Tout le monde rêve de trouver « la petite action » qui va exploser. Mais entre illusion et stratégie, il existe une manière intelligente d’aborder les titres à faible capitalisation.
Il y a quelques années, un ami m’a demandé de lui recommander une ou deux actions.
« J’ai besoin de gagner de l’argent », m’a-t-il dit.
Je lui ai répondu que j’aimais beaucoup Texas Instruments (Nasdaq: TXN).
« La société qui fabrique des calculatrices ?! » s’est-il exclamé.
« Oui, celle-là même », ai-je rétorqué en levant les yeux au ciel.
Je lui ai expliqué que, même si quelques calculatrices portent encore son nom, Texas Instruments est avant tout l’un des plus grands fabricants mondiaux de semi-conducteurs, et qu’elle verse de très beaux dividendes.
Il a alors feint de s’endormir, ronflant ostensiblement.
Je lui ai ensuite parlé de Raytheon Technologies (NYSE: RTX). Après tout, le gouvernement américain ne se lasse jamais de dépenser des fortunes pour offrir de nouveaux jouets à l’armée.
« Allez, Marc… donne-moi quelque chose de plus excitant », a-t-il insisté.
« Très bien, que dis-tu de Digital Realty Trust ? »
Je lui ai expliqué qu’il s’agit d’une société d’investissement immobilier qui loue des espaces de stockage à de grandes entreprises pour y installer leurs serveurs. Elle génère d’importants flux de trésorerie et distribue également de généreux dividendes.
« Ennuyeux ! », s’est-il exclamé.
S’il avait suivi mes conseils, il n’aurait pourtant rien trouvé d’ennuyeux à ces investissements.
Texas Instruments est devenue la deuxième meilleure performance de l’histoire de ma lettre mensuelle Oxford Dividendes Club, avec un gain de plus de 450 % en dix ans. J’ai vendu Digital Realty Trust en 2022, réalisant un gain supérieur à 220 % en huit ans. Quant à Raytheon, désormais RTX, elle figure toujours dans le portefeuille de ma lettre Oxford Dividendes Club, et affiche une progression de 792 % depuis 2013.
Mais mon ami, lui, voulait du « petit », quelque chose qui puisse vraiment bouger.
Les illusions des petites capitalisations
Une idée reçue circule sur les marchés : les actions à bas prix évolueraient plus vite que celles à prix élevé.
Dites cela à ceux qui ont acheté Nvidia (Nasdaq: NVDA) à 400 $ ou Goldman Sachs (NYSE: GS) à 300 $ il y a deux ans : ils vous riront au nez. Depuis, Goldman Sachs a plus que doublé pour atteindre 760 $, et Nvidia a plus que quadruplé (la société a d’ailleurs procédé à une division de ses actions à raison de 10 pour 1 en 2024).
Il n’en reste pas moins qu’il y a quelque chose d’excitant à posséder un grand nombre d’actions d’une très petite entreprise à bas prix. Et lorsque ces petites sociétés bougent, elles peuvent bouger très vite.
Prenons RedCloud Holdings (Nasdaq: RCT) : en juin, son cours oscillait entre 1,40 $ et 1,70 $. Au 1ᵉʳ juillet, il avait triplé, atteignant 4,29 $. PepGen (Nasdaq : PEPG) a récemment doublé, passant de moins de 2 $ à plus de 4 $ en un mois. Et Dominari Holdings (Nasdaq: DOMH) a explosé, bondissant de 1 $ à 13 $ entre mi-janvier et mi-février – soit une multiplication par 13.
C’est ce genre de mouvement fulgurant que recherchent la plupart des investisseurs intéressés par les microcaps. Et il n’y a rien de mal à cela, à condition de bien connaître les risques et d’ajuster la taille de vos positions en conséquence.
Oui, certaines microcaps versent des dividendes
Beaucoup l’ignorent, mais certaines microcapitalisations distribuent elles aussi des dividendes.
Par exemple, Kimbell Royalty Partners (NYSE: KRP) affiche une capitalisation boursière de seulement 1,4 milliard de dollars et un rendement proche de 12 %. Et Crown Crafts (Nasdaq: CRWS), avec une capitalisation de 30 millions de dollars, offre un rendement de 11 %.
Cela m’amène à un point essentiel : les microcaps ne sont pas nécessairement de jeunes start-ups fraîchement introduites en Bourse ou des sociétés spéculatives liées au Bitcoin ou à d’autres technologies en vogue. Crown Crafts, par exemple, fabrique des meubles pour bébés et existe depuis près de 70 ans.
Diversifier, toujours
Je recommande aux investisseurs de diversifier leur portefeuille : par secteurs, par zones géographiques et par tailles de capitalisation. Il y a des périodes où les grandes capitalisations surperforment, et d’autres où les petites ou microcapitalisations prennent le relais.
Mon ami, sans le savoir, recherchait une microcap prête à décoller. Tout le monde en rêve. Et il n’y a rien de mal à investir dans ce type de sociétés.
En réalité, j’encourage même les investisseurs à inclure quelques microcaps dans leur portefeuille : ces petites entreprises peuvent parfois doubler ou tripler leur valeur en un temps record… ou passer totalement inaperçues.
Mais rappelez-vous : il est crucial de savoir pourquoi vous achetez une action et d’avoir un plan de sortie (comme un stop) défini à l’avance. Cela vous permettra de limiter vos pertes si la situation tourne mal – ou de sécuriser vos gains quand le moment sera venu.
