Qui irait s’inquiéter des dépenses publiques, parmi les citoyens… puisque l’argent de l’Etat est utilisé pour financer allocations et programmes d’aide ? Et pendant ce temps, la dette continue de grimper…
Nous avons vu hier que les dépenses publiques avaient pris des proportions sans précédent. La question que l’on peut se poser désormais est… quand est-ce que les choses reviendront à la « normale » ?
Rien n’indique pour l’instant que cet accroissement massif de la part des dépenses fédérales soit sur le point de prendre fin. Bien que les chiffres pour l’année 2021 montrent une tendance à la baisse par rapport à la frénésie de dépenses de l’année 2020, la situation est encore loin d’être revenue à ce qu’elle était auparavant, ou même à ce qu’elle était lors de la Grande récession, au cours de laquelle plusieurs plans de sauvetage avaient été votés.
Le Congressional Budget Office [Bureau du budget du Congrès US, NDLR.] estime à présent que le déficit sera de nouveau supérieur à 3 000 Mds$ en 2021. Toujours selon le CBO :
« Le déficit budgétaire sera équivalent cette année à 13,4% du PIB […] Il s’agit du second niveau le plus important depuis 1945, uniquement dépassé par le déficit de l’année 2020. »
Les leçons politiques à en tirer
Cette frénésie de dépenses nous indique que la classe politique et l’électorat sont dans un tel état de panique, face à la crise du coronavirus, qu’il est peu probable qu’ils décident de soutenir des mesures visant à véritablement limiter les dépenses publiques.
Il est en effet remarquable qu’il faille remonter à la Deuxième guerre mondiale pour trouver un exemple de réaction politique similaire en termes de dépenses publiques. Ni la guerre de Corée, ni la guerre du Vietnam, ni même l’obtention de la bombe atomique par Joseph Staline, en 1949, n’ont servi à justifier le genre de dépenses frénétiques qui ont été approuvées dans un climat de panique face à la crise du Covid.
Il faut plutôt remonter à l’époque où les Américains craignaient que Hideki Tojo ne bombarde San Diego jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien pour trouver un exemple de la volonté politique nécessaire à l’adoption de dépenses d’une ampleur aussi importante que ce que nous avons pu observer en 2020.
Et nous avons certainement vu cette attitude à l’œuvre à Washington.
Le peu d’opposition qui s’est manifestée l’année dernière est venue d’une petite poignée de dissidents tels que Thomas Massie, qui a osé demander qu’un vote nominatif soit organisé concernant l’un des plans d’aide de 2 000 Mds$ passé par le Congrès l’année dernière.
Les dirigeants du Congrès US ne voulaient qu’un vote oral, sans débat et avec quasiment aucun membre présent physiquement au Congrès, de sorte qu’il n’y aurait aucune trace du vote de chaque membre sur ce projet de loi. Pour avoir émis cette simple objection, Donald Trump a déclaré que Massie était « un désastre pour l’Amérique » qui devrait être « exclu du Parti républicain ».
Les démocrates n’ont pas été beaucoup plus élogieux à son égard. Le Congrès n’a même pas essayé de maintenir ne serait-ce que l’apparence d’un débat démocratique ou un semblant de contre-pouvoirs. Les membres du Congrès ne faisaient qu’approuver automatiquement les rallonges budgétaires proposées et ses dirigeants n’acceptaient aucune dissidence de la part des deux partis.
Qui se soucie encore du contrôle des dépenses publiques ?
Chaque fois que le Congrès approuve un nouveau plan d’aide de plusieurs milliards de dollars, la majorité de l’électorat reste indifférent.
Le plus grand nombre semble penser « et alors, qu’est-ce que ça peut bien faire ? » Il est donc peu probable que nous découvrions l’existence d’un groupe suffisamment important de militants contre la dépense publique au sein du grand public américain. Il s’agit simplement de la dernière illustration des effets de « ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » [référence au titre de l’essai écrit par l’économiste français Frédéric Bastiat, NDLR.].
Le grand public peut voir le gouvernement dépenser davantage pour les infrastructures, l’assurance chômage, les prêts aux entreprises et la distribution d’argent « gratuit » aux ménages américains.
La plupart des Américains seront probablement séduits par l’un ou l’autre de ces programmes de dépenses et ne s’y opposeront donc pas avec beaucoup de vigueur. Après tout, ils peuvent constater l’ensemble des avantages immédiats pour eux, sans qu’il n’y ait de connexion évidente avec l’augmentation des impôts.
Ainsi, une grande partie du public ignore complètement « ce qu’on ne voit pas », c’est-à-dire les biens et services qui auraient pu être achetés avec cet argent s’il n’avait pas été redistribué par l’Etat.
« Ce qu’on ne voit pas », c’est aussi l’accumulation de mauvais investissements, l’inflation et l’accroissement des pouvoirs de l’Etat. De plus, l’expansion de la masse monétaire nécessaire pour continuer de financer les déficits budgétaires alimente les inégalités économiques artificielles.
La création monétaire alimente en effet l’inflation des prix des actifs détenus par les plus fortunés tout en appauvrissant les gens ordinaires du fait de l’inflation et des cycles d’expansion et de récession successifs.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.