Le salaire minimum fait l’objet de nombreux débats… au sein d’une classe qui gagne bien plus et ne sait pas de quoi elle parle. Rééquilibrons un peu les choses !
Il est intéressant de constater que de tous ceux qui s’expriment dans les pages éditoriales des plus grands journaux, aucun ou presque ne travaille chez McDonald’s ou ne gagne le salaire minimum. Pourtant, ils ont quasiment tous une opinion sur la somme que les personnes à bas salaire devraient gagner.
Ils affirment militer pour « un salaire décent ». 30 000 $, c’est la somme que nous avons vu passer le plus souvent.
Evidemment un salaire minimum unifié à l’échelle d’un pays est absurde. Il est bien plus coûteux de vivre à Manhattan que dans les monts Ozark. Et il est bien moins cher de vivre chez ses parents que d’avoir son propre chez-soi.
Ceci dit, ce ne sont pas tant les détails pratiques que la théorie qui nous inquiète.
Si des employés bien nourris, bien abreuvés et bien payés peuvent décider des salaires d’un employé de McDonald’s, les manieurs de burgers devraient sans doute avoir le droit de fixer la rémunération des bonnes âmes bavardes.
Si cela devait se produire, nous sommes d’avis que les Je-sais-tout gagnant gras subiraient une baisse de salaire.
Nous entrons dans un McDonald’s ; un employé gagnant le SMIC s’occupe de notre commande. Nous recevons ce que nous avons payé et sommes satisfait de la transaction ; nous considérons que le travailleur mérite sa récompense.
Lorsque nous lisons le journal, en revanche, nous n’obtenons que futilités et sottises.
Et la rémunération des bonnes âmes, alors ?
Logiquement, il n’y a que deux possibilités. Soit les salaires sont déterminés par un échange sans contraintes entre ceux qui offrent leur travail et ceux qui veulent l’acheter… soit quelqu’un d’autre décide des salaires selon ses propres critères.
Les bonnes âmes veulent utiliser l’argent des autres pour augmenter les salaires de ceux qui sont le moins bien payés, mais elles ne mentionnent pas leur propre rémunération. Pas plus qu’elles n’offrent de payer leur hamburger plus cher pour que McDonald’s puisse mieux payer ses travailleurs.
Et qu’en est-il de ceux qui ne peuvent pas trouver d’emploi du tout ?
Si le salaire minimum augmentait, il en irait sans doute de même du chômage – soit parce que McDonald’s ne pourrait plus se permettre d’embaucher autant de gens à des salaires plus élevés, soit parce qu’il remplacerait ses employés au salaire minimum par des machines !
Mais les empêcheurs de tourner en rond sont si contents d’eux-mêmes – confortablement installés dans leurs Mercedes et leurs Prius – qu’ils ne se donnent pas la peine de regarder par la fenêtre. S’ils le faisaient, ils s’apercevraient que manipuler les prix rend toujours – toujours ! – les gens plus pauvres, non plus riches.
Nous leur accordons cependant le bénéfice du doute, s’il en restait, en tentant d’imaginer comment améliorer le sort du monde en décidant des salaires des autres.
Manipulons les riches et les pauvres !
Commençons donc par un modeste coup de chapeau à l’équité : s’il est raisonnable de fixer le salaire des plus pauvres d’entre nous, pourquoi ne pas faire de même pour les plus riches ?
Si des gens qui ne sont pas impliqués dans une transaction salariale en savent plus long sur les termes que les participants eux-mêmes, pourquoi ne pas décider des salaires des éditorialistes ? Des rédacteurs en chef ? Des sportifs de haut niveau ? Des stars du cinéma ?
S’il est sensé d’augmenter les salaires au bas de l’échelle… ne serait-il pas tout aussi sensé de les abaisser de l’autre côté ?
Si un côté doit être manipulé, pourquoi pas l’autre ?
Vous imaginez la tâche allègre qui attendrait un bureaucrate ayant le sens de l’humour.
Ainsi, au lieu de laisser le marché décider des prix, nous allons le faire nous-même. Nous allons truquer le marché de l’emploi – en assignant les salaires que nous jugeons corrects.
Allons-y. Nous avons pris sur nous de proposer des salaires annuels pour les professions suivantes, en fonction de ce qu’elles apportent à la société…
Entrepreneurs (dont votre correspondant), poètes, inventeurs et métaphysiciens défoncés – 100 000 $ par an.
Prêtres, enseignants, mathématiciens, chercheurs, pilotes, infirmières et cinéastes – 85 000 $.
PDG d’entreprises, prostituées, auteurs, barmen et gestionnaires de hedge funds – 75 000 $.
Chauffeurs, ouvriers, employés de bureau, agriculteurs, pompiers et policiers – 50 000 $.
Psychologues, médecins (et sorciers), planificateurs financiers – 40 000 $.
Fonctionnaires (non-inclus dans les groupes ci-dessus), politiciens, revendeurs de drogue, bonnes âmes, économistes, faussaires, psychiatres, sociologues, politologues, sondeurs et escrocs – 30 000 $.
Cette liste n’est ni complète, ni définitive. Ce n’est qu’une suggestion – un point de départ vers une distribution « plus équitable » du revenu national…