Les politiques monétaires reposent sur la courbe de Philllips dont il est maintenant prouvé qu’elle est fausse. Jusqu’à quand allons-nous subir leurs nuisances ?
La Banque du Japon l’a fait !
La Banque du Japon l’a fait ! Elle a réduit la taille de son bilan sans déclencher de panique financière générale.
Retirer de l’argent de l’économie, c’est resserrer les conditions financières. Or, ce n’est pas ce que sont censées faire les banques centrales lorsque l’inflation est inférieure à leur cible.
La réduction du bilan enregistrée en décembre est la première depuis les « Abenomics » lancés en 2012 pour tenter de faire repartir la croissance et l’inflation au Japon. Cela n’a pas marché, malgré la multiplication par quatre du bilan de la banque centrale.
Que signifie alors cette réduction de décembre ? Les Japonais admettraient-ils leur défaite ? Auraient-ils compris, au bout de 40 ans d’essais, que leur politique monétaire ne fonctionne pas ?
Quand les banques centrales du monde entier sont dans le pétrin
Il n’y a pas que les Japonais qui sont dans la confusion. Les banques centrales du monde entier se retrouvent dans le pétrin.
Les Américains ont entamé le même processus de réduction de la taille de leur bilan il y a quelques mois. Ils ont atteint leurs cibles d’inflation et de chômage. Mais la croissance du PIB et la productivité sont en dessous des prévisions.
En Europe, la Banque centrale européenne doit jongler avec les inflations très disparates propres à chacun de ses différents Etats membres. Bonne chance pour appliquer une politique monétaire unique à des pays si dissemblables.
Il y a quelques semaines le Comité de politique monétaire (Monetary Policy Committee) de la Banque d’Angleterre a voté pour continuer le quantitative easing (QE) à un rythme de 435 milliards de livres par an – et ce malgré une inflation galopante. Le gouverneur s’est donc vu dans l’obligation de fournir une explication.
Il semble que les banquiers centraux de tous pays n’arrivent pas à obtenir ce qu’ils veulent. Nous allons voir pourquoi.
Le grand défaut de leur raisonnement pourrait se traduire par un changement énorme qui se prépare au sein même des institutions les plus puissantes au monde.
Et vu que leur politique a sauvé votre retraite en 2008, vous voulez savoir ce qui se passe.
Les fausses hypothèses des banques centrales
Depuis des dizaines d’années, les banquiers centraux gèrent la relation entre l’inflation et le chômage. Tout ça pour découvrir au final qu’il n’y en a pas.
Ces 10 dernières années en ont apporté la preuve. En fait, la relation entre l’inflation et le chômage n’a existé que pendant un laps de temps très bref. Pourtant, elle continue d’être la théorie économique la plus influente aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’elle justifie la politique monétaire elle-même, l’idée que les Etats peuvent et doivent gérer l’économie.
Je sais que gérer l’économie via des taux d’intérêt semble être une idée stupide. Mais les gens croient en de telles absurdités. Au cours du siècle dernier, l’Etat britannique a géré les télécoms, établi les salaires, rationné le pétrole et le charbon, contrôlé les loyers et fixé le prix de toutes sortes de produits de consommation. De nos jours, seuls le prix et la quantité d’argent dépendent encore de l’intervention de l’Etat dans l’économie. C’est d’un rétrograde !
Mais cela peut-il encore perdurer face à l’effondrement de leur principale théorie économique ? A quoi ressemblera le monde si les banquiers centraux se rendent compte qu’ils sont perdus et inutiles, ce que nous savons tous depuis la stagflation des années 1970 ?
Tout revient à la courbe de Philipps
Tout revient à la courbe de Phillips, c’est-à-dire la relation entre l’inflation et le chômage. Mais quelle est cette mystérieuse relation ?
Si le chômage est trop élevé, l’inflation sera trop basse parce que les travailleurs ne sont pas assez payés pour dépenser et pousser les prix vers le haut. Si l’inflation est trop élevée, c’est parce que trop de travailleurs ont trop d’emplois et trop de revenus, ce qui pousse les prix à la hausse.
Cette théorie est stupide. Elle ne tient pas compte de l’offre et de la demande. Si les prix augmentent parce que les travailleurs sont bien payés et peuvent acheter plus, alors la production augmente et fait augmenter l’offre. Ce qui fait revenir les prix à un niveau plus bas. Comme vous l’expliqueront les négociants en matières premières, la solution pour des prix élevés, c’est des prix élevés. Cela stimule l’offre. Mais pour un économiste, la solution pour des prix élevés, c’est des taux d’intérêt plus élevés. Ils ont l’interventionnisme chevillé au corps.
La courbe de Phillips ? Une ineptie
L’idée de la politique monétaire est que les banquiers centraux peuvent utiliser les taux d’intérêt pour contrôler notre position sur la courbe de Phillips. Ils essaient toujours d’équilibrer l’inflation et le chômage. C’est l’Etat qui les a chargés de le faire, comme ils aiment à nous le rappeler. Comme si les échecs désastreux et les effets pervers n’étaient pas de leur faute…
Voici à quoi est censée ressembler la courbe de Phillips, d’après l’expérience des Etats-Unis dans les années 1960 :
Source : Macroeconomic Principles
Le seul problème est que la courbe de Phillips n’a pratiquement plus jamais ressemblé à ça. Nous verrons la suite demain.
1 commentaire
Eh bien quand même il y a au moins le point de 1961 qui ressemble à 2018. Un taux de chomage haut (c’est le cas véritable de 2018) entraîne une inflation basse. Alors certes on ne modifie pas le taux de chômage en jouant sur l’inflation, surtout de manière indirecte par les taux d’intérêts. Mais votre document indique bien qu’un fort chômage peut selon des conditions comme en 1961 et 2018 (2017), maintenir l’inflation basse. D’ailleurs c’est bien ce ressort qui est utilisé dans le concept du Non Accelerating Inflation Rate of Unployment, dit taux de chômage nécessaire pour juguler l’inflation.
Mais ok les BC en jouant sur les taux n’influent ni sur l’inflation et encore moins sur le chômage. Par contre le chômage est fort compatible avec l’inflation basse en 1961 comme en 2018 (2017).
De la à dire que le chômage dégrade la rémunération du capital, c’est un pas audacieux que votre ouverture de sujet va m’inciter à étudier.
Ce serait une vérification d’une évidence, pour créer de la richesse la force de travail doit produire et ne pas être inoccupée.