Qui a dit que « gérer » une économie était impossible ? Interdire l’inflation, décréter le plein emploi, supprimer les problèmes à coup de crédit facile et de création monétaire, rien de plus simple ! Dommage que cela ne fonctionne jamais…
Comme nous l’avons vu la semaine dernière, il y a des choses que l’on peut améliorer… et d’autres qu’il vaut mieux laisser telles quelles.
Aujourd’hui, nous tentons de déterminer comment faire la différence entre les deux.
Un article du Washington Post contenait un avertissement, il y a quelques jours :
« La Chambre des représentants US adopte un plan budgétaire de 3 500 Mds$ et souhaite voter un paquet législatif sur les infrastructures d’ici la fin septembre.
Les démocrates de la Chambre des représentants ont approuvé mardi un budget d’environ 3 500 Mds$ qui pourrait permettre des changements radicaux dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la fiscalité, surmontant ainsi leurs propres divisions internes pour franchir une nouvelle étape vers la mise en œuvre du programme économique plus large du président Biden. »
Oui, les génies qui nous ont donné deux décennies de débâcle en Afghanistan travaillent désormais sur les finances US. Bientôt, c’est l’économie américaine qui sombrera.
Tout comme ils ont tenté de faire des changements radicaux au sud de l’Hindou Kouch… ils visent désormais d’améliorer le sud du 49ème parallèle.
Réussiront-ils ? Les Etats-Unis seront-ils un endroit plus prospère lorsque les bonnes âmes en auront terminé avec eux ?
Vive les accords gagnant-gagnant
Vendredi, nous avons examiné les bases.
L’argent ne rend pas riche. Si c’était le cas, le Zimbabwe et le Venezuela feraient partie des endroits les plus riches de la planète. Ils ont plein d’argent… à ne plus savoir qu’en faire.
Sauf que leur argent n’a aucune valeur.
Les Etats-Unis ont de l’argent aussi. La Réserve fédérale « imprime » 120 Mds$ de nouvelle monnaie tous les mois… et il y en a encore plein en réserve.
Mais la richesse naît du fait de fournir des biens et des services à d’autres – et non de l’argent lui-même. Comme nous l’expliquons dans notre livre Gagner ou perdre, ce sont les accords gagnant-gagnant qui enrichissent les gens, et rien d’autre.
Et comment s’assurer que les échanges soient gagnant-gagnant ? C’est très simple…
Les gens ne vont pas dans des restaurants gérés par de mauvais cuisiniers. Ils n’achètent pas de meubles qui ont la réputation de tomber en pièces. Ils n’achètent pas de choses qu’ils ne veulent pas et dont ils n’ont pas besoin à des gens qu’ils n’aiment pas ou à qui ils ne font pas confiance.
La personne qui échoue à fournir des produits et des services de qualité à des prix raisonnables fait donc faillite.
Pas besoin de programme fédéral !
Subventionner des entreprises inefficaces et improductives…
… Payer des gens à ne pas travailler…
… Fournir des renflouages à des entreprises en mauvaise santé… une protection douanière à des secteurs non-compétitifs… des fonds pour « investir » dans des projets non-profitables… de « l’assistance » à des gens dont on pense qu’ils sont incapables de se débrouiller seuls… ou des taux artificiellement bas pour maintenir les zombies en vie…
… Tout cela nous appauvrit.
Economie facile
Attendez une minute… N’y a-t-il pas quelque chose que « nous » puissions faire pour améliorer le fonctionnement d’une économie gagnant-gagnant ? Qu’en est-il de la planification centrale à long terme ? Et les contrôles de prix… mais peut-être appliqués uniquement au prix du crédit (taux d’intérêts) ?
Ou bien encore fournir des liquidités en cas d’urgence… ou récompenser/punir différents investissements afin de diriger le capital là où « nous » voulons qu’il aille ?
Selon la théorie marxiste, il n’y a pas besoin d’une économie libre pour produire des biens et des services. On peut le faire de manière plus intelligente et plus rationnelle en organisant l’économie en fonction de ce qu’on essaie de faire.
Trop d’importations en provenance de Chine ? Aucun souci… fermez les frontières !
Trop de publicité ? Interdisons-la.
Un chômage élevé ? Créons des emplois.
La pauvreté ? Donnons un revenu garanti.
L’inflation ? Déclarons un moratoire sur les augmentations de prix.
Vous voulez que les gens conduisent moins ? Forcez-les à attacher leurs lacets ensemble et à aller au travail en sautillant.
Vous voyez comme c’est facile ?
Le seul problème… c’est que ça ne fonctionne pas.
Economie marxiste, contrôles de prix, grands projets et argent facile ont été tentés à maintes reprises… sur de nombreuses décennies.
Existe-t-il un seul exemple d’une économie ayant prospéré comme cela ? Non, pas un seul.
