▪ Notre famille a un laitier. Oui, un laitier, comme dans le bon vieux temps.
Chaque vendredi, il nous livre une caisse pleine de bouteilles remplies de lait, ainsi que des petits pots de yaourt et de beurre, des fromages et parfois de la viande. Il me suffit de passer commande sur Internet et mes achats sont déposés devant ma porte, des produits frais en provenance directe d’une ferme locale familiale non loin de chez moi.
Je vous raconte tout cela parce que j’ai reçu un mail intéressant de la ferme ce week-end. Selon moi, ce courrier résume bien la situation économique actuelle. Le problème auquel nous devons faire face est particulièrement insidieux parce que beaucoup de gens ne comprennent pas vraiment quelle en est la cause, ce qui lui permet de demeurer. Mais avant d’en venir aux abstractions, lisons l’e-mail que j’ai reçu de mon laitier.
Cela commence ainsi : « nous aimerions prendre le temps de vous dire que, du fait d’importantes hausses de prix auxquelles nous devons faire face sur les matériaux que nous utilisons pour embouteiller le lait… nous sommes obligés d’augmenter les prix de nos produits présentés dans des emballages en verre ».
Puis l’e-mail montre, dans le détail, à quelles hausses de prix exactement la ferme est confrontée. Ce laitier est un modèle de communication et de transparence. Beaucoup de nos banques et de nos entreprises devraient s’en inspirer pour communiquer avec le public.
A l’origine de ces augmentations douloureuses, on trouve une hausse de 4% du coût des bouteilles en verre et une hausse de 6% du coût des bouchons en plastique. La ferme a également dû faire face à une hausse de 14% de ses frais de transport rien qu’au cours de ces six derniers mois du fait de l’augmentation du prix de l’essence. Ce n’est pas tout : une hausse de 2% du matériel tels les gants en latex et les filets à cheveux, une hausse de 5% du matériel technique de contrôle du lait et une hausse de 8% des produits chimiques utilisés pour nettoyer les bâtiments et les équipements.
« J’espère que vous pouvez tous comprendre que nous avons au total vécu une forte hausse », continue l’e-mail. « C’est pourquoi aujourd’hui, il est devenu nécessaire pour nous d’augmenter de 7% le prix de nos produits embouteillés. C’est toujours une décision difficile à prendre pour nous mais parfois inévitable ».
Nous pourrions appeler cela « l’Indice du Laitier ». Je peux vous dire que c’est ce qui se passe dans toute l’économie en ce moment même. Je suis beaucoup d’entreprises et la hausse du coût des matières premières représente la principale source d’inquiétude pour celui qui fabrique quelque chose.
▪ Naturellement, en tant qu’investisseur, l’idée serait de jouer ceux qui tirent avantage d’une telle hausse du coût des matières premières et de laisser tomber ceux qui ne peuvent faire porter ces coûts à leurs clients. Ainsi, par exemple, la hausse du prix des bouteilles en verre me fait penser à Owen-Illinois. Cette entreprise est le plus gros fabricant mondial d’emballages en verre. Je l’ai conseillée dans ma lettre d’investissement, Capital & Crisis en décembre. Une partie de la thèse ici est que la hausse des prix en 2011 aiderait à augmenter les marges et les bénéfices. Jusqu’ici, l’action n’a pas beaucoup progressé mais l’idée centrale pour en posséder demeure tout à fait d’actualité.
Cela a en fait été un mini-thème dans Capital & Crisis, où j’ai recommandé plusieurs producteurs spécialisés sur des matériels dont le prix augmente. Une autre idée est de posséder les producteurs des matières premières dont le prix augmente, comme la plupart des actions dans l’exploitation minière et dans l’énergie que j’ai déjà conseillées.
▪ Ce phénomène de hausse des prix des matières premières nous amène à aborder le pourquoi. Pourquoi est-ce que cela arrive ?
Une réponse courte est que la Réserve fédérale fait beaucoup fonctionner la planche à billets. C’est amusant, je peux expliquer cela à mon fils de 12 ans en utilisant des billets du Monopoly — et il le comprend. Pourtant il semble que des économistes diplômés et bardés de titres ronflants dans les think tanks et les agences gouvernementales n’y comprennent rien du tout.
Lorsque vous créez beaucoup d’argent, cet argent perd de sa valeur. Il achète moins qu’avant. C’est essentiellement ce à quoi nous assistons.
Le principal baromètre de la création monétaire est le bilan de la Fed. Lorsqu’il s’accroît, c’est aussi le cas de la quantité d’argent répandu. Tout cet argent doit bien aller quelque part. Les gens achètent des actions, des matières premières et de l’or.
Par conséquent, QE2 est l’appellation fantaisiste donnée à un acte de base très simple : imprimer de l’argent. Et vous pouvez voir que le bilan de la Fed a gonflé, les actions et l’or ont surfé sur la vague d’argent. Le dollar s’est également affaibli (permettant d’acheter moins), et les taux hypothécaires sont montés.
Ce n’est là que le commencement. Nous savons comment, par le passé, se sont terminées les périodes d’impression de monnaie : mal.
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