** Les actions grimpent depuis plusieurs mois, aux Etats-Unis. C’est probablement la meilleure raison pour laquelle elles doivent chuter. Si le Dow sauvegarde sa performance positive pour le mois de novembre, le vénérable indice enregistrerait six mois consécutifs dans le vert. Il est peut-être temps de voir un mois baissier.
– Oubliez les PER ; oubliez les gains de productivité ; oubliez les dividendes. Les marchés ne se soucient pas de tout ça. Les marchés grimpent quand ils en ont envie. Et ils chutent quand ils en ont envie.
– Sur des horizons de long terme, bien entendu, des choses comme les bénéfices et les taux d’intérêt ont beaucoup d’influence sur les valorisations boursières. Mais à court terme, ce sont les GENS qui influencent les valorisations… et non les DONNEES. L’attitude collective des investisseurs détermine les niveaux de prix des actions.
– Pour anticiper l’évolution des marchés à court terme, il peut donc parfois être payant de surveiller l’attitude collective des investisseurs. [NDLR : C’est ce que fait notre spécialiste Sylvain Mathon… et cela lui a déjà permis d’engranger une performance cumulée de 155% en un peu plus de deux mois. Pour savoir comment, continuez votre lecture… ]
– Lorsque les investisseurs se sentent extrêmement pessimistes, c’est souvent le signe qu’un rebond boursier va commencer. Et lorsqu’ils se sentent suprêmement confiants et complaisants, les prix des actions tendent à chuter. C’est du moins le principe de base motivant "l’investissement contrarien".
– Actuellement, les investisseurs se sentent extrêmement confiants… peut-être un peu trop. En fait, Jay Shartsis, trader en options expérimenté et observateur averti des marchés, soupçonne que le sentiment des investisseurs est trop haussier pour le bien du marché.
– "Lorsque les Etats-Unis ont déclaré la guerre au Japon après l’attaque sur Pearl Harbor", a remarqué Jay la semaine dernière, "le vote du Congrès était unanime, à part un membre, qui pensait que dans une démocratie, il n’était pas convenable que tout le monde vote en faveur de la guerre. Je ne me souviens pas du nom de ce représentant, mais je parierais qu’elle (je crois que c’était une femme) serait baissière sur les marchés en ce moment. Le sentiment haussier est unanime".
– "Mais les baissiers du marché ont plus de preuves en leur faveur que notre politicienne de 1941", affirme Jay. "Par exemple, le 17 novembre, avec le Dow à 12 342, on comptait 163 nouveaux sommets sur le NYSE. Par comparaison, le 26 octobre, avec le Dow à 12 163, il y avait 431 nouveaux sommets. Une nette contraction des nouveaux sommets avec un Dow pourtant 200 points plus élevés. Une belle preuve baissière".
** Il est intéressant de noter que les chiffres extrêmement bas du VIX corroborent ces "preuves baissières". L’indice VIX mesure la volatilité implicite des diverses options sur le S&P 500. Dans la mesure où le VIX est basé sur les prix des options en temps réel, il reflète l’opinion générale des investisseurs sur la future volatilité boursière. "Durant les périodes de stress financier, qui sont souvent accompagnées de déclins prononcé des marchés", nous explique le site internet du CBOE, "les prix des options — et le VIX — tendent à grimper. Plus la crainte est grande, plus le VIX est élevé. Lorsque les craintes des investisseurs s’apaisent, les prix des options tendent à décliner, ce qui provoque à son tour une baisse du VIX".
– Le fait que le VIX se languit à des planchers de 13 ans suggère donc que les investisseurs sont bien trop confiants et complaisants.
– Les ratios put/call nous disent la même chose.
– "Le ratio put/call à 21 jours basé sur les volumes pour le marché large est descendu à peu près au niveau qu’il occupait lors du sommet du marché début mai dernier", observait récemment Jay. "Il est désormais à 66 puts échangés pour 100 calls ; à l’époque, il était à 65. Imaginez : il a fallu une hausse directe de 15% pour en arriver là".
– Pour terminer, Jay note que le Dow a grimpé de 1 000 points au dessus de sa moyenne mobile à 200 jours. "C’est un record historique", note-t-il. "Joe Granville, qui a souligné cela, appelle cela ‘un avertissement majeur, et un signal de vente à lui tout seul’. Difficile à ignorer".
– Le Dow est en hausse de 14% sur l’année. 14%, ce n’est pas trop mal. Pourquoi ne pas s’arrêter là et prendre quelques vacances en décembre ?