La Chronique Agora

Guerre nucléaire : devons-nous nous y préparer ? (2/2)

Nous pourrions tous disparaître si cette escalade imprudente se poursuit. Y aura-t-il quelqu’un pour l’arrêter ?

Hier, nous avons vu que le scénario d’une troisième guerre mondiale était loin d’être exclu, en raison du soutien accru des Etats-Unis envers l’Ukraine dans le conflit qui l’oppose à la Russie.

L’Ukraine a utilisé des drones fournis par le Royaume-Uni pour frapper le système de radar utilisé par la Russie pour détecter les missiles balistiques intercontinentaux à tête nucléaire en approche.

Alors que l’Ukraine pourrait techniquement avoir lancé les missiles en Russie, ils n’auraient pas pu le faire sans les données de ciblage précises fournies par les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN.

Selon vous, comment les Etats-Unis réagiraient-ils si le Mexique attaquait des cibles américaines, en utilisant des données de ciblage fournies par la Russie ? La Russie serait directement impliquée et tenue pour responsable.

Autre question : pour quelles raisons l’Ukraine attaquerait-elle ce système de radar ? L’Ukraine n’a pas de missiles nucléaires, elle n’a donc aucune raison de compromettre les défenses nucléaires de la Russie. Le radar n’a pas d’impact sur ce qui se passe sur le sol ukrainien. Il ne s’agissait ni d’un aérodrome, ni d’un dépôt de munitions, ni de toute autre cible militairement pertinente.

Ce plan est simplement un autre exemple de la dangereuse escalade initiée par les Etats-Unis et l’OTAN, et des étapes qui nous rapprochent de la guerre nucléaire.

« Ne vous inquiétez pas »

Les partisans de l’escalade rejettent ces préoccupations en affirmant que nous avons déjà franchi de nombreuses « lignes rouges » et que la Russie n’a pas exercé de représailles directes à notre encontre. Peut-être contre l’Ukraine, mais pas contre nous.

Nous pouvons donc franchir une autre ligne rouge, les Russes ne feront rien.

Premièrement, cela prouve que Vladimir Poutine n’est pas un maniaque assoiffé de sang qu’on ne peut dissuader. Il est évident qu’il reconnaît clairement les dangers de l’escalade. Il ne veut pas de guerre avec les Etats-Unis et l’OTAN. Pourquoi ferait-il cela ?

Deuxièmement, et surtout, l’armement et l’équipement de l’Ukraine par l’OTAN n’ont jamais constitué une ligne rouge pour la Russie. Les observateurs occidentaux ont simplement supposé que la fourniture de HIMARS, d’ATACMS et de chars constituerait une ligne rouge, mais la Russie n’a jamais spécifié que c’était le cas. Elle a mis les pays occidentaux en garde contre la menace générale d’une escalade, mais il ne s’agissait pas de lignes rouges spécifiques.

Cependant, les attaques directes sur le sol russe ne peuvent pas être considérées de la même façon.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, et Poutine lui-même ont émis des avertissements spécifiques concernant la facilitation d’attaques sur le sol russe par l’OTAN. C’est là toute la différence. Voici ce que Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, avait à dire :

« La Russie considère que toutes les armes à longue portée utilisées par l’Ukraine sont déjà directement contrôlées par des militaires des pays de l’OTAN. Il ne s’agit pas d’une assistance militaire, mais d’une participation à une guerre contre nous. De telles actions pourraient bien devenir un casus belli. Aujourd’hui, personne ne peut exclure le passage du conflit à sa phase finale. »

Pas besoin d’être un génie pour comprendre ce qu’il veut dire par « la phase finale » du conflit. A présent, Medvedev émet souvent des déclarations provocantes. Mais lisez également les commentaires du député russe des Affaires étrangères, Sergei Ryabkov. Il s’agit d’une déclaration diplomatique aussi ferme que possible :

« Je voudrais mettre en garde les dirigeants américains contre des erreurs de calcul qui pourraient avoir des conséquences fatales. Pour des raisons inconnues, ils sous-estiment la gravité de la rebuffade qu’ils pourraient recevoir. »

Sauf que les raisons ne sont pas inconnues : c’est que l’Occident est dirigé par des incompétents et des inconscients qui ne savent pas ce qu’ils font. Ils ne comprennent pas qu’ils jouent avec le feu.

Comment la guerre nucléaire commence

J’ai commencé à étudier la guerre nucléaire en 1969 et j’ai continué mes recherches pendant des dizaines d’années, durant lesquelles j’ai pu lire les analyses tous les grands penseurs de la guerre nucléaire.

S’ils ne sont pas d’accord sur certains points, ils sont tous d’accord sur une chose : la voie la plus probable vers une guerre nucléaire est l’escalade. Personne ne se réveille un matin en se disant : « Tiens, quelle belle journée pour initier une guerre nucléaire. Allons-y. »

Au contraire, la guerre est le résultat d’un processus au cours duquel l’une des parties fait monter les enchères, l’autre partie répond en escalade, et ainsi de suite… jusqu’à ce qu’une partie soit acculée et n’ait d’autre choix que d’utiliser des armes nucléaires en guise de réponse existentielle.

Ironiquement dans cette situation, c’est la partie la moins menacée qui peut en fait déclencher la guerre nucléaire, afin d’obtenir l’avantage de la première frappe. Le résultat est l’anéantissement total. Non seulement cela marquerait le début de la troisième guerre mondiale, mais aussi la fin de la plupart des vies humaines sur Terre.

C’est incompréhensible. L’Ukraine tente d’entraîner les Etats-Unis directement dans la guerre, avec des troupes américaines sur le terrain, mais bien sûr, il se peut que cela n’aille pas aussi loin.

Nous pourrions tous disparaître si cette escalade imprudente se poursuit.

Y aura-t-il quelqu’un pour l’arrêter ?

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