Donald Trump avait toutes les clés en main pour réellement « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Il ne l’a pas fait… et il est peut-être désormais trop tard.
Un vieil ami est venu nous rendre visite hier dans nos bureaux londoniens.
« Je ne sais pas si tu t’en rends compte », a-t-il dit ou à peu près, « mais ta stratégie d’allocations d’actifs Dow/or est une vraie mine d’or.
« Ce qu’elle montre – très clairement –, c’est que le marché baissier qui a suivi le krach des dot.com n’a jamais pu se terminer. Greenspan est intervenu.
« En deux mots, selon moi, la tendance financière la plus importante est le déclin du ratio Dow/or. Après avoir atteint un sommet de 41 en 1999, il a commencé sa longue marche – pour revenir au niveau qu’il finit toujours par retrouver – sous les 4. On a là la véritable tendance primaire.
« Maintenant, depuis octobre 2018, il a repris du poil de la bête [l’or grimpe par rapport aux actions]. On parle là de la correction la plus grosse, la plus vilaine et la plus brutale de notre existence. Elle a lieu en ce moment même. Personne ne s’en aperçoit. Et devinez quoi ? On peut y investir ».
En d’autres termes, on peut gagner de l’argent avec.
« On » n’inclut peut-être pas votre correspondant. Il s’en tiendra à la stratégie dans sa forme la plus simple :
Lorsque les actions du Dow sont valorisées à plus de 15 onces d’or, nous vendons et achetons de l’or. Lorsque les actions du Dow sont valorisées à moins de cinq onces d’or, nous vendons l’or et achetons des actions.
Entre temps, nous nous contentons d’observer ce qui se passe… comme nous le faisons depuis 1996, année où le ratio Dow/or a dépassé les 15 et où nous avons vendu nos actions.
Trump, le nouveau messie ?
La stratégie de notre ami Tom est conçue pour rapporter de l’argent – beaucoup d’argent. Votre correspondant espère simplement ne pas en perdre. Ce qui nous ramène à la suggestion d’un lecteur, sur laquelle nous méditons depuis quelques jours :
Pourquoi ne pas soutenir la cause de Trump ? En tant que capitaliste, ne devrions-nous pas donner à nos lecteurs ce qu’ils veulent ? Ne gagnerions-nous pas plus d’argent ainsi ?
Nombreux sont ceux qui croient que Trump est le messie. Il essuiera toutes les larmes. Plus de deuil, de pleurs et de douleur. Il nous délivrera du mal pensent-ils. Ne pas avoir foi en lui est quasiment un péché… un aller simple pour l’enfer.
Nous pensons cependant que notre cher lecteur prend ses désirs pour des réalités. Les médias américains comme Breitbart et FoxNews fournissent déjà toute l’adulation trumpiste nécessaire. Nos lecteurs n’ont pas besoin que nous y ajoutions notre propre contribution.
Ce que nous voulons tous – et dont nous avons tous besoin –, c’est de faire tomber les écailles de nos yeux… afin d’avoir une image plus claire de ce qu’il se passe en ce moment.
Qui plus est, nous sommes trop vieux pour répondre aux moindres désirs de nos lecteurs… trop riche pour avoir besoin de l’argent… et trop têtu pour nous en soucier.
Des préjugés tenaces
Pour autant que nous puissions en juger, le train Trump va dans la mauvaise direction. Mais là, nous devons admettre que nous avons quelques préjugés.
Nous n’aimons pas que des crétins nous dictent notre conduite ; en d’autres termes, nous préférons moins de politiques, moins de compères, moins de zombies, moins de créatures du marigot et moins d’idiots nous disant quoi faire.
Nous dormons mieux, également, lorsque les gens rient des sottises au lieu de les utiliser comme base de leur programme politique.
