Une opportunité pour les Britanniques et les Européens est en train de se transformer en gâchis. Au lieu de s’en remettre au libre-échange unilatéral, le Royaume-Uni négocie un traité d’échange déséquilibré avec une Europe protectionniste.
La campagne sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne était certes lamentable. Les arguments protectionnistes, notamment à l’encontre des travailleurs étrangers, versaient dans un mercantilisme ou nationalisme primitifs qui défiaient le pragmatisme auquel les Britanniques nous avaient habitués.
Les quelques voix raisonnables comme celle du Professeur Patrick Minford – qui plaidait alors pour une ouverture commerciale unilatérale – ont été occultées tandis que résonnaient à l’unisson le tribalisme de la droite conservatrice et celui de la gauche travailliste. Mais le référendum passé, on aurait pu s’attendre à une classe politique britannique à la hauteur des enjeux présents.
Au lieu de quoi nous assistons à une accumulation d’erreurs stratégiques et de mauvaises propositions en matière de politique économique. La première d’entre elles est de mendier un accord commercial avec l’Union européenne. Une telle posture place en effet le gouvernement britannique en position de faiblesse face à des gouvernements européens qui ont politiquement peu intérêt à négocier un compromis satisfaisant.
Les dirigeants européens ont tout intérêt à rendre la sécession britannique la plus douloureuse possible pour éviter le «risque de contagion». Un bon accord commercial enverrait de ce point de vue là un mauvais signal. Il signifierait la possibilité de profiter des avantages du marché commun sans les inconvénients du centralisme bruxellois : un mauvais scénario pour ceux qui font de l’unité politique du continent une fin en soi indépendamment de son utilité.
La difficulté de négocier un compromis avec les Européens était donc tout à fait prévisible. Ne pas l’avoir anticipé était naïf. Il existe un moyen simple pour prendre tous les gouvernements européens de court : le libre-échange unilatéral, une politique d’ores et déjà connue des Britanniques qui l’avaient adoptée dans la seconde moitié du XIXème siècle avec l’abolition des lois céréalières (Corn Laws).
Cette mesure constituerait un triple pied de nez. Premièrement, elle démontrerait que l’ouverture au commerce international et l’appartenance à l’Union européenne sont deux choses bien distinctes. Cela infligerait ensuite un joli camouflet aux cassandres prédisant le naufrage britannique alors que les exemples suisses et grecs montrent qu’il n’existe aucune corrélation entre Union européenne et prospérité.
Un Royaume-Uni ouvert serait enfin le moyen de mettre en lumière les contradictions d’une Europe si prompte à dénoncer le nationalisme tout en restant accrochée à une forme de protectionnisme à l’égard des Etats tiers. Un tel scénario aurait permis au gouvernement britannique de remporter une victoire politique, économique et symbolique sur le plan international.
Mais ce dernier semble avoir choisi d’écouter les sirènes du clientélisme local au mépris du long terme.
Toujours le mythe de l’Etat stratège économique
A rebours de la tradition libre-échangiste britannique, la nouvelle Première ministre souhaite doter son pays d’une politique industrielle interventionniste. Autrement dit, des bureaucrates seront chargés de désigner en lieu et place des consommateurs les industries gagnantes et les perdantes. On revient là au fantasme de l’Etat stratège. Vous savez, le même qui conduit par exemple un gouvernement à acheter 15 TGV pour des lignes Intercités avec la croyance naïve que cela créera richesse et emplois.
L’emploi n’est pas une fin en soi. Ce n’est qu’un moyen de produire des biens et des services utiles : autrement dit des produits que nous autres consommateurs sommes prêts à acheter. Or identifier nos préférences requiert des signaux de prix, les mêmes que détruisent les politiques industrielles interventionnistes. D’autant plus que celles-ci sont financées par des prélèvements obligatoires qui dégradent notre pouvoir d’achat tout en affaiblissant l’entrepreneuriat, l’épargne et l’investissement. Ceci nuit en définitive à la création d’emplois véritablement utiles.
Les politiques industrielles ne créent donc aucune valeur : elles détruisent la richesse.
A ces projets s’ajoute le risque de l’adoption de mesures protectionnistes contre l’immigration, ce qui réduirait davantage la productivité de l’économie britannique.
La tentation du sabotage
Ces mauvaises décisions n’affecteront pas seulement les Britanniques. Tous les Européens sont concernés. Le discours de ceux qui aspirent à concentrer davantage de pouvoir à l’échelle du continent s’en trouvera renforcé. Il sera alors plus difficile aux partisans de la concurrence réglementaire et fiscale de plaider pour la décentralisation nécessaire à la sauvegarde de la liberté individuelle et du droit de propriété.
4 commentaires
« profiter des avantages du marché commun sans les inconvénients du centralisme bruxellois »
🙂
En gros monsieur Ferghane Azihari veut l’ouverture des frontières et immigration illimitée pour la concurrence à la baisse des salaires ! Tiens à propos de prélèvements obligatoires trop élevés, pourquoi ne parle t il pas de la suppression des allocs et des rentes à la ponte ?
ils sont surement depassés par les evenements
d’autant plus que les elections us peuvent encore tout rebattre
ce qu’ils voulaient a haut niveau à mon avis c’est devaluer en toute diplomatie, c’est fait