Les géants américains de la tech injectent des centaines de milliards dans l’intelligence artificielle, dopant Nvidia et renforçant leur avance dans la course mondiale.
Les géants de la technologie continuent d’injecter des centaines de milliards de dollars dans les centres de données et les projets liés aux algorithmes d’intelligence artificielle.
En début d’année, les quatre plus grandes entreprises du secteur – Amazon, Alphabet, Microsoft et Meta – annonçaient 320 milliards de dollars d’investissements dans leurs infrastructures et projets IA pour 2024. Ces dépenses alimentent directement la demande en matériel et en services de Nvidia, désormais l’entreprise la plus valorisée au monde.
Désormais, la tendance s’accélère : les géants de la tech annoncent de nouveaux engagements massifs.
Le fondateur et P-DG de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), Mark Zuckerberg, a révélé une hausse de ses budgets IA, financée par le solide rebond des bénéfices du groupe. En 2024, Meta a généré 80 milliards de dollars d’EBITDA, après les difficultés rencontrées en 2022. Cette manne constitue une ressource clé pour financer à la fois le matériel et le recrutement de talents spécialisés.
Le Monde rapporte :
« Le patron de Meta, Mark Zuckerberg, veut investir des ‘centaines de milliards de dollars’ dans des infrastructures d’intelligence artificielle (IA), dernière annonce d’investissement majeure en vue de parvenir à son objectif affiché : construire une ‘superintelligence’ ».
En juin, Meta a ainsi acquis 50 % de la start-up Scale AI pour 14 milliards de dollars.
La bataille pour attirer les meilleurs talents fait aussi exploser les budgets. Selon Sam Altman, P-DG d’OpenAI, Meta a proposé à « beaucoup » de ses employés des primes à la signature dépassant 100 millions de dollars, assorties d’un salaire annuel du même ordre de grandeur.
En parallèle, les flux de trésorerie de Meta se contractent légèrement sur les douze mois clos fin avril, reflet d’une montée en puissance des investissements – qu’il s’agisse de centres de données ou d’acquisitions.
Les dépenses incluent également le pari toujours coûteux du métavers (réalité virtuelle), qui a généré près de 18 milliards de dollars de pertes opérationnelles en 2024.
Grâce à leur taille et à leur base colossale d’utilisateurs, les géants de la tech disposent toutefois de ressources considérables pour financer start-ups, infrastructures et projets algorithmiques. Ils multiplient ainsi les mises, espérant que l’IA devienne leur prochain moteur de croissance.
IPO de Semco : le financement par la Bourse
En France, une entreprise tire profit de l’engouement boursier pour les semi-conducteurs.
Le groupe Semco Technologies, spécialisé dans la fabrication d’équipements pour l’industrie des semi-conducteurs, a réalisé son introduction en Bourse en juillet pour une valorisation de 154 millions d’euros.
L’opération lui a permis de lever 45 millions d’euros auprès d’investisseurs, bien au-delà de l’objectif initial de 4 millions. Cette cotation a aussi donné l’occasion à ECM Technologies, principal actionnaire, de céder une partie de ses parts.
L’enthousiasme des marchés ne s’est pas fait attendre : dès la première semaine, le cours de l’action est passé de 15 à 25 euros, témoignant de l’appétit des investisseurs pour le secteur.
Les introductions en Bourse : un financement plus limité en Europe
Les cotations boursières demeurent un outil majeur de financement pour les entreprises. Or les Etats-Unis affichent un niveau d’activité près du double de celui de l’Europe en termes de valorisation.
Selon Bloomberg, l’Union européenne a même connu un ralentissement marqué au premier semestre 2025, à l’exception de cas isolés comme Semco Technologies. Le continent n’a représenté que 8 % des valorisations mondiales en IPO, contre une moyenne de 16 % sur la dernière décennie.
Cette baisse s’explique en partie par le recul du capital-risque.
En 2024, le fonds britannique Permira (80 Md€ d’actifs) a mis fin à ses opérations en France, tandis que le Suédois EQT a licencié le responsable de son bureau parisien en infrastructures, fragilisé par les risques de faillite de deux participations.
A l’inverse, les entreprises américaines disposent d’un accès bien plus large aux financements, notamment pour des sociétés encore déficitaires.
D’après Ernst & Young, au premier trimestre 2025, les entreprises rentables représentaient :
- 85 % des introductions en Bourse en Europe ;
- plus de 75 % dans le reste du monde ;
- mais seulement 59 % aux Etats-Unis.
En 2024, l’écart était encore plus marqué : 71 % des IPO américaines concernaient des entreprises non-rentables. Cette capacité à financer massivement des projets non rentables constitue l’un des atouts majeurs de l’écosystème américain, en particulier pour les géants de la tech.
Mistral AI : le champion français dans la course à l’IA
Face à cette domination, les dirigeants français mettent en avant Mistral AI, symbole de la French Tech, qui a levé plus d’un milliard d’euros depuis sa création. La start-up incarne l’espoir d’un contrepoids européen dans la course mondiale à l’intelligence artificielle.
Alors que de nombreuses entreprises européennes dépendent encore des services américains (Amazon, Microsoft) pour l’hébergement, le traitement de données et les infrastructures cloud, Mistral AI promet une alternative locale.
L’entreprise a annoncé un partenariat stratégique avec Nvidia pour renforcer les capacités de calcul en France. Ensemble, ils construisent un data center de 1 000 m² en Essonne, à une trentaine de kilomètres de Paris, et prévoient d’autres sites en France et en Europe.
« On construit aujourd’hui, je pense, le cluster [de traitement de données] le plus performant en France », a déclaré Arthur Mensch, cofondateur de Mistral AI. Le président de la République a lui-même salué cette initiative lors de VivaTech, soulignant son importance stratégique.
Mistral AI prévoit aussi de porter ses effectifs de 250 à 400 salariés d’ici fin 2025.
Une concurrence mondiale exacerbée
Les annonces de Mark Zuckerberg et les investissements records des géants américains soulignent la hausse vertigineuse des budgets consacrés aux algorithmes, aux data centers et aux ingénieurs spécialisés.
Ces groupes financent leurs projets grâce à la rentabilité de leurs activités principales – publicité en ligne, services cloud, e-commerce –, ce qui leur offre une puissance de feu financière sans équivalent.
Dans ce contexte, les ambitions françaises pour Mistral AI apparaissent audacieuses, mais fragiles. Si l’entreprise dispose d’un réel soutien politique et de financements significatifs, elle se heurte à la disproportion des moyens américains et à la flambée des coûts pour accéder aux talents et aux équipements.
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