** Selon une récente étude effectuée par l’Université d’état de l’Iowa, les propriétaires de nouvelles usines d’éthanol verront leurs revenus s’évaporer à mesure que les prix de l’éthanol plongent. Je suis d’accord. J’ai récemment fait un long voyage dans le Midwest, durant lequel j’ai visité des fermes et des usines d’éthanol.
– Je trouve bien plus utile de parler à des agriculteurs que de simplement lire des statistiques manipulées par le gouvernement. Avec des chaussures pleines de boue et l’estomac lesté de tarte à la rhubarbe maison, une chose était claire comme de l’eau de roche : l’éthanol provenant du maïs ne durera pas. Je pense que la révolution de l’éthanol s’achèvera vers la fin 2008, si j’en crois mes discussions et les observations faites auprès de plusieurs agriculteurs.
– Le boom de la construction d’usines d’éthanol devrait se transformer en krach d’ici la fin 2007 à cause d’une réduction du retour sur investissement, d’une augmentation de l’offre d’éthanol, et, enfin, à cause de la chute des prix. Selon certains analystes, les rendements seront nuls ou négatifs d’ici 2008. Durant mon récent voyage, j’ai compté pas moins de cinq nouvelles usines d’éthanol en construction dans le Minnesota, qui en abrite déjà 16… et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Dans l’ensemble des Etats-Unis, 78 nouvelles usines sont en construction.
– Les chiffres donnent le vertige. Rien que dans le Minnesota en 2007, la production d’éthanol devrait dépasser les 620 millions de gallons, soit environ 10% de la production américaine globale. Lorsque les chiffres de production nationaux dépasseront les 7-8 milliards de gallons, les marges chuteront sans doute à mesure que les prix baissent. Une production de 14 milliards de gallons est probable d’ici 2008, et à ce moment-là, je pense que nous aurons atteint le sommet.
– En termes d’investissement, qu’il s’agisse d’une entreprise comme Pacific Ethanol ou de futures sur le maïs, il y a encore beaucoup de profits à faire. L’industrie de l’éthanol US, avec l’aide de milliards de dollars de subventions gouvernementales, a permis aux investisseurs de faire des profits énormes. Certaines des 16 usines d’éthanol du Minnesota ont été amorties en deux ans — grâce à une subventions de 51 cents par gallon. Les usines déjà établies s’en sortiront peut-être, mais les nouvelles installations lourdement endettées seront probablement les premières victimes.
** La plupart des états américains exigent désormais un mélange de 10% d’éthanol avec leur carburant, et cela a permis de faire augmenter la demande. Les agriculteurs de maïs font maintenant pression pour un pourcentage encore plus élevé, mais les constructeurs automobiles rechignent. Des performances en baisse et des dégâts pour les moteurs, telles sont leurs principales objections. Dans certaines communautés agricoles, l’éthanol E85, qui est composé à 85% d’éthanol, devient de plus en plus populaire ; certains constructeurs ont donc créé des véhicules spécialement conçus pour l’E85 ou pour une double utilisation, mais c’est loin d’être le cas de tous. Les moteurs tournant au E85 peuvent consommer du carburant normal ou un mélange de carburant allant jusqu’à 85% d’éthanol. Les partisans des véhicules E85 affirment que les ventes dépasseront les 4,5 millions de dollars cette année.
– La demande pour l’E85 augmente significativement — mais dans le Midwest en majorité. Pour l’instant, il semble donc relativement sûr de profiter de la demande d’éthanol dérivé du maïs… tout en gardant un œil sur la sortie. Le prochain marché intéressant sera probablement celui des biocarburants fabriqués à base de soja ou d’autres céréales, plutôt que de maïs.
– Une chose est certaine : dans la mesure où les prix de l’énergie continuent de grimper, il en ira de même pour la production d’éthanol. Cela signifie que pour les investisseurs et les traders, il y aura de nombreuses opportunités de profiter du boom de l’éthanol… tant qu’il dure.