Nous n’avons évidemment rien contre M. Trump personnellement. Il joue la brute épaisse et ignorante à la télévision. Nous ne savons pas comment il est en privé. Le magazine Foreign Affairs semble dire les choses telles qu’elles sont :
« … l’art du spectacle, l’audace et la capacité de jouer son va-tout figurent aussi parmi les traits qui ont fait de l’Amérique ce qu’elle est… Trump est un phénomène […] Il sait maîtriser l’attention des personnes les plus éduquées et dominer les médias. S’il a pu, en un seul cycle électoral, vaincre les dynasties bien enracinées Bush aussi bien que Clinton, c’est qu’il y a une raison. Pourtant, il n’a de loin pas perpétré de catastrophe d’une ampleur comparable à la guerre en Irak ou la crise financière mondiale ».
Pour l’instant.
Deux chances… manquées
Ces 20 dernières années, il n’y a probablement eu que de rares occasions d’arrêter le Dette Express.
L’une d’entre elles s’est présentée en juin 2000, explique notre collègue David Stockman. A l’époque, il était évident — pour Alan Greenspan comme pour d’autres — que le système monétaire inspiré de Milton Friedman et mis en place par Richard Nixon ne fonctionnerait pas. Le système de Friedman – le monétarisme – exigeait que l’on contrôle la croissance de la monnaie, qui devait être maintenue à 3% environ par an.
Mais après 1971, lorsque le lien final entre l’or et le dollar a été coupé, le pouvoir d’achat réel des Etats-Unis s’est mis à provenir d’une nouvelle source – le crédit.
A la fin du XXème siècle, Greenspan s’est aperçu que la Fed ne savait plus ce qu’était « la monnaie »… et ne pouvait ni la mesurer, ni la contrôler.
Greenspan, autrefois partisan de l’or, aurait pu prononcer un petit discours à ses collègues gouverneurs de la Fed :
« Euh… les gars… ça ne marche pas. Il faut revenir à un système adossé à l’or ».
Au lieu de cela, il a laissé le système monétaire basé sur le crédit entrer en éruption, réduisant le coût du crédit/argent et faisant passer les taux directeurs de 6% à 1% – soit le niveau le plus bas de l’Histoire à l’époque.
Le crédit/argent a coulé comme du chocolat chaud… terminant en majeure partie dans les centres monétaires les plus attractifs – New York et Londres.
La deuxième et dernière opportunité s’est peut-être présentée en 2017, lorsque Donald Trump est entré à la Maison Blanche.
Bien entendu, il était peut-être déjà trop tard. Peut-être qu’aucun être humain n’aurait pu surmonter la tempête d’indignation qui s’est abattue sur lui.
Cela aurait signifié réellement assainir le marigot… saper le pouvoir du Deep State… et administrer une volée de bois vert à l’industrie financière.
Les élites… les pouvoirs en place… le tout-puissant Establishment auraient été contre lui. Il aurait eu de la chance de s’en sortir.
Le Dette Express prend de la vitesse
Mais Donald J. Trump est un battant, un perturbateur… et il avait remporté la Maison Blanche en promettant de rectifier la situation.
Il avait également des majorités républicaines dans les deux chambres du Congrès ; dans les faits, il dominait les médias, et l’Amérique profonde était derrière lui.
Quel régal cela aurait été de le voir, dans son premier discours sur l’état de l’Union, dire enfin la vérité :
« Obama et les démocrates ont ruiné notre économie. Le travailleur moyen n’a pas eu d’augmentation de salaire en 40 ans, tandis que les élites se sont enrichies plus encore. Le jeu a été truqué. Je vais réparer tout cela. Ça va être difficile. Ça va être douloureux. Mais on va y arriver. Et on retrouvera une magnifique économie. MAGA ! »
Cela ne s’est pas produit. Au lieu de cela, la zone la plus boueuse du marigot – l’armée – a reçu plus d’argent. Le déficit budgétaire a augmenté trois fois plus rapidement que le PIB. Le déficit a doublé ; la dette fédérale a grimpé de 2 000 Mds$ depuis 2016. Et le Deep State a gagné du terrain.
A présent, que nous le voulions ou non, aux Etats-Unis et dans le reste du monde, nous sommes tous à bord du Dette Express. Et dans la mesure où rien ne l’arrête, il est en train d’accélérer.
Youpi !