Les Etats-Unis sont un empire vieillissant, dégénéré, endetté et mené par une élite corrompue. Mais certains rêves pourraient se briser.
Nous vivons une Epoque de Rêves Brisés (ERB). Hier, nous avons examiné l’un d’entre eux — l’espoir, bien cabossé, que Donald J. Trump puisse renverser la situation.
Cela semble de plus en plus improbable.
Premièrement, parce qu’il ne sait pas ce qui se passe. Deuxièmement, parce qu’il ne veut pas vraiment changer les choses (elles l’ont rendu riche… et ont fait de lui le président des Etats-Unis).
Troisièmement, parce qu’il ne pourrait pas les changer (c’est le Deep State qui décide des sujets importants).
Et quatrièmement, parce que ce n’est pas ainsi que les rêves s’effondrent ; ils doivent être plus qu’amochés — ils doivent être complètement écrabouillés… et réduits en poussière… avant que la reconstruction puisse commencer.
Des hordes de démons et de feignants au pied du mur
Cette semaine, de nouvelles bosses sont apparues. Les républicains et les démocrates auraient accepté de laisser M. Trump construire quelques kilomètres de mur supplémentaires — laissant approximativement 2 200 km de frontière sans mur ni clôture.
S’il est vrai que des hordes de démons et de feignants tentent de traverser la frontière, ils le pourront encore.
Si c’est faux, le mur n’est qu’un gâchis d’argent. (Il n’y avait pas de mur dans les années 1950, une époque où l’on peut dire que les Etats-Unis avaient vraiment de la grandeur. Qu’y a-t-il de différent ? Il n’y avait pas non plus de guerre contre les drogues ni de système de santé à grande échelle).
Mais l’ERB n’est pas née de nulle part. Comme nous l’avons exploré la semaine dernière, parmi nos instincts les plus anciens et les plus puissants se trouve l’impulsion du « eux contre nous ». Constamment provoqués… menacés… mis en péril et harcelés, nous avons appris à resserrer les rangs du « nous » contre « eux »… et à construire des murs pour faire en sorte qu' »ils » restent dehors. C’est ainsi que nous avons survécu.
Mais la simple analyse « eux contre nous » n’explique pas vraiment comment nous en sommes arrivés là. Et elle ne nous aide pas à comprendre ce qui va arriver ensuite.
De sinistres tendances à la centralisation
Au cours du dernier demi-siècle on a assisté à de sinistres tendances — plus de dette, plus de guerres, plus de centralisation du pouvoir — durant les administrations républicaines autant que démocrates. Parfois lentement, parfois plus rapidement… mais personne, dans les deux partis, n’a freiné — sans parler de faire demi-tour.
Pas une seule fois le budget fédéral n’a été vraiment équilibré. Les initiés ont accumulé influence et cash. Les élites sont devenues plus riches, plus hardies, plus insolentes… tandis que le citoyen moyen devenait plus faible, plus docile et plus dépendant.
« Nous sommes nés libres et nous le resterons », a déclaré M. Trump dans son discours sur l’état de l’Union. Là encore, c’est un rêve brisé.
Les Américains font désormais partie des gens les plus lourdement surveillés du monde développé. Les crimes fédéraux étaient au nombre de trois en 1789 ; ils sont plus de 4 000 aujourd’hui.
Avec autant de lois, pas étonnant qu’ils soient aussi nombreux à les enfreindre. Les Etats-Unis ont la plus grande population carcérale au monde — 10 millions de personnes ramassées par les gendarmes tous les ans, et plus de 2,2 millions dans ses goulags (cinq fois plus qu’en 1970) — dont la moitié pour un crime inventé impliquant le cannabis.
Ses agents gouvernementaux — utilisant les lois de confiscation — volent plus de richesse que des cambrioleurs de base.
Ses troupes armées ont des garnisons dans près de 800 avant-postes à l’étranger et, au cours de ce dernier demi-siècle, ont causé plus de morts que la Russie, l’Iran, la Corée du Nord — et tout l' »Axe du Mal » — combinés. Tel Staline, Barack Obama approuvait personnellement la liste d’assassinats quotidiens.
