Endeuillés

▪ Ce n’était pas ainsi que j’envisageais ma première Chronique de l’année — et je ne sais pas quoi vous dire, cher lecteur.

L’attentat qui a frappé Charlie Hebdo… les fusillades/prises d’otage qui s’en sont suivies… le déferlement de sottises sur les réseaux sociaux (entre les "bien fait pour eux" nauséabonds d’un côté et les appels à la haine raciale de l’autre, peu s’en sortent bien)…

La consternation se dispute à la peine dans le cerveau de votre correspondante. Avec, en arrière-goût rance, comme une petite envie de ne plus y croire du tout.

Mais, comme le disait hier matin l’une de mes collègues, "je préfère être bouleversée par les larmes solidaires des gens que par le symbole qu’ils ont abîmé".

Compassion, liberté d’expression et humour sont des mots qu’on n’abat pas si facilement… et qui permettent de lutter efficacement contre les amalgames faciles, les idées reçues et la bêtise ordinaire.

▪ Bill Bonner déclarait vendredi : "en France règnent un deuil indigné et un outrage solennel. En ce qui nous concerne, nous avons le coeur — aussi endurci, satirique, cynique et ironique soit-il — serré par la sympathie et la solidarité. Nous prions pour les victimes à Paris… et pour tous les innocents dans des écoles, des lieux de culte, des journaux, des banques — des espaces publics et privés… des riches et des pauvres… abattus par des drones, des bombes et des fusils maniés par des moralisateurs bien-pensants partout dans le monde."

Je rejoins Bill dans cette idée — et je vous laisse avec cette citation de Milan Kundera, précieuse en ces jours sombres :

"L’humour : l’éclair divin qui découvre le monde dans son ambiguïté morale et l’homme dans sa profonde incompétence à juger les autres ; l’humour : l’ivresse de la relativité des choses humaines ; le plaisir étrange issu de la certitude qu’il n’y a pas de certitude".

Puissent certains la lire et méditer un peu sur la sagesse qu’elle contient…

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora