Imaginez la société comme un gigantesque jeu de Lego et où toute nouvelle pièce du jeu serait financée par de la dette publique ou bien par « l’argent des autres ».
Notre société se résume pour le pouvoir à un véritable jeu de Lego géant.
Une route embouteillée vous ennuie ? Pas de problème, il suffit de la transformer en rue piétonne, les bonshommes qui se baladent à pied ou à vélo se caseront facilement.
Vous souhaitez retirer des éléments que vous jugez vétustes ou démodés ? Pas de problèmes non plus.
Accueillir des jeux olympiques dans votre ville ? Aucun souci, il suffit de rajouter des éléments, d’en déplacer d’autres et de mener de grands travaux merveilleux…
Les petits bonshommes de votre jeu sont aussi passifs que ces éléments. Vous les équipez et déplacez à volonté.
Une société de Lego :
« Quand je fais des présentations d’introduction à l’économie, mes étudiants découvrent sur l’écran du projecteur une boîte de Lego City.
J’adorais les Lego lorsque j’étais gamin : cette sensation de créer quelque chose, de le manipuler, d’en faire ce que je veux, le démonter, le remonter, le détruire, le reconstruire, de voir pousser une mini-ville avec quelques blocs de plastique.
Quelle puissance de construction ! Quelle sensation de pouvoir !
Si j’utilise cette image dans un PowerPoint c’est exactement pour illustrer cette notion de ‘constructivisme’ de nos grands politiciens et technocrates à Paris et à Bruxelles.
Pour eux la société est une sorte de Lego et leurs politiques publiques permettent de ‘construire’ et ‘déconstruire’. Non qu’il faille nier totalement l’importance de certaines politiques publiques, en matière d’infrastructures par exemple, mais il y a des domaines, trop de domaines, où le ‘constructivisme’ de nos ingénieurs sociaux fait des ravages.
Il fait des ravages parce que ces technocrates n’ont en réalité pas la connaissance nécessaire pour que leurs plans fonctionnent. Non qu’ils ne soient pas assez intelligents : cette connaissance est tout simplement impossible à acquérir du fait des changements incessants des millions de décideurs que nous sommes ; parce que nous ne sommes justement pas des briques de Lego !
Rappelons que c’est l’explication majeure de la chute de l’empire soviétique : ses planificateurs croyaient jouer aux Lego. Comme ceux — moins ambitieux il est vrai — d’aujourd’hui, leur ‘pilotage’ était donc systématiquement dans l’erreur et a généré le chaos.
Ce constructivisme fait des ravages aussi parce que, contrairement au gamin qui monte et démonte sa ville en Lego, si les ‘constructions’ des technocrates ont des conséquences sur la vie des gens, sur les impôts, etc., elles ont surtout desconséquences dont les technocrates nesont pas tenus pour responsables : ils peuvent gaspiller des centaines de millions d’euros de nos impôts à construire et déconstruire leurs petits plans, ils ne paieront pas pour leurs erreurs.
Ici encore, c’est l’argent des autres. »
Dans L’Argent des autres, le docteur en économie Emmanuel Martin vous démontrera comment l’irresponsabilité illimitée guide nos sociétés actuelles.
Le nerf de cette irresponsabilité c’est « l’argent des autres ».
Emmanuel Martin s’attaquera non seulement au capitalisme de connivence, à la démocratie qu’il juge dysfonctionnelle, mais aussi à la tragédie de l’euro et, sous le prisme de l’irresponsabilité, il livre une analyse décalée de la crise du crédit subprime.