Si nous considérons les flux du commerce mondial et les ratios de la dette internationale, nous ne voyons rien de positif à l’horizon pour le dollar US.
Les Etats-Unis sont l’économie la plus fortement endettée au monde. Leur position nette, en matière d’avoirs extérieurs, continue de se dégrader avec déjà 7 357 milliards de dollars dans le rouge (premier graphique) par rapport au reste du monde.
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Plus en détail, on voit qu’à la fin du quatrième trimestre 2015, les dettes (deuxième graphique ligne jaune) sont supérieures à la valeur des avoirs (deuxième graphique ligne bleue). D’un point de vue fondamental, le dollar devrait être dévalué et les carry traders qui favorisent le dollar prennent des risques élevés. C’est ce que montrent les nouvelles publications sur les positions d’investissements publiées par le BEA.
Le dollar américain est loin d’être un refuge sûr |
La dette extérieure nette des Etats-Unis devient de plus en plus un problème fondamental. L’investissement à l’étranger est de 23 208 milliards de dollars, tandis que le passif se chiffre à 30 565 milliards de dollars. Depuis le début 2008, le montant net du passif vis-à-vis de l’étranger a considérablement augmenté passant de 4 000 milliards à 7 300 milliards de dollars, ce qui en fait l’économie la plus endettée au monde : le dollar américain est loin d’être un refuge sûr !
Une économie exemplaire ?
Le rôle présumé des Etats-Unis comme moteur de l’économie mondiale n’est pas évident, au moins au regard du commerce extérieur. Une économie où la dette publique est la plus élevée au monde, qui a le plus fort déficit du compte courant et la dette extérieure la plus élevée du monde ne peut pas être une économie « exemplaire ».
Sur les marchés des changes, une monnaie avec de tels fondamentaux inspirerait la méfiance, surtout si elle se mettait à s’apprécier par rapport aux autres monnaies. Devant la menace de dévaluation, les marchés devraient demander un taux d’intérêt supérieur par rapport à d’autres monnaies avec de meilleurs fondamentaux, cette prime servant à compenser le risque de dévaluation.
Bien sûr, il y a beaucoup à dire sur l’euro mais, dans cette zone, le rapport dette publique/PIB est inférieur à celui des Etats-Unis ; la balance commerciale est en excédent et l’investissement à l’étranger équilibre, à peu près, la dette extérieure. Comme le montrent les nouveaux indicateurs avancés, la croissance laisse à désirer et les marchés du travail doivent être améliorés aussi bien aux Etats-Unis qu’en Zone euro.
Nous nous rapprochons tout doucement d’une situation où les marchés de devises ne considéreront plus les prévisions sur l’évolution des taux d’intérêt comme le facteur d’influence le plus important sur les taux de change |
Ainsi, en 2016, nous nous rapprochons tout doucement d’une situation où les marchés de devises ne considéreront plus les prévisions sur l’évolution des taux d’intérêt comme le facteur d’influence le plus important sur les taux de change, et elles seront remplacées par les prévisions sur les données fondamentales de l’économie.
Ensuite, il semblera « normal » que l’écart d’intérêts entre deux monnaies serve à protéger contre le risque de dévaluation. C’est surtout dans la seconde moitié de 2016 que la divergence entre la politique monétaire des Etats-Unis et celle de la Zone euro sera moins importante qu’actuellement prévu.
Conclusion
A l’heure actuelle, les cambistes pratiquant le carry trade sont presque tous longs en dollar et courts en euro car la plupart anticipent une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis et une continuation de la politique des taux d’intérêt zéro dans la Zone euro.
Cette stratégie présente un haut niveau de risque car elle ne tient pas compte des fondamentaux. En effet, une hausse significative des taux d’intérêt américains et la mise en place d’une vraie politique monétaire restrictive de la part de la Fed ne sont pas imminentes. Les données fondamentales indiquent un prix USD/EUR à 1,20 d’ici un an. Les placements en titres américains sont un investissement risqué.