La semaine dernière, dans le sillage du Brexit, six fonds de gestion immobilière britannique ont gelé les demandes de remboursement.
Cet événement est vu comme nous concernant de loin… comme tout ce qui se situe de l’autre côté de la Manche.
Confrontés à des rendements obligataires indigents, fonds de pension et assureurs sont allés chercher du rendement dans l’immobilier britannique soufflé par ces mêmes taux d’intérêt indigents.
Plus les taux sont bas, plus l’immobilier monte
Plus les taux sont bas, plus l’immobilier monte puisque pour une même offre les acheteurs se multiplient. Les prix de l’immobilier à Londres ont explosé en raison du développement de cette ville en tant que premier centre financier d’Europe. Les fonds gelés avaient investi dans des emplacements prime, c’est à dire les meilleurs.
Mais avec la chute de la livre face à l’euro ou au dollar, et les changements fiscaux possibles, les investisseurs étrangers ont demandé à revoir leur argent. Or, c’est bien connu, la pierre, ou même la brique, c’est solide mais pas liquide. Faute de pouvoir dégager le cash nécessaire aux remboursements, trois fonds ont d’abord dû suspendre tout remboursement. Puis les investisseurs dans d’autres sociétés de gestion immobilière ont pris peur et sont allés à leur tour réclamer leur argent. D’autres fonds ont dû à leur tour fermer les portes de sortie… C’est la mécanique connue de la fuite et de la panique contagieuse lorsqu’on voit que les issues se ferment.
Assurance-vie : L’épargne gelée
L’équivalent de 17 milliards d’euros d’épargne sont désormais gelés. Les gérants des fonds vont devoir vendre des actifs immobiliers et l’afflux de vendeurs devrait provoquer une chute de l’immobilier.
En quoi cela nous concerne-t-il ?
D’abord l’assureur Aviva – qui commercialise beaucoup de contrats d’assurance-vie en France – est impliqué.
Ensuite, ce mécanisme de bulle, de peur et de fuite est bien connu et les risques ont été multipliés depuis 2008 en raison de la politique stupide de taux bas et de création monétaire. Si le marché immobilier a été ainsi soufflé c’est d’abord parce que le marché obligataire – sur lequel repose l’épargne de précaution réputée sûre – a été lui-même soufflé. Que pensez-vous qu’il se passera lorsque les gens voudront sortir de leur assurance-vie en euro qui ne leur rapportera plus rien puisque les taux vont rester bas ?
Rien…
Grâce à l’amendement à la loi Sapin 2, adopté la semaine dernière par le Sénat, les gérants pourront plafonner les rachats dans leurs fonds « à titre provisoire et quand des circonstances exceptionnelles l’exigent ».
L’Autorité des marchés financiers (AMF) pouvait déjà décider de geler les rachats d’un fonds ou en plafonner leur montant. Mais avec ce nouveau texte, les gérants peuvent aussi stopper complètement les sorties. Les rachats des organismes de placement collectif immobilier (OPCI) sont aussi concernés.
Dans la chaleur de l’été, nos chers législateurs vont s’activer. Voici ce qu’en dit L’Agefi du 11 juillet :
« Cet été, nous allons travailler sur l’opportunité, par exemple, de préciser des durées limites de plafonnement. Nous allons par ailleurs définir la façon dont l’investisseur du fonds sera informé en amont et au moment de la mise en place des ‘gates’« , explique Xavier Parain, en charge de la direction de la gestion d’actifs, à l’autorité. « L’AMF pourra ‘challenger’ les décisions des gérants car elles doivent être prises dans l’intérêt de l’ensemble des porteurs : ceux qui sortent et ceux qui restent ».
En gros, pendant que vous bronzez sur la plage ou ailleurs, des âmes bien intentionnées vont fignoler de futurs outils de spoliation.
Vous pensez que votre épargne en assurance-vie est liquide et sûre ? Vous vous trompez. Nous vivons une situation anormale, les bulles financières sont multiples et les taux bas ou négatifs partis pour durer. Comment limiter les dégâts potentiels et prendre toutes vos précautions ? C’est ici.