▪ Question : Combien faut-il de ministres des Finances pour perpétuer une crise monétaire ?
Réponse : Vingt… et tous se sont retrouvés à Paris le week-end dernier.
Les ministres des Finances du « Groupe des 20 » se sont mis d’accord pour discuter, aujourd’hui mercredi, de plusieurs plans de sauvetage de la Zone euro.
Beaucoup de ministres ont demandé à leurs pairs européens de renforcer la puissance de feu du Fonds européen de stabilité financière (FESF), au-delà des 605 milliards de dollars déjà alloués. D’autres ont suggéré que le FMI joue un rôle plus important qu’il ne l’a fait jusqu’ici.
Qu’importe les propositions, les 20 sont tombés d’accord pour affirmer que la clé pour mettre fin à la crise en Europe était plus d’action gouvernementale… et certainement pas moins.
« Selon moi, [les Européens] ont fini par reconnaître que, s’ils n’en font pas assez, tout cela reviendra plus cher », observe le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner. Il exprime ainsi le point de vue consensuel selon lequel l’intervention des Etats est la solution à cette crise financière — et aux autres.
Mais « ne pas en faire assez » n’est sans doute pas le plus grand risque du moment. Ce serait plutôt en faire trop.
Après tout, n’est-ce pas parce qu’on en a trop fait que nous nous retrouvons au bord du précipice budgétaire ? Les gouvernements occidentaux sont si actifs sur tous les fronts de la société qu’ils en sont devenus hyperactifs.
▪ L’audience devant le Congrès US du Comité sur la sécurité intérieure et les affaires gouvernementales du Sénat des Etats-Unis (Senate Homeland Security and Governmental Affairs), mardi dernier, permet d’illustrer l’étendue de l’ingérence de l’Etat.
Les témoins présents étaient un groupe de responsables fédéraux bardés de titres inquiétants et absurdement longs comme Homeland Security Undersecretary for Science and Technology (sous-secrétaire pour la science et les technologies), Assistant Homeland Security Secretary for Health Affairs (secrétaire adjoint à la santé), Assistant Secretary for Preparedness and Response (secrétaire adjoint pour la préparation et l’intervention), Assistant Director (directeur adjoint), Weapons of Mass Destruction Directorate (directeur des armes de destruction massive) et Senior Director for Biological Defense Policy (directeur principal de la politique de défense biologique).
Au cours de l’audience, l’Assistant Secretary for Preparedness and Response a fortement insisté sur les succès du gouvernement qui, après le 11 septembre, est parvenu à rendre l’Amérique plus sûre face au risque de guerre biologique :
« Une approche intégrée avec une structure gouvernementale officielle est essentielle au succès de la Public Health Emergency Medical Countermeasure Enterprise — appelée aussi PHEMCE. Ceci comprend toutes les composantes du HHS (Department of Health and Human Services) et du DHS (Department of Homeland Security), du VA (Department of Veterans Affairs), du DOD (Department of Defense) et de l’USDA (U.S. Department of Agriculture). Il s’agit donc réellement d’un effort entre agences — et toutes les parties aujourd’hui du HHS, CDC, FDA, NIH, BARDA travaillent de concert avec les entreprises dès le début du contrat plutôt qu’à la fin… Cependant, comme nous le savons grâce au rapport du Weapons of Mass Destruction Terrorism Research Center (Centre de recherches sur le terrorisme par les armes de destruction massive), bien que nous ayons accompli d’importants progrès… nous ne sommes pas encore suffisamment préparés… Sans le soutien et le financement continu pour nos systèmes médicaux et de santé publique, les infrastructures se dégraderont »…
Peut-être tous ces bureaux, agences et conseils d’administration sont-ils vraiment aussi essentiels que leurs sous-secrétaires, secrétaires adjoints et directeurs principaux nous le font croire. Ou peut-être pas.
Mais il est deux choses dont nous sommes certains : toute cette hyperactivité sponsorisée par le gouvernement est très onéreuse et très intrusive. Cela coûte très cher à la bureaucratie de fourrer son nez dans les affaires de chaque citoyen.
Après le 11 septembre, les agences américaines de renseignements, de surveillance et de contre-terrorisme ont quasiment reçu un chèque en blanc pour financer leurs efforts. La CIA a obtenu immédiatement un milliard de dollars, tout comme la National Security Agency (NSA). « Au cours des années qui ont immédiatement suivi le 11 septembre, les agences existantes se sont énormément développées », observe Dana Priest, journaliste au Washington Post. « Beaucoup ont doublé de taille et de nouvelles organisations ont également été créées, de très grosses organisations ».
Ainsi, en 2002, 34 nouvelles organisations fédérales ont été créées pour travailler à un niveau top-secret. En 2003, le gouvernement en a créé 39 supplémentaires ; en 2004, 30 de plus ; en 2005, encore 35; et toujours plus depuis lors. « Chaque année [depuis le 11 septembre] », continue Priest, « plus d’une vingtaine, parfois plus de trente, organisations fédérales entièrement nouvelles ont été créées, consacrées au contre-terrorisme ».
Avons-nous réellement besoin de toutes ces agences ? L’un d’entre nous remarquera-t-il ou s’en souciera-t-il vraiment si nous perdons quelques acronymes gouvernementaux en chemin ?
Nous verrons la réponse (et la suite de ce thème) vendredi.