▪ Aujourd’hui, un nombre limité d’acteurs se partage le lucratif réseau mondial de paiement. Visa, MasterCard et American Express aimeraient passer dans votre téléphone. Toutefois, ces sociétés craignent qu’installer un porte-monnaie dans les téléphones permettent à de jeunes acteurs agressifs d’empiéter sur leurs plates-bandes. PayPal, Amazon et Google sont, en fait, des réseaux financiers et ils adoreraient s’occuper de vos opérations bancaires.
Jusqu’ici, les progrès ont été lents mais l’émergence d’Android ouvre de nouvelles possibilités. Ce dont nous sommes certains, c’est que les réseaux de paiement existants feront tout pour empêcher les nouveaux venus de réussir. Nous savons aussi qu’ils n’y arriveront pas.
Deux explications à cela, une politique et une culturelle.
L’explication politique est que la finance et les grandes banques n’ont jamais été aussi peu appréciées et soutenues par le public. Le consommateur a le sentiment que le plan de sauvetage financier a plus profité aux riches banquiers qu’aux consommateurs. Les clients ne vont pas soutenir des hommes politiques qui continuent à mettre les intérêts d’institutions bancaires privilégiées au-dessus de ceux des consommateurs.
Finalement, les forces du marché gagnent toujours. Actuellement, les vendeurs au détail ne sont capables de traiter qu’avec quelques entreprises de cartes de crédit et de débit. Cela limite la concurrence et maintient les prix plus élevés qu’ils ne le seraient autrement. Une infrastructure de paiements mobiles sophistiquée verra le jour, c’est inévitable maintenant qu’Android est lancé. En fait, elle apparaîtra avant que la plupart des gens n’en ait pris connaissance.
Le facteur culturel auquel je fais référence est la différence entre les institutions financières de la vieille école et les nouveaux services électroniques. A mon avis, Visa ou MasterCard ne vont pas faire ce qui est nécessaire pour exploiter la convergence. Elles sont trop dans l’habitude et trop institutionnalisées.
En revanche, les sociétés PayPal, Amazon et Google sont composées de gens qui veulent transformer le monde financier. Ils trouveront un moyen pour se frayer un passage dans une industrie qui a perdu quasiment toute sa crédibilité et son influence du fait de sa participation dans le fiasco actuel.
Des développeurs d’applications financièrement sophistiquées vont gagner des fortunes. C’est le genre de tendance que je surveille de près dans ma lettre, New Tech Insider.
▪ Permettez-moi d’avancer quelques conjectures et de vous dire quelles seront, selon moi, les véritables conséquences sur le long terme de la révolution Linux/Android.
Le fait n’est guère connu mais Peter Thiel, un des fondateurs de PayPal, était motivé par des objectifs relativement subversifs. Initialement, il souhaitait créer un mécanisme pour pouvoir effectuer des transactions financières hors de la portée des gouvernements.
En tant qu’entrepreneur et investisseur, j’ai concentré mes efforts sur Internet. A la fin des années 1990, la vision fondatrice de PayPal était centrée sur la création d’une nouvelle monnaie mondiale, libérée de toute forme de contrôle des Etats et de dilution — autrement dit, la fin des souverainetés monétaires.
De toute évidence, cela n’a pas réussi. Et je ne pense pas que nous verrons un tel système purement privé dans un avenir proche. Toutefois, nous nous dirigeons rapidement vers le développement d’une infrastructure électronique qui autoriserait des formes de services bancaires totalement inédites. Etant donné notre récente expérience avec le système financier contrôlé au niveau fédéral, le besoin est clair.
Je ne détaillerai pas ici comment, selon moi, ces nouveaux services bancaires fonctionneront. Toutefois, pour l’instant, j’aimerais juste vous avertir de ne pas être trop surpris de voir des institutions financières complètement transformées, surgir des décombres actuels. Qui sait ? Peut-être que Thiel aura finalement raison.
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[…] Première parution dans la Chronique Agora le 21/11/2011. […]