La technologie représente désormais près de la moitié de l’indice phare de Wall Street – bien plus que ne l’indiquent les chiffres officiels. Une concentration historique qui pose la question de la diversification réelle du S&P 500 et de la solidité des rendements futurs.
La plupart des investisseurs en actions savent que les valeurs technologiques à très forte capitalisation ont tiré le marché vers le haut ces dernières années, et plus encore cette année.
Ce que beaucoup ignorent, en revanche, c’est l’impact de cette surperformance sur la composition même de l’indice de référence, le S&P 500, et les risques que cela peut représenter pour leurs rendements futurs.
C’est une affirmation audacieuse. Examinons-la donc de plus près…
Aujourd’hui, la technologie pèse 35 % de la capitalisation totale de l’indice, soit 54 000 milliards de dollars – un record historique. En 2018, ce poids n’était que de 20 %. Pourtant, étonnamment, ce chiffre sous-estime encore la réalité.
Pourquoi ? Parce que S&P Dow Jones Indices, qui supervise le S&P 500, ne classe pas Meta et Alphabet parmi les technologiques, mais dans les « services de communication ». Amazon est rangé dans la consommation discrétionnaire. Et Tesla figure dans l’automobile, alors qu’elle est un acteur majeur de l’intelligence artificielle, de la robotique et de la conduite autonome. En reclassant ces quatre géants dans la technologie, leur véritable univers, le poids du secteur grimpe à 45 % de l’indice. Une concentration massive.
Ce serait une excellente nouvelle si l’histoire prouvait que les valeurs technologiques surperforment en permanence. Mais l’expérience montre au contraire que le secteur finit toujours par surchauffer, puis par accuser un sérieux retard. Et chaque cycle de marché le rappelle : quand cela se produit, la prudence s’impose.
Soyons clairs : je suis un adepte de l’indexation. Le portefeuille Gone Fishin’ de The Oxford Communiqué en est un bon exemple : des fonds indiciels, des performances remarquables. Mais il ne contient pas le S&P 500.
Pourquoi ? Parce que les valorisations des géants technologiques sont aujourd’hui vertigineuses. Et je ne recommande pas de surpondérer la partie la plus effervescente du marché.
Que doivent donc faire les investisseurs en quête de diversification à très bas coût ? S’intéresser à une version à pondération égale du S&P 500.
Les avantages
Contrairement au S&P 500 traditionnel, pondéré par la capitalisation boursière, chaque action y a le même poids. Pas de surexposition aux méga-capitalisations : Nvidia ou Microsoft ne représentent que 0,2 % chacune, contre plusieurs pour cent dans l’indice classique. Cette moindre concentration réduit le risque lié aux bulles sectorielles ou à quelques titres stars.
Le rééquilibrage trimestriel ajoute une mécanique naturelle : vendre ce qui a trop monté, renforcer ce qui a pris du retard. Résultat : une approche « acheter au plus bas, vendre au plus haut » est directement intégrée.
Autre atout : la pondération égale fait davantage de place aux petites et moyennes capitalisations. Or, historiquement, ce sont elles qui ont généré les meilleurs rendements à long terme – même si ce n’est plus le cas depuis quelques années.
Les inconvénients
Evidemment, cette approche peut sous-performer lors des rallyes dominés par les méga-capitalisations technologiques. Les petites et moyennes valeurs sont aussi plus volatiles, ce qui accroît la volatilité globale du fonds.
Le rééquilibrage entraîne un taux de rotation plus élevé, donc des frais un peu supérieurs.
Enfin, ces ajustements trimestriels ont un coût fiscal : le fonds peut distribuer des plus-values, contrairement aux fonds indiciels classiques souvent très efficaces sur ce plan. C’est pourquoi ils sont mieux adaptés aux comptes de retraite bénéficiant d’un report d’imposition.
La question clé : la performance
Les partisans des indices pondérés par la capitalisation rappellent un argument de poids : les rendements. Ces dernières années leur donnent raison : les fonds à pondération égale n’ont pas battu leurs équivalents traditionnels. Mais à long terme, c’est une autre histoire.
Sur 25 ans, l’indice MSCI US Equal Weight, par exemple, a surperformé son homologue pondéré par la capitalisation de 1,2 point par an en moyenne. Cela peut sembler modeste, mais c’est énorme.
Si un investisseur a réussi à gagner 1 million de dollars en ayant placé son argent dans le S&P 500 classique pendant 25 ans, c’est très bien ! Mais le même placement dans un indice à pondération égale dépasserait 1,3 million. Et 10 millions se seraient transformés en plus de 13 millions.
Sans effort supplémentaire. Juste un petit ajustement de stratégie.
Conclusion
Moins de concentration, davantage de revenus, de meilleures performances sur longue période : les avantages sont considérables.
Si vous avez aujourd’hui de nouveaux capitaux à investir – surtout dans un compte de retraite – privilégiez un indice à pondération égale plutôt qu’un indice pondéré par la capitalisation. C’est d’autant plus vrai compte tenu des valorisations extrêmes des géants technologiques actuels.