Et au lieu de se soulever contre les fouets de leurs maîtres, les Américains remercient la TSA de fouiller dans leurs sous-vêtements !
Tel est le véritable état de l’Union et peut-être le plus grand rêve brisé de tous : le rêve américain s’est transformé en empire vieillissant, lourdement endetté, luttant pour conserver sa place dans le monde et mené par une élite corrompue dont le seul véritable but est de faire en sorte que l’argent continue de couler — dans leurs poches.
Et comme tous les empires dégénérés qui l’ont précédé, celui-ci est condamné à un effondrement financier. Dans la mesure où nous parlons habituellement d’argent, nous tournons désormais notre attention vers la crise monumentale qui se prépare.
Vive le bol de punch !
Selon le rêve actuel, des gens intelligents diplômés d’économie et de finance parviendraient mieux à guider l’économie que les forces du marché.
Menés par Milton Friedman, en 1971, ils ont changé la devise elle-même — supprimant la contrainte de l’or afin de pouvoir manipuler plus directement la devise.
Ensuite, ils commencé à utiliser une « politique monétaire contracyclique » pour compenser les humeurs du marché. William McChesney Martin, qui a le mandat le plus long à la tête de la Fed, a déclaré que son travail consistait à « enlever le bol de punch juste au moment où la fête commence ». En d’autres termes, à resserrer le crédit avant que les choses s’emballent.
Trop humains, les gardiens de la monnaie américaine se révélèrent très doués pour apporter le bol de punch… et beaucoup moins pour le retirer.
Puis, en 1987, Alan Greenspan, alors président de la Fed, alla plus loin. Il fit savoir qu’il apporterait autant d’alcool que nécessaire pour que la fête continue. L’excitation augmenta… la fête devint de plus en plus bruyante… de plus en plus folle… jusqu’en 1999, où quelqu’un a sans doute appelé la police.
Le krach des dot.com n’a ralenti que temporairement les festivités. Les autorités sont arrivées avec de nouvelles caisses de rhum… et on a dansé jusqu’en 2007.
Cette fois-ci, le problème était sérieux. Les propriétaires n’arrivaient pas à payer leurs prêts immobiliers. Et cette fois-ci, les autorités n’ont pas apporté que de l’alcool ; elles avaient aussi des drogues dures.
Assouplissement quantitatif, QE, c’est ainsi que les dirigeants ont appelé cela. Ils n’ont donc pas seulement rendu le crédit facile encore plus facile, ils ont aussi ajouté quelque 3 600 Mds$ de nouvel argent. C’était une urgence, ont-ils dit, promettant de « normaliser » plus tard.
Evidemment, nous sommes aujourd’hui 10 ans plus tard.
A présent, la Fed dit qu’elle ne normalisera pas de sitôt. Tel est le nouveau rêve qui se dessine : les déficits ne comptent pas… la dette peut augmenter indéfiniment… et les autorités peuvent simplement ajouter de l’argent quand les choses se gâtent.
Les républicains comme les démocrates, la droite comme la gauche, approuveront. « Eux » et « nous » se rassembleront pour protéger l’escroquerie dont ils profitent tous les deux.
Emprunter ! Dépenser ! Imprimer ! Faire « tout ce qu’il faut ». Au diable les déficits !
Le mur semblera alors plus sensé — comme projet de travaux publics tout prêt !
Mais c’est à ce moment-là que la situation commencera vraiment à dégénérer… et des millions de rêves privés seront eux aussi brisés.
1 commentaire
Par contre le système mis en place depuis 71 n’a à peu près rien à voir avec la vision de Friedman, qui aurait voulu une croissance stable et relativement lente de la masse monétaire (un peu comme dans un régime d’étalon or finalement, voir encore plus stable puisque non dépendant des grandes découvertes occasionnelles et autres innovations techniques augmentant l’offre), les taux étant à partir de là libre de se fixer sur le marché. Actuellement, c’est le mécanisme inverse.