** "Citoyens américains, vos commerçants ont besoin de vous !"
– Nous voyons déjà les pancartes que pourraient accrocher les pauvres commerçants dans leurs vitrines, à côté des décorations de Noël de l’année dernière (ils n’auront pas les moyens d’en acheter de nouvelles) et d’un portrait de l’Oncle Sam le doigt pointé vers le public, pour rappeler aux clients d’accomplir leur devoir envers la grande nation de la consommation.
– Il n’y a rien de plus patriotique que de se ruiner en achetant quelque chose dont vous n’avez pas vraiment besoin avec de l’argent que vous n’avez pas pour tenter de faire redémarrer votre économie en pleine dégringolade, pas vrai ?
– Eh bien, non… mais peu importe, c’est les vacances !
– A travers tout l’empire, 172 millions de consommateurs se sont précipités dans les magasins (au propre comme au figuré) pendant le week-end de quatre jours, alors qu’ils n’étaient que 147 millions l’année dernière, d’après les chiffres de la Fédération américaine de vente au détail. Les chiffres rapportés par Shopper Trak RCT Corp. ont révélé que le lendemain de Thanksgiving, les ventes au détail ont augmenté de 3% par rapport à l’année dernière pour atteindre les 10,6 milliards de dollars. Cela fait beaucoup d’écrans plasma et de pulls Abercrombie & Fitch pour une nation dont les taux d’épargne sont négatifs…
– "C’est le rêve pour un responsable de magasin", a déclaré Marissa Marks, responsable de la boutique L’Occitane du Beverly Center, au Los Angeles Times. Malheureusement, les banques n’encaissent pas les rêves en ce moment, et il faudra bien que les rêveurs se réveillent pour faire face à la réalité.
** Les épargnants du monde — principalement les nations situées de l’autre coté du Pacifique — doivent se demander où les dépensiers des Etats-Unis de "Consomérique" trouvent tout cet argent. "Ne sont-ils pas en pleine récession ?" se demandent-ils. "N’ont-ils pas licencié près d’1,2 million de personne cette année ?" s’interrogent-ils.
– Mais les Américains n’épargnent pas ; ils impriment. Regardez l’exemple donné par ceux qui sont à la tête du plus gros budget de la nation, le gouvernement fédéral. Jim Rogers donne quelques détails sur le calcul.
– "Voici comment l’argent se répartit :
– 29 milliards de dollars pour Bear Stearns ;
– 143,8 milliards de dollars pour AIG (pour l’instant, mais ça continue d’augmenter) ;
– 100 milliards de dollars pour Fannie Mae ;
– 100 milliards de dollars pour Freddie Mac ;
– 700 milliards de dollars pour Wall Street, dont la Bank of America (Merrill Lynch), Citigroup, JP Morgan (WaMu), Wells Fargo (Wachovia), Morgan Stanley, Goldman Sachs, et bien d’autres encore. Avec les 45 milliards de dollars pour Citibank vient une garantie de 306 milliards de dollars pour les prêts en souffrance. 800 milliards de dollars pour acheter des prêts hypothécaires émis ou garantis par Fannie Mae, Freddie Mac, Ginnie Mae et les banques Federal Home Loan ;
– 200 milliards de dollars pour l’industrie automobile ;
– 200 milliards de dollars pour acheter des titres adossés à des prêts étudiants, des prêts automobiles, des cartes de crédit et des prêts aux PME ;
– 8 milliards de dollars pour IndyMac ;
– entre 700 milliards et 1 000 milliards de dollars de mesures d’encouragement (depuis janvier) ;
– 50 milliards de dollars pour les fonds de marchés monétaires ;
– 138 milliards de dollars pour Lehman Brothers (post-faillite) par le biais de JP Morgan ;
– 620 milliards de dollars pour des swaps monétaires généraux de la Fed.
– "Les chiffres changent si vite qu’il devient difficile de faire le total. Globalement : 3 651 800 000 000,00 $".
– "Note : cette liste ne sera sûrement plus à jour quand vous la lirez".
– M. Rogers avait bien évidemment raison. Le gouvernement fédéral n’a même pas attendu une semaine avant d’ajouter 800 milliards de dollars supplémentaires à ce chiffre épouvantable. D’où vient tout cet argent ? Qui s’en inquiète, dit-on dans les bureaux du gouvernement, c’est les vacances !