Mario Draghi a parlé, Donald Trump aussi… et c’est ainsi qu’on fait grimper les marchés, de nos jours.
Quelques notes à la volée pour aujourd’hui, cher lecteur, votre correspondante ayant une matinée… compliquée.
Pas aussi compliquée que celle de Donald Trump, toutefois. Quasiment en même temps qu’il prenait rendez-vous – une date historique – avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, le président américain a rendu définitivement officielle son intention d’appliquer des taxes douanières de 25% sur l’acier et 10% sur l’aluminium.
Un bol d’air pour l’industrie américaine ? Nous en doutons fort, à la Chronique, comme nous vous le disons depuis quelques jours.
A présent, un cabinet de consultants en commerce international, Trade Partnership, vient ajouter quelques chiffres à nos explications. Voici ce qu’en dit le site ABC News :
« [Trade Partnership] a publié lundi un rapport estimant que les taxes douanières proposées – 25% sur les importations d’acier et 10% sur l’aluminium – mèneraient à une perte nette de près de 146 000 emplois, en tenant compte d’une augmentation de 33 000 emplois dans les secteurs de l’acier et de l’aluminium. Ils ont utilisé le même modèle, pour parvenir à ces estimations, que celui utilisé par le département du Commerce pour justifier les taux de ces taxes ».
Quand on vous disait que ce n’était pas une bonne idée…
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Quoi qu’il en soit, les marchés se sont repris, depuis la chute qui a suivi l’annonce de Trump. Ils ont été bien aidés par Mario Draghi, président de la BCE, qui a prononcé hier une petite phrase reprise et épluchée par tous les analystes, suite à la réunion de mars de la Banque centrale européenne :
« Il n’y a pas eu de discussion sur une autre modification de la politique monétaire ».
Vous pensez que c’est franchement peu à se mettre sous la dent, cher lecteur ? Je vous comprends – mais ni vous ni moi ne sommes des institutions financières dépendant au dernier degré de la dette et de l’argent facile.
Ce que l’industrie financière retient de cette petite phrase, donc, c’est que si la BCE semble bien avoir « lâché » son biais extrêmement accommodant, elle n’envisage toutefois aucune accélération ou durcissement de son resserrement.
Il n’en fallait pas plus pour que les marchés respirent plus aisément : certes, le programme de désintoxication à la dette n’est pas annulé… mais ils ne devront pas renoncer à leur dose plus rapidement que prévu.
C’est ainsi qu’on fait grimper les marchés, de nos jours : non pas avec une économie solide ou à des entreprises en croissance… mais par la grâce d’une parole banale de fonctionnaire surpayé.
2 commentaires
« la grâce d’une parole banale de fonctionnaire surpayé ». En fait, Draghi n’a touché que 396900€ bruts en 2017, équivalent à un directeur anonyme dans une grande entreprise privée. C’est une goutte d’eau dans l’océan de liquidités qu’il a déversé sur le marché. Ou alors avez-vous enfin pu recueillir des informations sur ses comptes numérotés ? Même avec 1% de commission, 6 fois moins qu’un agent immobilier de province, il doit bien lui rester 20Mds €.
Je pense que vous confondez les « marchés » avec les interventions(achats) des banques centrales