Par Sylvain Frochaux, directeur de la recherche chez Straight from The Lab
▪ Les Français sont-ils incompétents en matière financière ?
Je vous pose la question, car je suis tombé littéralement de ma chaise lorsque j’ai lu l’un des derniers rapports* (*à consulter en fin d’article) de la Banque de France. J’ai pourtant l’habitude de lire des dizaines d’études académiques chaque jour (dès le petit-déjeuner), mais là franchement rien ne m’avait préparé à ça.
J’avais la triste impression de me retrouver sur une autre planète, pensant qu’une population entière (ou du moins un échantillon bien représentatif) ne pouvait pas être à ce point à côté de la plaque.
Etant donné que je vais être l’un des intervenants début avril du Sommet 2014 de l’investissementorganisé par le groupe Inside ALPHA, je me suis dit que c’était l’occasion de vérifier si les conclusions de cette étude (des plus sérieuses) s’appliquaient également aux lecteurs avisés des Publications Agora. Si vous me lisez régulièrement, probablement que vos connaissances financières sont largement supérieures à la moyenne française ; mais comme tout bon scientifique, il ne suffit pas de le dire pour l’attester. Il est nécessaire de le tester de manière rigoureuse.
▪ Je vais donc vous poser les trois mêmes questions qu’ont analysées (dans les moindres détails) les trois chercheurs de la Banque de France. Nous allons ensuite examiner ensemble vos réponses pour savoir si vos compétences ne sont finalement pas supérieures à la moyenne des Français (qui se contente d’obtenir un rendement de 1% par an, avant impôts et inflation) ou, au contraire, si vous êtes fin prêt pour assister à des formations qui garantissent vos profits.
Apparemment les Français ne tergiversent pas devant un billet de vingt euros, quitte à y passer des heures. |
Avant de vous poser ces trois questions, je tiens à préciser que l’enquête sur laquelle se base cette étude a été envoyée à quelque 5 000 ménages français, dont plus de 3 600 ont répondu à l’ensemble des questions (plusieurs centaines) contre un simple bon d’échange d’une valeur de 20 euros. Ce qui me fait dire au passage qu’un taux de réponse de 72% est tout simplement extraordinaire… apparemment les Français ne tergiversent pas devant un billet de vingt euros, quitte à y passer des heures.
Pour ma part, je me contente de vous poser trois questions qui, à mon sens, sont celles qui démontrent si vous avez compris trois des plus importantes notions de finance.
Entrons maintenant dans le vif du sujet avec la première question (en reprenant exactement les mêmes termes) :
1 – Prenons l’hypothèse que vous ayez déposé 1000 euros sur un compte épargne avec un rendement de 2% par an. Selon vous, au bout de cinq ans, combien détiendrez-vous sur votre compte épargne si vous n’avez pas touché à votre dépôt initial ?
a- Moins de 1 100 euros
b- 1 100 euros
c- Plus de 1 100 euros
d- Je ne sais pas
Je vous laisse noter votre réponse ; nous passons ensuite à la deuxième question que voici :
2 – Imaginez que le taux d’intérêt auquel est rémunérée votre épargne, placée sur un compte, soit de 1% et l’inflation de 2% par an. Selon vous, au bout d’un an, avec l’argent sur ce compte, vous serez en mesure d’acheter… ?
a- Plus qu’aujourd’hui
b- Exactement comme aujourd’hui
c- Moins qu’aujourd’hui
d- Je ne sais pas
A nouveau, je vous laisse noter votre réponse ; nous passons maintenant à la dernière question que voici :
3 – Voici quatre produits financiers. Classez-les de 1 à 4 du moins risqué au plus risqué selon vous, 1 étant celui que vous estimez être le moins risqué.
a- Livret d’épargne
b- Actions
c- Obligations
d- SICAV / Fond Commun de Placement
Vous avez noté toutes vos réponses ?
Bien ; nous allons maintenant pouvoir vérifier vos connaissances de base en finance, et vous comparer avec les réponses du Français moyen.
▪ Reprenons la première question
Comme vous l’avez certainement compris, l’objectif de cette question est de savoir si vous saisissez le principe des intérêts composés. Dans l’exemple ci-dessus, si vous obtenez un taux de 2% par an sur votre dépôt de 1 000 euros, vous allez bel et bien recevoir 20 euros la première année (2% de 1 000 euros), mais ensuite cet intérêt augmentera d’année en année, puisque l’intérêt déjà perçu sera ajouté à votre solde initial.
La deuxième année, vous recevrez donc 20,40 euros (2% de 1 020 euros), puis 20,81 euros la troisième année (2% de 1 040,40 euros), etc. Après cinq ans, votre capital sera donc supérieur à 1 100 euros (il sera de 1 104,08 euros pour être précis). La bonne réponse est donc la réponse c.
C’est avec de tels principes (de base) que vous comprendrez, par exemple, qu’il vaut mieux répliquer une stratégie d’investissement qui gagne, net de tous frais, 1% par mois qu’une autre stratégie d’investissement qui gagne 12% par an. L’impact des intérêts composés sera bien sûr plus important dès lors que le taux augmente.
