Bill Bonner fait ses prédictions pour l’année financière 2022. Au programme : de nouvelles mesures de « soutien à l’économie », et les conséquences qui vont avec… En plus des conséquences des mesures précédentes.
Après avoir parlé de notre passé la semaine dernière, parlons désormais de l’avenir… de la nouvelle année… et de ce qu’elle pourrait apporter.
Ce n’est pas comme si nous en savions plus que vous. Aucun d’entre nous ne peut lire les bestsellers de demain avant qu’ils n’aient été écrits.
Cela dit, nous pensons pouvoir anticiper le niveau de propagande que la presse appliquera aux informations. Comme vous le savez, elle n’essaie plus d’annoncer des faits objectifs.
Elle assure la promotion des décideurs de l’élite, et décide ce que vous devez lire et en penser.
Des idées fausses et des fantasmes
Cette indication pourrait être importante, car elle nous apporte peut-être un petit indice concernant la façon dont les choses pourraient se dérouler en 2022… et au-delà.
Ce n’est pas un hasard si tous les éléments de son programme offrent à l’élite davantage d’argent à dépenser, et aux décideurs plus de décisions à prendre.
Naturellement, notre attention se porte sur deux de ces éléments. Un, le fait que tout problème ou toute crise puissent être gérés par de nouvelles mesures prises par l’Etat. Et deux, le fait qu’en l’absence de recettes fiscales ou de crédit disponible pour les financer, la Fed puisse tout simplement imprimer l’argent supplémentaire nécessaire.
Notre domaine de prédilection, à la Chronique, c’est l’argent. Et nous pensons que cet argent – ou plutôt, cet argent falsifié – est déjà la principale cause du déclin de l’Amérique. Mais nous y reviendrons plus tard.
Aujourd’hui, nous essayons simplement d’utiliser cette longue perche – les préjugés et préférences de l’élite – pour nous propulser d’un bond dans le futur.
Même si nous ne savons pas du tout si une nouvelle crise ou une nouvelle urgence va surgir, nous sommes pratiquement sûr de ceci : il va en arriver une. Et elle donnera lieu à de nouvelles politiques et programmes conçus pour la régler.
Il est très probable, par exemple, qu’avant la fin de l’année, le marché actions dégringole. Le cours des actions ne grimpe pas éternellement. Ce qui veut dire qu’il doit baisser, à un moment donné. Or, selon presque tous les indicateurs, les actions sont actuellement à un niveau aussi élevé, ou plus élevé, qu’elles ne l’ont jamais été auparavant. Et traditionnellement, lorsqu’elles atteignent de tels sommets, une bourde les fait dégringoler, normalement.
En suivant l’argent
La plupart des actions américaines sont détenues par les 10% les plus riches (alias « l’élite »), et cette richesse boursière se concentre entre les mains des 1% les plus riches d’entre eux. Ces gens, selon Wolf Richter du blog Wolf Street, ont gagné 10 000 Mds$, environ, au cours des deux dernières années. Naturellement, ils ont grand intérêt à s’assurer que rien ne fasse tanguer le navire !
Par conséquent, en cas de sell-off sur le marché actions, nous pouvons nous attendre à ce que tout l’establishment se déchaine en faveur d’un sauvetage. La presse attribuera scrupuleusement la faute aux élus républicains en leur reprochant d’avoir bloqué le projet ruineux Build Back Better (et au sénateur démocrate Joe Manchin, qui fait de même)… Elle reprochera aux républicains en général d’avoir bloqué la machine à dépenser… et à la Fed d’avoir même évoqué qu’elle pourrait un jour lever le pied.
Tous les grands de ce monde réclameront haut et fort des aides pour… dépenser plus… creuser les déficits… et une débauche de mesures de stimulus. Or, cela ne peut se faire qu’en imprimant de l’argent frais.
Une fois que le choc initial de la baisse des cours et du fantôme de la Grande Dépression se sera dissipé, cela amorcera une nouvelle phase de hausse des prix à la consommation.
Dès lors, on imputera la hausse des prix à l’avidité des entreprises, scène classique que plusieurs membres du Congrès répètent déjà en ce moment.
Selon le New York Times :
« L’inflation demeure rapide au moment où l’économie entre dans l’année 2022, et les démocrates commencent à désigner un nouveau coupable responsable de ces hausses de prix considérables et persistantes : l’avidité des entreprises.
Le sénateur de l’Ohio Sherrod Brown, la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, et la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, comptent parmi ceux qui jugent que les profits excessifs de certains secteurs sont responsables de la hausse des coûts subie par les consommateurs. Ils n’attribuent pas l’inflation générale aux entreprises pratiquant des prix abusifs, mais ils sous-entendent que les hausses de prix sont, en partie, le produit de l’opportunisme des entreprises. »
Alors quoi de neuf ?
A quelle vitesse l’argent circule-t-il ?
A chaque fois, toutes les difficultés rencontrées au cours de ce siècle – le krach des dot-com en 2000, les attentats du World Trade Center en 2001, le krach financier de 2008, la crise du Covid en 2020 – ont été gérées en imprimant toujours plus d’argent frais.
Mme Warren peut bien blâmer autant qu’elle le veut l’avidité des entreprises. Cela n’aura aucun effet sur l’inflation. Les prix grimpent quand augmentent la quantité d’argent et/ou la vitesse à laquelle il change de main.
Oui, la Fed va augmenter la quantité de monnaie en circulation (le bilan de la Fed a progressé de près de 8 000 Mds$, jusqu’à présent, au cours de ce siècle, avec une augmentation de 97% de la base monétaire depuis 2019).
Ce qui est nouveau, en 2022, c’est que le public commence à comprendre. Face à une planche à billets qui tourne à tour de bras, les investisseurs, les entreprises et les ménages pourraient avoir un peu plus envie de se débarrasser de leurs nouveaux dollars que de les conserver.
C’est-à-dire que, pour la première fois depuis de nombreuses années, la vélocité de l’argent pourrait bientôt augmenter, elle aussi, avec la quantité.
Nous ignorons si cela se produira cette année ou la suivante. Mais nos chers lecteurs n’ont probablement pas envie d’être les derniers à le voir arriver.
1 commentaire
On nous parle souvent de la FED mais qu’en est-il de la BCE qui a un bilan bien plus élevé ? Idem pour la BOJ, en fait comme ça a eu l’air de « marcher » aux USA après la crise des subprimes tous les pays dits « développés » ont suivi….