Depuis 2009, les gérants qui spéculent à la baisse cumulent les infortunes. Les liquidités des banques centrales polluent même le capital-risque dont les prix s’envolent aussi.
David Einhorn était une star. Ce gérant avait prévu la faillite de Lehman Brothers, avait investi en conséquence et fait gagner beaucoup d’argent aux investisseurs de son fonds Greenlight.
Hélas, la lumière du phare vert devient de plus en plus falote. Après avoir gagné seulement 1,6% en 2017 et perdu 19% au premier semestre 2018, les clients fuient.
David Einhorn a misé en 2017 sur la chute de Netflix, Amazon, Tesla. Il a eu tort. Il avait misé sur la remontée des taux longs en France en 2014. Il a eu tort.
En ce moment, il détient une grosse position sur General Motors.
Que peut-on retenir de ce genre de malheur ?
Qu’il est imprudent de parier à la baisse sur des actions ou des obligations lorsque les banquiers centraux ont 100% la main sur les marchés financiers. Ce n’était pas encore le cas en 2008. Récemment, ceux qui ont parié sur la chute des banques allemandes Deutsche Bank et Commerzbank lèchent leurs plaies financières.
Notre problème en tant qu’investisseur particulier est que nous savons :
- que le prix des actifs financiers – actions comme obligations – est bien trop élevée,
- qu’il faut acheter bas pour espérer revendre plus haut,
- que nous avons atteint probablement le sommet des marchés au début de l’année.
Pour illustrer ce dernier point, voici la capitalisation en dollar de toutes les actions rentrant dans l’indice mondial Bloomberg :
Nous savons tout cela mais nous savons aussi que si nous ne faisons rien avec notre argent, nous en perdons puisque les taux d’intérêt réels (rémunération de l’argent placé sans risque diminuée de l’inflation) sont nuls ou négatifs.
La seule solution raisonnable consiste donc à acheter des actions valorisées à l’ancienne (cinq à sept fois leurs bénéfices), que ce soit des entreprises dites de croissance ou mature, et à se couvrir avec le seul actif financier actuellement décoté : l’or.
Dénicher des actions correctement valorisées est en ce moment une prouesse. Même dans le non-coté – compartiment traditionnellement moins cher puisque ces investissements sont beaucoup moins liquides – les estimations sont devenues aussi délirantes.
L’actualité récente nous en offre une illustration avec le rachat de Mondocteur par Doctolib.
Créée en décembre 2013, Doctolib – qui édite un logiciel de prise de rendez-vous médicaux – a connu une croissance lui permettant d’exporter son modèle en Allemagne en 2016. Désormais leader européen dans son domaine, elle fait l’acquisition d’une plus petite proie : Mondocteur, cédé par Largardère Active et qui détient 10% du marché français.
D’après Le Monde, le montant « serait compris entre 45 et 50 millions d’euros en cash« , avec de l’argent levé auprès d’Accel Partners, Eurazeo et BPI France.
Le chiffre d’affaires mensuel de Mondocteur serait de 350 000 € selon les estimations du Journal du Net en 2016. Voici donc une entreprise mature de cinq ans d’âge payée plus de 10 fois son chiffre d’affaires !
Vous noterez que cet achat ne se fait pas avec de l’argent qu’aurait gagné Doctolib. Il se fait avec une levée de fonds dont une partie est de l’argent des contribuables puisque BPI France a mis en pot.
Et bien entendu, personne ne parle de bénéfices…
Mais terminons sur une note optimiste : il est encore possible de dénicher des entreprises de croissance avec déjà des clients, des marges et des bénéfices et de les payer à un prix raisonnable. Dans ces conditions, des plus-values de 10 fois votre mise à horizon de cinq ans sont probables.
1 commentaire
» il est imprudent de parier à la baisse sur des actions ou des obligations lorsque les banquiers centraux ont 100% la main sur les marchés financiers. »
Je ne défend absolument pas la politique keynésienne des banques centrales mais historiquement les marchés se sont toujours très bien débrouillés tout seul y compris dans des contextes de taux élevés pour créer des phénomènes de bulles à plus ou moins grande échelle, par exemple dans le cas des dot com.
Cela s’explique par la « Herd mentality » profondément enracinée dans la psychologie humaine (et qui peut par ailleurs trouver des explications en fait rationnelles).