Même si ce concept peut paraître simplissime, le Français moyen peine à le saisir, à en croire l’étude de la Banque de France. |
Même si ce concept peut paraître simplissime, le Français moyen peine à le saisir, à en croire l’étude de la Banque de France. Moins de 48% des 3 616 personnes ayant répondu à cette question ont sélectionné la bonne réponse. Ce qui me fait dire que même si le Sommet 2014 était ouvert à l’ensemble de la population française (ce qui n’est bien sûr pas le cas, puisque le nombre d’inscriptions est strictement limité), la majorité d’entre eux ne pourrait pas comprendre les "formules de la fortune", par exemple, qui permettent de gagner 4,00 euros pour chaque 1,06 euros risqué et d’obtenir ainsi une performance de 28% par an pendant une bonne trentaine d’années, puisque c’est le sujet de l’une des formations.
▪ Passons maintenant à la deuxième question
Elle porte sur l’effet de l’inflation, qui (admettons-le) devrait s’adresser plutôt à des élèves de maternelle que des chefs de famille. Enfin, aussi basique qu’elle soit, il s’avère que 38,2% des Français n’ont pas su y répondre correctement, estimant peut-être que plus l’inflation est élevée, mieux ce sera pour leur finance.
L’inflation étant l’un des thèmes phares du Sommet (une journée complète y est consacrée), il va sans dire que si vous n’avez pas répondu c. à la question 2, il serait peut-être bon de relire vos classiques avant de vous inscrire.
Je trouve toutefois amusant de constater que le groupe de personnes ayant le mieux répondu à cette question (avec 67,4% de réponses justes) est celui constitué de retraités, alors que ces derniers ont été les plus mauvais (et de loin) sur les deux autres questions. Il semblerait donc que les retraités ont davantage compris (peut-être en raison de leur vécu) que l’inflation peut provoquer des dommages quasi irréversibles sur leur fortune. En comparaison, les moins de 35 ans ne sont que 51,8% à comprendre ce principe dévastateur ; ce qui n’est pas pour me rassurer sur l’avenir de la France.
▪ Venons-en à la troisième et dernière question.
Que votre livret A soit plus risqué que des obligations, ou que ce soit l’inverse, tout dépendra bien sûr du sous-jacent. Pour les auteurs de cette étude, le but n’était donc pas de jouer sur les mots ou de pressentir une préférence pour tel ou tel instrument. Leur seul objectif était de mesurer si les Français considéraient les actions comme étant plus risquées que les SICAV.
Connaissant les lecteurs d’Agora, je suppose que vous avez répondu comme eux, en donnant une note supérieure aux actions… à moins que votre SICAV se soit effondrée de 30% ces dernières années, ce qui ne peut être exclu connaissant le talent de certains banquiers.
On notera que sur les 3 616 personnes ayant répondu à cette enquête, près de 1 200 d’entre elles (33,2%) ont considéré le marché actions comme étant moins risqué que les SICAV ou n’ont tout simplement pas su quoi répondre. Ces personnes pensent peut-être qu’il suffit d’acheter telle ou telle action qui fait la Une des journaux grand public pour gagner de l’argent à coup sûr… Dans tous les cas, je parie que le concept de money management, et même de diversification (deux thèmes encore une fois au coeur du Sommet 2014), leur sont complètement étrangers.
Entre nous, avouons que ces trois petites questions n’étaient pas bien sorciers, et que les lycéens seraient ravis de pouvoir répondre à de telles questions à leur bac. Sans pouvoir la tester directement, mon hypothèse est donc qu’une très grande majorité d’entre vous a répondu correctement les trois fois, avec un taux de réussite probablement supérieur à 90%.
Moins d’une personne sur trois est capable, en France, de comprendre le principe des intérêts composés, de l’inflation et du risque des marchés actions. |
▪ Je repose donc ma question initiale : les Français sont-ils incompétents ?
La réponse, la voici : seuls 30,9% des Français ont répondu correctement aux trois questions ci-dessus. Moins d’une personne sur trois est capable, en France, de comprendre le principe des intérêts composés, de l’inflation et du risque des marchés actions. Plus des deux tiers sont donc totalement incompétents et devraient, à mon sens, être mis sous tutelle.
Ce manque d’éducation financière des Français est d’ailleurs certainement pour beaucoup dans la paralysie du système actuel. La hargne envers le patronat et la haine du capitalisme y étant intimement liées. Parenthèse fermée.
Est-ce à dire que vous êtes trois fois plus compétents que la moyenne (avec un taux de réussite supérieur à 90%) ? Oui, je le crois. Sincèrement. Je pense que la grande majorité des lecteurs d’Agora sont clairement au-dessus de la mêlée et savent se prendre en mains financièrement. Vous connaissez les avantages, et les risques, de toute stratégie d’investissement et, sachant cela, vous êtes à l’affût des meilleures solutions pour votre patrimoine.
Puisque je ne souhaite pas que le meilleur vous passe sous le nez, sans que vous en soyez averti, je vous signale donc qu’il reste encore quelques dizaines de places au Sommet 2014 qu’elles partiront assez vite connaissant la réactivité de certains. Pour moi, cet événement unique sera l’occasion de vous présenter les dernières recherches en finance, avec comme toujours une approche scientifique à l’investissement.
Mais bien sûr, je ne serai de loin pas le seul intervenant et il y en aura pour tous les goûts, avec un seul objectif : garantir vos profits quoiqu’il arrive. Le programme complet se trouve maintenant sur un tout nouveau site, libre d’accès.
A vous maintenant de faire bénéficier votre portefeuille de vos compétences supérieures à la moyenne.
Bons investissements, et j’espère vous rencontrer lors de ce Sommet de l’investissement.
* L’étude de la Banque de France mentionnée dans cet article, et bien d’autres encore, peut être consultée en vous enregistrant sur notre page spéciale "Agora".