Comment se sentir supérieur aux riches et vivre mieux en dépensant moins d’argent ? En apprenant à aimer la frugalité et en observant le taux de suicide à Aspen.
A la Chronique, notre sujet, c’est l’argent.
Mais l’argent ne signifie rien sans philosophie. Au-delà de ce dont nous avons besoin pour survivre, l’argent n’a pas d’importance.
Est-il bon ? Est-il mauvais ? Ça dépend.
Il nous faut une philosophie simple pour comprendre tout cela — pour nous guider au-delà des sacs Gucci… des chaînes câblées… et des appartements à un million d’euros dans le 16ème à Paris.
Non qu’ils soient fondamentalement mauvais. Mais ils sont coûteux.
Lorsqu’on n’a pas d’argent, on doit être capable de dédaigner le luxe, la gourmandise et la recherche du plaisir immédiat… sans pour autant courber les épaules sous le poids de la défaite et du dégoût de soi.
Pour cela, il faut la philosophie. Ou au moins l’esthétique.
Tout le monde — à moins d’être saint ou dérangé — veut se sentir bien par rapport à soi-même. C’est le but premier des gens dans la vie, et la seule raison pour laquelle ils s’intéressent à l’argent (en dehors de la quantité minimale nécessaire à la survie).
Dans la mesure où notre espèce a l’esprit de compétition, notre estime de nous-même est directement corrélée à combien nous nous sentons supérieurs à ceux qui nous entourent.
Si nous sommes svelte, cela ne sert à rien si tous ceux qui nous entourent le sont aussi. Si nous sommes intelligent, nous n’en tirons aucun avantage à moins que les autres ne soient idiots. Et si nous sommes riche, cela n’a de sens que si d’autres sont moins riches.
La race humaine est si maligne, cependant, que nous sommes capables de trouver de la supériorité partout ou presque.
Si nous sommes gros, nous redéfinissons l’échelle de la masse corporelle de manière à être « agréablement dodu » tandis que les autres sont « en mauvaise santé » et « trop maigres ».
Si nous sommes idiot, nous nous concentrons sur notre « bon sens », par opposition aux sottises insensées des « intellectuels au crâne pointu » (pour emprunter une expression de George Wallace).
Et si nous n’avons pas d’argent ?
Alors dépenser est vulgaire, creux et inutile !
Vivre mieux en dépensant moins d’argent
Une personne se sent supérieure à cause de ce qu’elle possède. Une autre à cause de ce qu’elle n’a pas. Une autre encore à cause de ce qu’elle sait. Et une autre à cause de ce qu’elle ne sait pas.
L’un se sent supérieur selon qui il est, tandis qu’un autre mesure sa stature par qui il n’est pas.
Cependant, celui qui pense être plus haut que tous les autres est celui qui ne possède rien, ne sait rien et n’est personne. Il est affranchi des vanités qui encombrent la vie des autres !
Dans l’Europe du Xème siècle, avoir peu de choses était à la mode. Les gens abandonnaient leurs possessions en quête d’une vie de contemplation.
Ils voulaient s’éloigner des distractions et tentations de la vie de tous les jours afin de pouvoir vivre de manière plus pure… dans la simplicité et la piété… et se sentir supérieurs aux autres.
A présent, nous allons relever le défi à notre tour. Notre objectif sera de vivre mieux. Nous mettrons un point d’honneur à le faire sans dépenser d’argent.
Nous aurons moins, mais nous affectionnerons notre frugalité comme un homme peut chérir une collection de vieilles voitures ou des biceps bien développés.
Ensuite — à mesure que nos jours déclinent, que notre appétit diminue et que notre énergie s’épuise en même temps que notre flux vital — notre stock de rien ira en augmentant, car nous aurons de moins en moins de besoins.
Un lit. Un livre. Une chandelle. Que demander de plus ?
Oui, nous parlons d’un programme de privation radicale et de dénuement heureux. Notre objectif serait de nous sentir supérieur aux riches… sans avoir d’argent.
Il y a un piège, cependant. Nous afficherons notre tout nouvel amour de la pauvreté avec fierté… et nous l’utiliserons pour devenir riche !
Nous avons déjà pitié des riches. Dans notre coffre vide, nous avons le plus grand trésor de tous — l’espoir d’être heureux.
Oui, cher Lecteur : heureux soient les pauvres, car ils profitent du don de l’ignorance.
Ils croient encore qu’ils pourraient être heureux… si seulement ils avaient plus d’argent !
Il s’agit bien entendu d’une illusion que seuls les pauvres peuvent se permettre. Les riches sont mieux informés. Ils ont trop d’argent. Ils savent qu’ils ne peuvent pas acheter le bonheur. C’est pour cette raison que le taux de suicide dans la prestigieuse station de ski d’Aspen est trois fois supérieur à la moyenne américaine.
Mais les pauvres ont de la chance, franchement : il leur reste l’espoir. Avant de vouloir se faire sauter le caisson, il leur faudra gagner au loto. Et les probabilités sont contre eux.
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3 commentaires
Le cas d’Aspen ne montre pas réellement que les riches auraient plus de chances de se suicider.
https://www.nationalgeographic.com/adventure/adventure-blog/2016/05/16/why-are-ski-towns-suicides-happening-at-such-an-alarming-rate/
Des études sérieuses semblent concorder pour indiquer que le revenu est clairement corrélé, jusqu’à un certain point (entre 60 et 80K$), au niveau de bien être.
« Nous affectionnerons notre frugalité » car nous n’aurons plus le choix si l’on en croit les perspectives de décroissance prévues.
N’est-ce pas là une posture nouvelle afin d’éduquer progressivement le peuple à s’adapter à un avenir moins onéreux plutôt qu’une philosophie vraiment choisie ?
Simon : c’est plutôt le consumérisme qui est un phénomène relativement nouveau. Le retour à la frugalité serait au contraire un retour à la prospérité, en permettant un accroissement de l’épargne et donc de l’investissement, alors que le consumérisme mène à la stagnation économique.