2 commentaires
Tant que l’humain dans sa généralité restera dans l’insuffisance, le remède sera le poison, le poison sera utilisé comme remède par le cynisme diabolique qui utilise la faiblesse de l’humain contre lui-même. Observons avec quelle ironie l’égrégore de ce monde utilise l’instrument principal du capitalisme, la monnaie, pour sa propre destruction (inflation et taux négatif). l’argent symbole de liberté sera donc l’instrument futur vers nôtre asservissement. La création monétaire comme l’air que l’on respire ne doit appartenir à personne ou à tout le monde, symbiose de liberté fondamentale et d’un collectivisme non faussé. Maintenant si l’humain est trop primaire pour vivre en réelle démocratie, alors cette énergie sera une mandibule de prédation entre déflation et inflation, taux d’intérêt et masse monétaire.
Bonjour Monsieur Bonner,
Je ne suis pas d’accord avec vous. De nombreux exemples, dans le passé, ont démontré la supériorité des économies dirigées sur les économies libérales. Bien sûr, les révolutions technologiques dans le domaine de l’information qui ont accompagné l’ère inaugurée par Ronald Reagan aux États-Unis ont pu faire croire à une relation de cause à effet entre la dérégulation et la croissance américaine depuis 1982. Sans nier que la libéralisation des échanges et des marchés ait pu doper l’esprit d’entreprise et faciliter la prise de risque dans la mise en œuvre d’innovations « disruptives », je pense que cette prétendue relation de cause à effet n’est qu’une simple corrélation historique.
L’avenir nous départagera.
Cela étant, de nombreux économistes néo-classiques américains ont reconnu que la libéralisation et la privatisation des services publics (électricité, gaz, chemins de fer) dans l’Angleterre thatchérienne a abouti à une diminution de la qualité du service et à une augmentation considérable des prix même en tenant compte, dans la balance, des subventions étatiques accordées aux sociétés nationales des économies « dirigistes ».
Cette sous-performance des services « publics » privatisés ne provient pas du fait que ces derniers sont, par construction, privés de subventions étatiques. Elle provient de la désorganisation des réseaux de distribution, de l’anarchie de la production de services et de l’introduction d’un taux de profit qui n’est pas destiné à financer l’investissement dans le service concerné et qui vient, mécaniquement, augmenter les tarifs de ce service à qualité au mieux inchangée et, au pire, dégradée.
Au contraire, le modèle colbertiste français a permis la construction d’une industrie française à la fin du XVIIème siècle, de voies de communication, de services éducatifs remarquables sous la République (plus précisément à partir de l’Empire libéral, vers 1865) et d’un système de santé (depuis 1945) que le monde entier nous envie. Les trois Reich allemands ont abondamment mis en œuvre les idées colbertistes, ce qui a permis à l’Allemagne d’édifier une puissante industrie à la fin du XIXème siècle. En France, l’alliance des Gaullistes et des Communistes, à travers le programme du conseil national de la Résistance, a permis, grâce aux nationalisations de 1945, une reconstruction accélérée de l’économie du pays. Et la politique industrielle mise en œuvre, de 1958 à 1974, par le général de Gaulle et de son successeur, Georges Pompidou, a permis à la France de construire une industrie moderne et, grâce aux commandes publiques et à un protectionnisme de fait, de voir ses entreprises devenir leader mondial dans plusieurs secteurs (Aéronautique, BTP, SSII, Eau et assainissement, Électricité et énergie, etc.).
A l’inverse, la libéralisation et l’ouverture des frontières mises en œuvre par les gouvernements socialistes et libéraux à partir de 1983 a provoqué un chômage de masse et la désindustrialisation du pays, donc, à législation sociale inchangée, son appauvrissement.
En ce qui concerne les pays communistes, maintenant, on a tous à l’esprit l’échec économique du communisme en URSS et en Chine. Cette dernière ne se développe d’ailleurs que depuis que Deng Xiaoping a pris le tournant capitaliste en 1978. Mais les exemples de réussite en Europe, que j’ai rappelés ci-dessus, et qui sont nombreux et spectaculaires, montrent que si l’économie dirigée a échoué en URSS et en Chine sous Mao Zedong, c’est aussi, premièrement, parce que ces pays étaient partis de très loin, et même de trop loin, et, deuxièmement, parce que l’abolition de la propriété privée dans tous les aspects de la vie humaine n’est pas, en règle générale, de nature à favoriser la prospérité. Or, il y a un fossé entre l’abolition de toute propriété privée et une économie de marché régulée et dirigée. D’ailleurs, le fabuleux développement de la Chine contemporaine et la hausse considérable du niveau de vie des masses chinoises montrent bien tout l’intérêt d’avoir une économie capitaliste dirigée. Cela n’a rien à voir avec la disparition des libertés publiques et individuelles propre aux régimes communistes et il faut bien distinguer, tant du point de vue des libertés que du respect de la propriété privée, le colbertisme du communisme. Le colbertisme moderne respecte la propriété privée et les libertés, mais n’accepte pas l’anarchie du marché et l’ouverture des frontières dès lors qu’elles sont nuisibles à l’économie nationale.
Je n’espère pas vous avoir convaincu, mais je souhaitais exprimer mon désaccord avec des idées que tout un chacun reçoit aujourd’hui comme évidentes alors que, pour moi, elles ne le sont pas du tout tant elles me semblent contestées par les faits.
Cordialement.