Les annonces que le désastreux Bruno Le Maire distille au compte-gouttes donnent des indications très prévisibles, mais toujours aussi anxiogènes et urticantes, sur les arbitrages qui suivront la pandémie : d’abord, les dépenses publiques continueront à croître, ensuite, la caste et les copains de la caste seront épargnés, mais tous les autres devront payer. Et ils prendront cher.
Nous vivons, avec Bruno Le Maire, une sorte de lendemain de fête : le réveil est encore flou, mais il est déjà difficile. Les annonces qui se succèdent au fil de l’eau sont parfois sibyllines, mais elles portent toutes les germes bien visibles de ce qui va suivre.
La caste au pouvoir va piocher dans les caisses pour maintenir son train de vie et celui de ses amis. Les autres n’auront qu’à payer, au nom de la solidarité et de l’intérêt général.
Le Covid a bon dos : il est un excellent paravent pour se gaver
On doit à la Cour des Comptes d’avoir révélé le pot-aux-roses : le Covid a bon dos pour justifier une très forte hausse des dépenses publiques qui n’ont rien à voir avec lui. On lira tout particulièrement le rapport sur l’exécution des dépenses de l’Etat, publié cette semaine, qui révèle les mensonges administratifs dans leurs menus détails.
Dans la pratique, la Cour relève que le grand bond en avant des dépenses publiques en 2020 ne s’explique pas seulement par une intervention massive contre le Covid. Les administrations en ont profité pour se sucrer et pour « récupérer » ce que la modération des dépenses imposée depuis des années les empêchait d’avoir.
La protection des citoyens par l’Etat a un prix…
… Celui que les fonctionnaires prennent au passage, en contrepartie de leurs prétendus services.
Alors que les sacrifices subis par le petit peuple du secteur privé sont immenses, les technocrates et les bureaucrates de la caste au pouvoir sont, pour leur part, bien décidés à « rattraper » la tempérance qui leur est, cahin-caha, demandée depuis la crise de 2008.
Le gouvernement n’envisage pas de diminuer les dépenses publiques
Il suffit de lire le document de cadrage envoyé cette semaine par le gouvernement français à la Commission européenne pour comprendre l’ampleur du désastre.
Alors qu’Emmanuel Macron s’était engagé à diminuer d’au moins trois points, au cours de son quinquennat, la part des dépenses publiques dans le produit intérieur brut, les propositions faites à la Commission balayent cet objectif et proposent un simple retour à la « normale », c’est-à-dire à l’horizon de 2023, à 54,8% du PIB.
C’est tout juste si le gouvernement fait miroiter, pour 2027, un repli à 53,1% du PIB. Rappelons qu’en 2019, nous en étions à 53,8% du PIB.
Autant dire que le gouvernement exclut de demander des efforts à ses fonctionnaires. Nous continuerons à financer une bureaucratie pléthorique chargée de mettre la société française sous contrôle, en expliquant en long et en large que le pays est « ingouvernable », « irréformable » et peuplé de « Gaulois réfractaires » à l’ordre.
Heureusement, le rond-de-cuir est là pour faire respecter l’intérêt général 35 heures chaque semaine, avec sept ou huit semaines de congés payés.
En revanche, Bruno Le Maire veut servir les copains
Affirmer que Bruno Le Maire réserve pour les seuls fonctionnaires les bonnes surprises et les cadeaux serait injuste. Il a aussi une pensée émue pour les grandes entreprises quasi-publiques où vont pantoufler des fonctionnaires de Bercy.
D’où cette annonce tonitruante qui fleure bon le capitalisme de connivence : l’Etat devrait abandonner les prêts garantis que certaines entreprises ne peuvent rembourser. Le ministre a précisé que l’examen des dossiers se ferait « au cas par cas ».
On comprend tous intuitivement ce que cela signifie : seuls les copains du régime, les amis de la caste au pouvoir, verront leur dette abandonnée. Les autres n’auront qu’à aller se rhabiller… ou faire faillite. Qu’importe ! Ils n’en seront pas et seront livrés à la malédiction de la dissidence.
Bruno Le Maire ne pouvait pas mieux décrire ce qu’est le capitalisme de connivence : pour les « amis », pas d’effort. Pour les autres, le goudron et les plumes. Au nom de l’intérêt général bien entendu.
Le prix à payer sera terrible
Comme l’a expliqué le très discret ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, pour les seules finances publiques, la crise du coronavirus devrait coûter au moins 424 Mds€ en trois ans.
On sait que cette somme ne sera ni remboursée par une baisse des dépenses publiques, ni par un remboursement des prêts souscrits par les « amis » du pouvoir.
Devinez donc sur qui va retomber l’effort ?
C’est amusant, dès que ces annonces sont tombées, l’OFCE, organe économique de gauche proche de Sciences Po, a produit une note sur la nécessité « d’orienter » l’épargne accumulée durant les confinements vers la consommation.
Encore une fois, ça pue l’impôt sur l’épargne.
2 commentaires
Eric Verhaeghe et Bruno Bertez devraient être reconnus d’utilité publique… Pour ceux qui prennent la peine de les lire, de faire l’effort de les comprendre (beaucoup de choses sont dites à demi-mot) et de protéger leur épargne en conséquence. Que Bill Bonner n’en prenne pas ombrage, ses articles sont très intéressants aussi mais davantage orientés sur ce qui se passe aux USA (et qui a incontestablement des conséquences sur ce qui nous attend en Europe).
Augmentation des titres en bourse plus rapide que celle du profit des entreprises, lui-même supérieur à leur productivité en l’absence de découverte scientifique majeure, faible hausse du pouvoir d’achat des salariés qui préfèrent placer leur argent sur le marché des actions plutôt que consommer: cela rappelle les signes précurseurs de la crise de 1929.