Par Byron King (*)
"Si ça saigne, c’est un gros titre", entend-on souvent dans les rédactions des journaux du monde entier. Lorsque des mauvaises nouvelles sont à la une, c’est en général lié à une tragédie ou des difficultés pour quelqu’un quelque part. Qu’il s’agisse de guerre, de crime, d’incidents à grande échelle, de désastres naturels ou autre, ces gros titres parlent en général de quelqu’un qui se trouve coincé entre le marteau et l’enclume.
A chaque jour son gros titre, bien entendu. Et il y avait certainement de mauvaises nouvelles au Pakistan (un pays qui, faut-il le rappeler, dispose de l’arme nucléaire). Les cours de l’or, de l’argent et du pétrole ont promptement grimpé en flèche à l’annonce de l’assassinat de l’ancien Premier ministre du Pakistan, Benazir Bhutto (que j’ai connue durant mes études à Harvard — je vous en dirai plus dès demain). Aussi mauvaises et tragiques que soient les nouvelles provenant du Pakistan, elles ne font que souligner l’importance de l’investissement défensif, dans les bons secteurs.
Les mauvaises nouvelles pakistanaises ont eu un bon côté pour les gens qui investissent dans les métaux précieux. Avec elles, l’argent-métal est passé de 14 $ à 14,70 $ l’once, soit 5% en un jour.
A présent, parlons du pétrole. Le prix de l’or noir a grimpé avec l’assassinat de Benazir Bhutto. Bien entendu, l’offre de pétrole, sur cette planète, est sur le fil du rasoir avec la demande. En général, la moindre mauvaise nouvelle ajoute donc des dollars aux cours. L’autre jour, par exemple, un tremblement de terre au Venezuela a également perturbé le prix du pétrole sur les marchés mondiaux. Il n’y a pas eu le moindre dégât sur les infrastructures pétrolières vénézuéliennes — mais la seule pensée que le séisme ait pu casser quelque chose a suffi à déclencher le signal "acheter" dans les esprits des traders de la planète.
Le Pakistan n’est pas une puissance pétrolière mondiale, alors pourquoi la mort de Mme Bhutto a-t-elle provoqué la hausse des cours du pétrole ? Parce que bon nombre de gens, en Occident, espéraient que Benazir Bhutto reviendrait au pouvoir au Pakistan, ce qui aurait contribué à reprendre le contrôle de la situation. Entre autres choses, Mme Bhutto aurait sans doute été plus ouverte que d’autres dirigeants aux efforts occidentaux pour sécuriser les armes nucléaires du Pakistan. Ces armes "libres" sont un cauchemar pour ceux qui rêvent de stabilité mondiale. Maintenant que Mme Bhutto a été assassinée, il est à peu près certain que la sécurité nucléaire qu’on espérait ne se réalisera pas de sitôt. Pire encore, le Pakistan glisse peut-être dans la révolution. Et pour un pays doté de l’arme nucléaire, la révolution n’est pas une bonne chose.
Les événements au Pakistan vont-ils provoquer une sorte d’éruption dans le monde islamique ? En fait, personne ne le sait. Nous allons devoir attendre. Mais de la perspective du monde occidental et de ses intérêts, s’il doit y avoir une avancée spectaculaire dans le monde de l’extraction pétrolière, plus elle se produira tôt, mieux cela vaudra.
Le danger et l’instabilité que nous voyons au Pakistan apportent également de nouveaux arguments à la cause des énergies renouvelables de long terme. Moins on dépendra du Moyen-Orient, mieux ce sera. Et il n’y a pas meilleur moyen d’obtenir de l’électricité de manière durable et peu polluante que la géothermie. Dans les faits, on "extrait" de la chaleur de la Terre à un prix compétitif par rapport à celui du charbon le moins cher (mais sans les cheminées disgracieuses, les émissions de CO2, le chemin de fer sortant de la mine — ou la mine tout court). Et selon l’emplacement, on trouve de vastes réserves de chaleur sous la surface terrestre.
La suite dès demain…
Meilleures salutations,
Byron King
Pour la Chronique Agora
(*) Byron King est diplômé de la faculté de Droit de Harvard et exerce actuellement en tant qu’avocat à Pittsburgh, en Pennsylvanie.