Impossible d’y échapper en ce moment dans l’actualité. J’imagine que vous savez que s’est tenu la semaine dernière le Sommet mondial pour la sécurité alimentaire. Un sujet d’autant plus brûlant que, pour la première fois cette année, nous venons de franchir le cap fatidique des un milliard d’êtres humains souffrant de la faim dans le monde. Ce qui représente tout de même 100 millions de personnes supplémentaires par rapport à l’époque des meurtrières émeutes de la faim, en 2008.
Or, dans une interview accordée au quotidien Le Monde, Olivier de Schutter, rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation, a averti que de telles émeutes risquaient de se reproduire dans les deux ans à venir.
Plus que jamais, il est donc urgent de mettre en place des mesures destinées à favoriser l’agriculture — ce qui est un de mes axes d’investissement dans Défis & Profits. Les aides financières des pays développés demeurent indispensables, mais la solution passe par le développement de l’agriculture.
La situation est d’autant plus urgente que, comme l’a rappelé Ban Ki-Moon dans un discours, le réchauffement climatique vient aggraver la situation. Ainsi, si la température augmente de plus de 2%, la productivité agricole de régions entières comme l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine pourrait tomber de 20% à 40%.
Pourtant, d’après des professionnels du secteur du climat, le sommet de Copenhague est voué à l’échec. Les intérêts des pays sont trop divergents et trop nombreux sont ceux qui refusent un accord contraignant, aux objectifs chiffrés.
L’observation satellitaire au service de la terre
Le changement climatique, voilà d’ailleurs l’une des raisons qui pousse les agriculteurs à se tourner vers une nouvelle technologie, qui n’en est qu’à ses balbutiements, mais semble très prometteuse : l’analyse des sols et des cultures par satellite.
Cela semble sortir tout droit d’un film de science-fiction, mais ce n’est pas une plaisanterie, ce sujet — qui recoupe d’ailleurs à la fois nos thématiques d’investissement sur l’agriculture et les satellites — fait l’objet d’un article dans The Economist.
En effet, à cause du changement climatique, les agriculteurs peuvent de moins en moins s’appuyer sur les traditions météorologiques pour prévoir leurs cultures. Un nouveau service, par satellite, permet de remédier en partie à ce problème.
Désormais, il existe des systèmes d’analyse par satellite qui permettent à la fois d’analyser la qualité des sols, donc de prévoir le genre d’engrais qu’il leur faut, tout en combinant cela à des analyses météorologiques. Un service à la carte pour les agriculteurs !
Comment cela est-il possible ? En mesurant les radiations électromagnétiques réfléchies par la terre. Les données recueillies par les satellites permettent ensuite de déterminer avec précision la qualité des sols, la composition des cultures (teneur en chlorophylle, minéraux…), l’humidité de la terre… Autant d’indications essentielles pour l’agriculteur.
Evidemment, de telles techniques sont encore loin d’être répandues. A vrai dire, c’est même la France qui est le plus en avance dans ce domaine. "L’espace, c’est moi", titre avec humour, et en français, The Economist. En effet, ce système est en ce moment appliqué par EADS Astrium, ou plus précisément une de ses filiales, Infoterra.
Le magazine souligne également que les gouvernements devraient être intéressés par ce système, qui permet de détecter les zones en sur ou sous dosage d’engrais. Tout comme les écologistes, qui y voient un moyen de détecter plus tôt de potentielles catastrophes écologiques, comme une pollution durable des sols.
Bref, ce nouvel exemple prouve une fois de plus combien tous nos thèmes d’investissement sont liés, parfois même là où on ne les attendait pas du tout. De plus, tout cela montre bien à quel point le changement climatique joue désormais un rôle clé dans toutes les décisions qui sont prises (même si décembre risque justement de briller par l’absence de décision). Je pense que je consacrerai bientôt un numéro de Défis & Profits, peut-être deux, au climat, et donc à sa préservation. Ce qui nous mène aux énergies vertes.