** Le froid de l’hiver est enfin descendu sur la côte de la Californie du sud. Le mercure a chuté à pas moins de 20°C, aujourd’hui. Terminé, les jours cléments de l’été ; partis, les parasols, les glacières ; disparus, les touristes en bikini.
– A leur place, nous ne trouvons plus que de vastes portions de sable blanc… et des autochtones en bikini. D’accord, Laguna Beach n’est peut-être pas la Norvège, mais les températures ont perdu quelques degrés depuis août. Et dans le nord-est des Etats-Unis, le thermomètre a chuté plus encore.
– Dans la mesure où les températures baissent, expliquent les experts de CNBC, les prix de l’énergie grimpent (pour l’instant, oublions que le prix du brut a atteint un sommet historique à la mi-juillet). Des températures "inférieures aux normales saisonnières" devraient atteindre le nord-est des USA début de semaine prochaine, selon le Service météorologique national américain.
– Peut-être que l’arrivée de ces températures "inférieures à la normale" explique aussi le rebond "au-dessus de la normale" des actions, des obligations, de l’or, du maïs, du blé, du jus d’orange, des devises autres que le dollar — et de quasiment tous les autres actifs en dehors des maisons américaines et des dollars américains.
** Il est possible, bien entendu, que le rebond des prix des actifs n’ait absolument rien à voir avec la météo… mais tout à voir avec l’instinct animal et la bonne vieille spéculation. En d’autres termes, les actions rebondissent juste parce qu’elles rebondissent. Plus elles grimpent, plus les investisseurs montrent d’enthousiasme à les suivre. Avant qu’on ait eu le temps de dire ouf, une foule d’investisseurs enivrés enregistrent tous les programmes de CNBC et déclarent que Jim Cramer est un génie. Nous ne connaissons pas le QI de Jim Cramer. Peut-être est-il effectivement un génie. Nous savons simplement qu’il devient encore plus génial lorsque les actions rebondissent.
– Nous continuons donc de nous faire du souci pour Jim Cramer : il pourrait bientôt devenir moins génial. Nous nous inquiétons du fait que les actions pourraient chuter pendant un temps, parce que c’est souvent ce que font les valeurs boursières après avoir grimpé en flèche durant six mois consécutifs.
– La plupart des indicateurs mesurant les sentiments des investisseurs sont extrêmement haussières. Ces chiffres contrariens indiquent donc que les prix des actions ont plus de chances de chuter que de grimper, à court terme. Notre professionnel des options, Jay Shartsis, a à nouveau noté en fin de semaine dernière que les prix relatifs des puts et des calls OEX reflètent "un niveau très élevé d’optimisme pour les traders en option, ce qui a des implications baissières".
– Et tandis que nous surveillons les marchés boursiers avec nervosité, nous ne pouvons détacher notre regard du déclin de la valeur des maisons et des dollars américains. Nous soupçonnons que ces deux phénomènes possèdent un lien intime, complexe et toxique. Nous soupçonnons — sans pouvoir le prouver — que, d’une manière ou d’une autre, la baisse des prix des maisons inspire un exode depuis le dollar.
– Même si les investisseurs haussiers de Wall Street ne voient pas de connexion, les personnes qui détiennent le billet vert peuvent penser en voir une. Les détenteurs de dollars de par le monde peuvent penser voir un consommateur dont le principal moyen de consommation est en train de s’effriter — et, par conséquent, une économie dont le principal moyen d’expansion s’effrite aussi. Les détenteurs de dollars pourraient aussi penser voir un déficit courant qui, lui, ne manque jamais de moyens d’expansion.
– La chute du dollar US nous rend toujours nerveux, surtout lorsque peu d’investisseurs semblent s’en soucier. S’il continue de chuter, les froids courants d’air de la dévaluation du dollar pourraient causer quelques frissons sur les marchés.