pas plus tard que jeudi dernier, les rendements de l’obligataire à 10 ans en Italie ont dépassé les 6,50%. Or, depuis deux ans, la crise de la dette avec les cas de la Grèce, de l’Irlande ou encore du Portugal nous a appris que le point de non-retour se situait sur les 7%. Au-delà de ce cap, la charge des intérêts devient intenable… Ce niveau n’est donc pas si éloigné !
▪ Gare au fameux seuil des 7%
Aujourd’hui, les rendements obligataires italiens sont au-dessus des 6%. Les investisseurs boudent le papier transalpin et donnent peu de crédit aux mesures annoncées par M. Berlusconi — y compris sa démission. Au niveau européen, à part faire marcher la planche à billets, l’Europe n’a aujourd’hui plus beaucoup de cordes à son arc.
Regardons le graphique suivant pour mieux comprendre les derniers rebondissements.
Pour agrandir le graphique, cliquez dessus
Début août, la BCE intervient sur le marché secondaire pour contenir la hausse des rendements.
Après cette annonce les rendements étaient repassés sous les 5%. Mesures nécessaires mais visiblement pas suffisantes… Depuis septembre, la tendance haussière a repris ses droits et le cap des 6% est redevenu d’actualité.
Jeudi 3 novembre, la BCE a abaissé ses taux directeurs à 1,25%. Les rendements du 10 ans italien — qui inscrivait le matin même un nouveau plus haut historique au-delà des 6,35% — commençaient à se replier. Techniquement, sur un graphique en chandelier, une bougie d’essoufflement en « mèche » a été laissée jeudi dernier. Si on en croit les implications techniques de cette configuration, l’accalmie devrait se poursuivre. A court terme.
Car c’est là que le bât blesse ensuite. Une fois l’apaisement sur la Grèce passé, l’Italie risque désormais de concentrer toute l’attention des marchés (cela a d’ailleurs commencé). Une chose est sûre : si la hausse des rendements venait à reprendre et le cap des 6,50% à être franchi, je pense qu’il faudrait alors envisager un rally baissier pour la fin d’année sur les indices boursiers.
Première parution dans le Billet du Trader du 08/11/2011.