La Chronique Agora

Le dollar, une baisse garantie

Tesla et le bitcoin sont des paris spéculatifs ; pour le long terme, préférez des investissements plus sûrs et plus stables… même s’il s’agit de parier sur leur chute quasi-certaine.

Nous avons eu de la chance avec nos Transactions de la Décennie. La première, en 2000 – vendez les actions, achetez de l’or – était gagnante, et de loin. L’or a été l’une des classes d’actifs enregistrant les meilleures performances durant la décennie qui a suivi, tandis que les actions se traînaient.

La suivante, en 2010, était plus « étrangère » : vendez les obligations japonaises, achetez les actions japonaises. Là encore, les choses ont bien tourné, quoique de manière moins spectaculaire.

A elles deux, ces transactions auraient multiplié votre investissement par six environ sur les 20 dernières années.

Cela ne semble pas grand’chose par rapport à Tesla ou au bitcoin – mais ces deux actifs sont des paris spéculatifs. Ils auraient tous deux pu chuter et se retrouver à zéro. Il n’y avait pas la moindre possibilité, en revanche, que l’or ou l’ensemble des actions japonaises se retrouvent à zéro.

Et nous revoilà… avec une nouvelle décennie. Nous clôturons notre transaction japonaise. Qu’acheter maintenant ? Que vendre ? Nous ne faisons cela qu’une fois tous les dix ans, nous avons donc intérêt à ne pas nous tromper…

Déséquilibres

Notre Transaction de la Décennie est conçue pour capter un déséquilibre. Les choses extraordinaires tendent à devenir moins extraordinaires à mesure que le temps passe.

Les gens retrouvent leurs esprits. Les guerres prennent fin. Les bulles éclatent. Les dépressions donnent naissance à une nouvelle croissance. Quoi qu’il se passe, une période de 10 ans vous donne assez de temps pour retrouver l’équilibre.

Inutile de chercher bien loin les déséquilibres d’aujourd’hui. En d’autres termes, pas besoin de travailler très dur pour voir quoi mettre du côté « vente » de la transaction.

Le dollar US est la devise de réserve mondiale. Il a atteint ce statut après la Deuxième guerre mondiale, lorsqu’il était la devise de la première économie au monde.

Il était également adossé à l’or, de sorte que les banques centrales pouvaient détenir des dollars US et les échanger contre de l’or à tout moment. Dans les faits, détenir des dollars et détenir de l’or revenait au même.

Puis, en 1971, l’administration Nixon a refermé avec fracas la « fenêtre de l’or » – qui permettait aux pays étrangers d’échanger leurs dollars papier contre du métal.

Depuis, le monde continue d’utiliser des dollars qui – même s’ils ont perdu 94% de leur valeur pré-1971 (telle que mesurée en or) – sont restés une devise de réserve durable.

Le problème fondamental, toutefois, a été identifié par un économiste européen, Robert Triffin, dans les années 60.

Plus les gens (et les banques centrales étrangères) voulaient de dollars, plus les Etats-Unis devaient en fournir. Ensuite, plus les USA « imprimaient » de dollars, moins chacun d’entre eux aurait de valeur.

Le « dilemme de Triffin » garantit qu’aucune devise de réserve – à moins d’être résolument liée à l’or – ne survivra longtemps. Les politiques actuelles du gouvernement US (le « gardien » du dollar) nous disent que le dollar est sur le point d’être massivement déprécié.

Mors aux dents

Les devises sont toujours soumises à une loi d’airain : si la quantité augmente, la qualité baisse (plus n’est pas mieux).

Les gouvernements peuvent contrôler l’une ou l’autre… mais pas les deux. Ils peuvent « imprimer » plus de monnaie… réduisant ainsi la qualité. Ou ils peuvent maintenir la valeur (qualité) de la monnaie, mais seulement en n’en « imprimant » pas plus.

Les Etats-Unis, pour leur part, ont pris le mors aux dents, atteints d’une « fièvre imprimeuse » comme on n’en a encore jamais vu.

Avec l’approbation des prochaines mesures de « relance » suite au coronavirus, le déficit US pourrait atteindre les 2 300 Mds$ cette année. En pourcentage du PIB, ce serait plus élevé qu’à tout autre moment de l’Histoire connue en dehors de la Deuxième guerre mondiale.

Et partout où l’on se tourne, il y a de plus en plus d’appels à la « relance », sans véritablement se soucier de sa provenance.

Inévitablement, elle doit venir de la planche à billets. Et chaque dollar supplémentaire doit diluer la valeur de la masse actuelle de monnaie US.

A un moment ou à un autre, au cours des 10 prochaines années, il est presque certain que cette « inflation » sera être plus visible qu’elle ne l’est aujourd’hui… et il est presque certain que la valeur du dollar sera inférieure.

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