** La semaine dernière, la Fed a fait ce qu’on attendait d’elle — elle a baissé son taux directeur jusqu’à 2%, soit environ la moitié du taux d’inflation des prix à la consommation aux Etats-Unis. Et là, nous nous posons des questions. Quel genre de banque prêterait de l’argent pour moins que le taux d’inflation ? N’est-elle pas assurée de perdre de l’argent ?
* Oui, bien entendu… mais c’est une très longue histoire…
* Une autre chose extraordinaire s’est produite : le gouvernement fédéral américain a commencé à envoyer des "réductions d’impôts" à ses citoyens. Bien entendu, ce ne sont pas du tout des réductions. Tout Américain ayant renvoyé une déclaration d’impôts recevra 300 $, qu’il doive payer des taxes ou non. Une personne payant effectivement des impôts recevra 300 $. Les enfants et personnes à charge recevront 300 $ chacun.
* Hélas, les médias nous annoncent qu’une bonne partie des effets positifs de ce programme de bienfaisance seront perdus à cause de la hausse des prix du carburant et de l’alimentation.
* Les Etats-Unis sont déjà dans le rouge de 9 300 milliards de dollars (sans parler des 40 000 milliards de dollars du "déficit de financement" des programmes gouvernementaux). L’administration US distribue de l’argent qu’elle n’a pas vraiment — à hauteur de 106 milliards de dollars. Mais elle le fait pour une bonne raison — c’est du moins ce que pensent les politiciens. Le président de tous les Américains, George W. Bush, a déclaré que ces sommes seront "bonnes pour l’économie de consommation".
* Prêter sous le taux d’inflation… distribuer de l’argent qu’on n’a pas, quand on est déjà si endetté qu’on ne s’en sortira jamais — comment est-ce que tout cela pourrait être bon pour l’économie réelle ? Mais les Américains se sont aventurés si loin au pays de l’Imaginaire qu’ils ne retrouveront jamais leur chemin.
* Une économie de consommation peut profiter des dépenses de consommation — mais uniquement si les consommateurs ont de l’argent à dépenser. Si donner de l’argent bidon qu’on n’a pas vraiment améliore vraiment les choses — pourquoi s’arrêter à 300 $ par personne ? Pourquoi ne pas donner 1 000 $ par tête… voire 5 000 $ ?
* De même, si c’est une bonne idée que de prêter de l’argent à 2% sous le taux d’inflation… pourquoi ne pas prêter à 10% sous le taux d’inflation ?
* La chose vraiment extraordinaire, c’est que les esprits les plus intelligents du pays pensent pouvoir contrôler l’économie avec ces méthodes extraordinaires. Mais c’est normal, n’est-ce pas ? La personne convaincue que boire n’affecte pas sa manière de conduire est toujours la personne qui tient la bouteille de whisky.
** Pendant ce temps, le Brésil est en plein boom. Ses obligations sont montées en grade la semaine dernière. La devise brésilienne grimpe par rapport au dollar. Les exportations du pays ont triplé au cours des cinq dernières années. Le pays est désormais créditeur net par rapport au reste du monde — avec 171 milliards de dollars dans ses réserves. Et son marché boursier enregistre les meilleures performances de la planète cette année.
* Oui… le monde tourne. Les républiques bananières s’enrichissent, tandis que les pays riches n’ont plus la banane.