▪ Une journée fort peu passionnante hier. Une journée faite pour aller vagabonder sous les frondaisons dorées par le soleil estival, plutôt que de suivre minute par minute, le visage pâli par les reflets blafards des écrans, l’évolution des marchés mondiaux.
Ceci dit, sans statistiques majeures publiées hier et alors que la saison des résultats trimestriels commence tout juste, il était difficile de raccrocher les cours à un mouvement solide, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Le CAC 40 a ainsi terminé la séance en baisse, perdant 0,57% à 4 038,70 points — dans un volume ultra-limité de 2,7 milliards d’euros.
Du côté des Etats-Unis, on n’a pas vraiment fait mieux. Le Dow Jones a terminé dans le vert avec le score royal de 0,01%, à 12 381 points. Le Nasdaq et le S&P 500 ont quant à eux perdu du terrain, reculant de 0,32% et 0,28% respectivement.
▪ Sur les autres marchés, les choses étaient légèrement plus intéressantes. L’or continue de grimper, notamment, à 1 468,72 $ l’once. L’euro, pendant ce temps, reste très vigoureux par rapport au billet vert, à 1,445 $.
Le pétrole a pris une petite claque, quant à lui : le baril de brent de mer du Nord a perdu 1,30%, à 124,45 $. Le WTI, de son côté, a reculé de 1,49%, à 111,30 $. Je me contenterai de noter que l’or noir reste bien proche de ses sommets de 2008…
▪ Et que voyons-nous là ? « La Grèce est insolvable et a besoin d’une restructuration de son énorme dette pour retrouver des marges de manoeuvre, a déclaré hier à Reuters Hans-Werner Sinn, président de l’institut d’études allemand Ifo », écrit L’Agefi. « Il a estimé que les mesures européennes visant à aider le pays n’ont guère eu d’effets au cours de l’année écoulée, ajoutant que les créanciers d’Athènes devaient se préparer à une restructuration de la dette ».
Et si la Grèce choisissait de faire comme l’Islande, brièvement revenue dans l’actualité avec le refus de l’accord « Icesave » ? Petit rappel des faits : ce projet concernait le remboursement de la Grande-Bretagne et des Pays-Bas suite à la faillite de la banque islandaise Icesave en 2008 — une somme se montant à un total de 3,9 milliards d’euros. Les Islandais ont refusé ce week-end, par voie de référendum, de rembourser les pertes de la banque.
En d’autres termes… les contribuables refusent d’endosser la responsabilité des mauvaises décisions prises par des décideurs privés. Une sorte de petite révolution discrète, en d’autres termes.
Un article du Guardian signé Aditya Chakrabortty nous en dit plus, et fait une comparaison intéressante entre l’Islande et le reste de l’Europe — notamment l’Irlande :
Après la faillite de ses trois plus grandes banques en 2008, « l’Islande a fait deux choses remarquables », explique M. Chakrabortty. « D’abord, elle a laissé les banques couler : les financiers étrangers qui avait prêté aux institutions de Reykjavik à leurs risques et périls n’ont pas récupéré une seule couronne. Ensuite, les autorité ont imposé des contrôles de capitaux, compliquant la tâche des marchands de fonds souhaitant retirer leurs liquidités du pays ».
« Comparez la politique islandaise à celle suivie par un autre pays minuscule de l’Atlantique nord, qui a lui aussi un secteur bancaire bien plus grand que son économie nationale. Lorsque le credit crunch est arrivé à Dublin, le gouvernement a décidé de garantir le secteur bancaire tout entier — y compris les dizaines de milliards d’euros de prêts accordés par des investisseurs étrangers. Cela a rapporté au pays une dette se montant à 80 000 euros environ par ménage — une dette qui, dans les faits, a mis le pays sur la paille ».
L’Islande a donc fait l’exact contraire de ce que recommande la « sagesse » boursière convenue, tandis que l’Irlande a appliqué à la lettre l’évangile selon St Keynes. Et que s’est-il passé ? L’Islande a-t-elle basculé dans le chaos et la géhenne ? L’Irlande marche-t-elle d’un pas assuré vers un avenir radieux et des lendemains qui chantent ?
Eh bien… toujours selon Aditya Chakrabortti, « les preuves semblent indiquer le contraire : l’Islande s’en est sortie en meilleur état que quiconque pouvait l’espérer en 2008. Le pire de sa récession est passé, même s’il est encore trop tôt pour parler de croissance soutenue, et le taux de chômage (7,5%) est légèrement supérieur à la moitié de celui de l’Irlande (13,6%). Autre chose remarquable : après que la couronne a perdu plus de la moitié de sa valeur faciale, l’inflation baisse également rapidement. Et puisqu’il n’a pas besoin de rembourser ses créditeurs étrangers, les finances du gouvernement sont également en meilleure santé. En Irlande, en revanche, le gouvernement a injecté plus d’argent dans son secteur bancaire — pour la cinquième fois ».
Bien entendu, ce n’est pas facile ; l’Islande n’est pas tirée d’affaire. Il lui faudra encore avaler de nombreuses platées de soupe à la grimace… mais peut-on vraiment dire qu’il en est autrement pour les PIGS ? N’y aurait-il pas quelques leçons à apprendre des Vikings… n’en déplaise aux créditeurs, qui seraient forcés, pour une fois, de vivre avec leurs mauvaises décisions ?
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