▪ Ah, ouf ! « Les piliers de l’économie américaine restent intacts ». Les Etats-Unis ont « une économie flexible, diversifiée et riche ». Il faut aussi saluer « la flexibilité de [leur] monnaie et des taux de change ». On s’était fait un peu peur, depuis quelques jours, mais rassurez-vous, cher lecteur : la langue de bois marche toujours aussi bien.
L’auteur des phrases immémoriales ci-dessus, c’est l’agence de notation Fitch Ratings, citée ce matin dans La Tribune. Car contrairement à Standard & Poor’s, Fitch maintient le Triple A des Etats-Unis — l’agence le disait hier dans son dernier rapport. Parce que bon, jouer les rebelles et critiquer l’Empire, ça va bien cinq minutes… mais il y a un moment où il faut arrêter les sottises et revenir à la perma-hausse boursière, tout de même !
D’ailleurs, regardez : tout va très bien aux Etats-Unis ! Les mises en chantier ont « moins reculé que prévu » le mois dernier, et la production industrielle a enregistré une hausse supérieure aux attentes. Vraiment, on se demande pourquoi tout le monde s’inquiète à ce point.
Les marchés pourraient toutefois être plus difficiles à convaincre que prévu. Les beaux discours, ils commencent à s’en lasser. L’échec du QE1 et du QE2 les a échaudés, et les autorités semblent à court de solutions. N’oubliez pas qu’une fois une tendance enclenchée — à la hausse comme à la baisse –, les investisseurs ont tendance à surréagir. Maintenant que la chute est entamée, il va falloir aller jusqu’au bout.
C’est sans doute ce qui est en train de se passer : malgré l’avalanche de « bonnes nouvelles », le Dow Jones a terminé la séance d’hier dans le rouge, à -0,67% et 11 405,93 points. Le S&P 500 cédait de son côté 0,97% à 1 192,76, tandis que le Nasdaq perdait 1,24% à 2 523,45 points. Les places américaines mettaient ainsi fin à une série de trois séances consécutives de hausse…
▪ Côté européen, les choses n’étaient guère plus brillantes : le sommet Angela Merkel-Nicolas Sarkozy n’a pas répondu aux souhaits des marchés.
Dans L’Agefi : « ceux qui attendaient des mesures concrètes concernant le financement des maillons faibles de l’Europe en ont été pour leur frais. Ni eurobonds ni augmentation de la taille du FESF. ‘A l’heure actuelle nous ne considérons pas les eurobonds comme la meilleure solution’, a déclaré Angela Merkel. Les deux dirigeants ont par ailleurs indiqué qu’il n’était pas question d’augmenter la taille du FESF ».
Par contre, une flopée de « propositions » a été faite — toutes inclinant vers une gouvernance économique fédérale européenne. Est-ce la meilleure solution ? L’unique ? En tout cas, c’est celle qui me semble la plus sensée — au moins à moyen terme — pour éviter un éclatement total de la Zone euro. Après, qu’en sera-t-il à long terme… c’est une question à laquelle je répondrai par le fameux « nous n’en savons rien » de Bill Bonner.
En attendant, entre sommet peu concret et chiffres allemands décevants (l’Allemagne enregistre une quasi-stagnation de son activité au deuxième trimestre 2011, avec 0,1% de croissance au lieu de 0,4% attendus), le CAC 40 a terminé en baisse hier. Il a toutefois limité les dégâts : après avoir franchi le seuil psychologique des 3 200 points, l’indice français est parvenu à sauver les meubles, clôturant à 3 217,17 points.
▪ L’euro enregistrait de son côté une petite hausse par rapport au dollar… puis s’est empressé de la perdre avant la fin de séance, terminant à 1,440 $.
Pour ce qui est du pétrole et de l’or, il n’y a pas beaucoup d’évolution non plus : le baril de WTI était en baisse hier soir, à 87,34 $… tandis que l’once d’or se rapproche toujours plus des 1 800 $, à 1 792 $ l’once à l’heure où j’écris ces lignes. Rendez-vous aux 2 000 $ !