** Hop, un rebond ! Hop, un dollar qui continue de se reprendre ! Hop, une once d’or qui descend de ses récents sommets ! Alors ça y est, c’est terminé ? On reprend le chemin de la hausse, le Dow à 15 000 en 2010, Bernanke sauve le monde et ainsi de suite ?
Vous nous connaissez assez bien, cher lecteur, pour savoir que la réponse sera… "pas si vite, jeune homme !" Bill Bonner a beau baisser son pavillon d’Alerte au Krach, nous restons sur le qui-vive — M. le Marché a la vilaine habitude, tel un mari volage, de revenir à la maison un bouquet à la main et les yeux implorants… pour mieux tromper ensuite les investisseurs ainsi amadoués.
Il suffit de regarder ce qui s’est passé en 1929, après le légendaire Jeudi noir : entre septembre et novembre 1929, le Dow Jones a perdu 47%, par rapport à 381 points, son sommet de l’époque. Il a rebondi ensuite au printemps 1930… avant de repasser à 41 points en juillet 1932. (Le Dow à 41 ! Une nouvelle cible pour nos amis analystes graphiques ?) Il y a un autre exemple historique, celui du Japon — dont le Nikkei a rebondi d’au moins 30% à cinq reprises après la crise de 1992.
La configuration actuelle risque bien d’être similaire à ces exemples… car, comme nous l’explique ma collègue Cécile Chevré, de la Quotidienne de MoneyWeek, le rebond actuel est basé sur un facteur bien fragile :
"Je suis allée interroger Marie-Jeanne Pasquette, notre spécialiste des bancaires, et elle m’a avoué avoir une grande théorie sur l’actuel rebond. Les financiers, les organismes de régulation et les banques centrales se sont retrouvés autour d’une idée : halte au massacre ! Et le coupable est tout désigné : le système du mark to market. Ils se sont donc entendus pour mettre fin à ce procédé".
Mark to market, késaco ? Un mécanisme comptable, tout simplement — qui permet aux sociétés d’intégrer un actif à son cours au moment où le bilan est fait. Mais si ce mécanisme est parfait en temps de boom/bulle, lorsqu’il permet de gonfler démesurément la valeur de certains actifs surévalués… il se transforme en arme mortelle lorsque la panique règne.
Philippe Béchade en parlait dans la Chronique Agora mercredi : "ce système contribue en effet à gonfler artificiellement le bilan des banques lorsque la valeur des actifs grimpe (surcroît de richesse virtuelle) et à exagérer leurs difficultés (effondrement de leurs ratios de solvabilité) lorsque le risque systémique s’accroît."
"Pauvre mark to market", reprend Cécile, "autrefois adulé, il est maintenant la cible de toutes les attaques. Et les rumeurs annonçant sa suspension se multiplient. Un nouveau coup d’estoc lui a été porté par Ben Bernanke, le patron de la Fed, qui estime qu’une alternative est nécessaire. Cette réforme des systèmes comptables est d’autant plus urgente qu’une nouvelle crise se prépare. En effet, en avril 2009, aux Etats-Unis, de très nombreux prêts seront renégociés. Contractés en 2004, au début de la bulle immobilière, ces prêts prévoyaient des taux fixes pour cinq ans, taux qui seraient ensuite réévalués. Les banques s’attendent donc à une explosion du taux de défaillance… ce qui va entraîner de nouvelles et abyssales pertes.
"Il est donc plus que temps de proposer aux banques de nouvelles règles comptables leur permettant de maquiller un peu plus leurs pertes. Et c’est ce que les marchés anticipent avec le rebond : la fin comptable des pertes".
La fin comptable des pertes… en voilà une notion agréable et arrangeante ! Un trait de plume et hop (décidément, que de "hop" dans cette Chronique), tous les problèmes sont réglés ! Tout ça ne sert qu’à démontrer une chose : au lieu de revenir sur leurs erreurs pour essayer de traiter le mal à la racine, les autorités politiques et financières cherchent une fois encore l’entourloupe qui leur permettra de masquer, maquiller et dissimuler la pourriture qui ronge le système économique.
** Mais revenons sur terre — et dans l’économie réelle et tangible — avec une notion intéressante qui nous vient de Jean-Claude Périvier, rédacteur en chef de la lettre Défis & Profits : "le mois dernier, on a appris que la Chine était devenue la troisième économie du monde, derrière les Etats-Unis et le Japon".
Pourtant, "malgré son rang dans le classement mondial des économies, la Chine reste un pays en développement, relativement pauvre si on regarde les équipements de l’ensemble du pays, et le niveau de vie ramené à l’habitant moyen. Je sais que c’est paradoxal, mais en tant qu’Etat, elle a de gros moyens. Elle est insuffisamment riche en ressources naturelles".
L’appétit gigantesque de la Chine pour les matières premières continue d’ouvrir des perspectives insoupçonnées pour les investisseurs bien placés. Ca tombe bien… car justement les matières premières figureront en bonne place de la conférence d’investissement organisée par l’Institut de la Bourse le 30 mars prochain.
Vous y retrouverez Romain Delacretaz, trader de talent, et Emilio Tomasini, analyste réputé, qui vous révéleront quels secteurs précisément ont des perspectives spectaculaires en 2009 et après… comment vous positionner au mieux pour en profiter… et ils vous dévoileront des stratégies et secrets de pros pour exploiter ces tendances.
Cette conférence est entièrement gratuite, mais les places sont limitées… alors n’attendez pas pour vous inscrire : tous les détails sont ici.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora