▪ Nous acheminons-nous vers un été "chaud très chaud" ?
Je ne parle pas de la météo — qui décidément ne coopère pas cette année –, mais bien entendu des marchés.
Des craquements et des grincements de fort mauvais augure se font entendre dans les murs ; ici et là, des fissures apparaissent… et l’on peut même se prendre parfois un peu de poussière de plâtre dans l’oeil quand on lève la tête pour examiner le plafond.
L’édifice soigneusement élaboré et étayé par les banques centrales commence à donner de sérieux signes de faiblesse structurelle.
En Asie, notamment, où la journée de jeudi s’est soldée par des baisses spectaculaires, comme les énumérait Philippe Béchade hier :
"[…] plongeon de 6,35% du Nikkei, de 3% de Shanghai et de 2,2% à Hong Kong — sans oublier le rebond de 2% du yen, vers 94/$ et 128/euro et la glissade du dollar vers 1,34/euro".
A quoi il faut ajouter les secousses enregistrées par les marchés américains plus tôt dans la semaine… la tension grandissante sur le marché des taux… et j’en passe.
▪ Reste à savoir combien de temps les travaux de soutènement et de remblai monétaire des banques centrales pourront tenir.
"S’agit-il d’une simple alerte ou le début de l’éclatement de la bulle 3 (celle des obligations souveraines), consécutivement gonflée après les bulles 2 (le crédit subprime) et 1 (les dot.com) ?", s’interrogeait Simone Wapler dans sa Stratégie mercredi.
"Trop tôt pour le dire. La foi dans les systèmes monétaires actuels, dans l’activisme des banques centrales et dans les vertus de l’économie du crédit et de la consommation (et non dans l’économie de l’épargne et de l’investissement) est encore très solide".
D’autant que les signaux économiques sont encore assez mitigés pour que Bernanke n’envisage pas de mettre fin au QE3 — ou du moins pas avant l’année prochaine, au moins.
Mais toutes ces discussions sur l’éventualité d’une fin de l’assouplissement quantitatif ont le mérite d’habituer les marchés à l’idée. Le moment venu, ils réagiront peut-être avec moins d’excès qu’on pourrait le craindre. Mais la question reste posée : même s’il n’y a pas de krach retentissant du jour au lendemain… le système pourra-t-il tenir debout durablement sans le soutien des banques centrales ?
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora