** Aux Etats-Unis, les informations financières continuent de décevoir, mais la bourse continue d’éblouir… sinon de surprendre, de dérouter et de laisser perplexe. Avant-hier, tandis que des histoires plus pathétiques les unes que les autres se succédaient dans les médias, l’indice Dow Jones des valeurs industrielles a enregistré un record de deux mois, en termes de gains en une journée — 214 points.
– Pourquoi cette jubilation soudaine à Wall Street ?
– C’est ce que tout le monde se demande, mais ne cherchez pas de réponse dans les gros titres financiers. Hier, ils contenaient de véritables pépites du style : "Le pétrole augmente de plus de 4 $ après la chute du dollar face à l’euro", "MBIA et Ambac : 1 000 milliards de dollars de pertes, dégradation de la notation AAA par l’agence S&P".
** Mais la bourse a ignoré ces histoires inquiétantes — préférant se concentrer sur une nouvelle extraordinaire : les consommateurs continuent de dépenser l’argent qu’ils n’ont pas. En mai, les ventes par magasin chez Wal-Mart et Costco ont augmenté plus que prévu.
– Alors que la séance de lundi était sur le point de clore, Fitch a déclassé les notations de deux autres réassureurs, MGIC et PMI. Pour justifier ce déclassement, Fitch a expliqué :
– "En regardant de plus près le marché hypothécaire américain et son impact sur les performance du portefeuille financier de l’industrie de l’assurance hypothécaire, Fitch est devenu de plus en plus pessimiste quant à l’avenir du secteur. Cela correspond parfaitement au point de vue de Fitch selon lequel l’année 2007, sûrement l’une des pires années de souscription de toute l’histoire du secteur hypothécaire américain, a été une année de croissance rapide pour nombre d’assureurs hypothécaire clés. Fitch remarque que les hypothèques souscrites en 2007 font défaut à un rythme plus rapide que celles des années 2005 et 2006 ; une indication qui renforce les inquiétudes de Fitch concernant les risques souscrits cette année-là"…
– "Pour aggraver la situation, il semble que les emprunteurs soient enclins à ‘fuir’ les dettes hypothécaires quand la valeur estimée de leur maison est inférieure au bilan de leur prêt actuel… La déliquescence du marché hypothécaire américain a entraîné une augmentation continue du nombre de défauts de paiement pour toutes les entreprises d’assurance hypothécaire, particulièrement pour les emprunts accordés entre 2005 et 2007".
– Hmmm… Si ce genre d’information ne peut pas entraîner un autre bond de 200 points demain, rien d’autre ne pourra le faire.
– La bourse est capricieuse, c’est bien connu. Son récent comportement étrange ne devrait donc surprendre personne. Telle une divinité grecque, la bourse prend plaisir à contrecarrer les ambitions des mortels. Et pourtant, elle accorde des faveurs à d’AUTRES mortels. Dans les deux cas, la bourse fait ce qu’elle veut, et non pas ce qu’on attend d’elle.