La situation en Italie pourrait vite dégénérer. La BCE s’étant engagée à mettre fin à ses opérations monétaires, un traitement à la sauce grecque sera impossible.
Il pourrait y avoir bientôt du sang sur les murs des salles de marché avec l’Italie.
L’Italie est, depuis des lustres, un pays mal géré à monnaie faible. La tour de Pise ne s’est pas redressée et les finances publiques italiennes ne se sont pas magiquement améliorées parce que la lire était transformée en euro.
Au contraire, entrer dans l’union monétaire a permis aux gouvernements italiens successifs d’emprunter pour moins que rien grâce à l’appui implicite de l’Allemagne.
Quand je dis moins que rien, c’est vrai… Les taux italiens à deux ans étaient jusque-là négatifs.
Mais depuis le printemps 2018, et l’arrivée d’une coalition promettant encore plus de « dépenses sociales » et plus d' »investissements publics », tout a changé.
Maintenant, l’Italie doit payer 1,55% d’intérêt pour emprunter à deux ans. L’argent n’est plus gratuit !
Pour emprunter à 10 ans, l’Italie doit même payer 3,41% d’intérêt.
Si une telle aventure nous arrivait en France, le poste intérêt de la dette de notre budget national exploserait ; s’il fallait honorer nos obligations, le prélèvement à la source de nos impôts nous laisserait lyophilisés avec comme seules liquidités nos larmes pour pleurer sur notre pouvoir d’achat défunt.
Mais Mario Draghi, monsieur « Tout-ce-qu’il-faudra » de la Banque centrale européenne, est censé éviter le désastre total de la faillite de l’Italie. Il suffit qu’il rachète les titres de dettes italiennes. De cette façon, les Italiens pourront obtenir un « revenu universel » tombé du ciel.
« Nous devons tout faire pour éviter une nouvelle crise grecque cette fois en Italie »
Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne
« [Ce gouvernement] ne sacrifiera jamais les travailleurs sur l’autel des spreads et des règles folles qui nous ont été imposées. Ce gouvernement ne massacre pas les gens, la musique a changé« .
Luigi Di Maio, premier ministre italien
Un coûteux désastre à l’horizon
Cette union monétaire européenne était le résultat de volontés politiques. Sa fin sera, de la même façon, le résultat de volontés politiques, que ce soit en Italie, en Allemagne, en Grèce…
Au XIXème siècle, déjà, l’union latine fut une tentative d’union monétaire européenne. Elle partait avec bien plus d’atouts que l’euro. Les monnaies étaient métalliques (or et argent) et les différents pays y adhéraient librement. Même cette union là échoua, en raison notamment de la Grèce et de l’Italie.
Quel serait le progrès de la vraie science si chaque génération devait réinventer ce que la précédente avait trouvé ? Si pour construire une centrale atomique ou un véhicule électrique, on repartait des expériences de Volta ? Il n’y aurait pas de progrès.
Avec la politique et l’économie, à chaque génération, des constructivistes, grands planificateurs et démagogues, réessayent ce qui n’a pas marché : faire croire que l’argent gratuit existe, qu’on peut avoir quelque chose en l’échange de rien, qu’il suffit de créer de la monnaie ou du crédit pour que tout s’arrange.
L’économie est une science bidon et la politique qui fait croire que l’argent gratuit existe est une escroquerie.
Mieux vaut s’occuper de ses oignons et tourner sa propre bolognaise que d’écouter et croire à ces fadaises.
4 commentaires
Non, je ne suis pas d’accord qu’on accuse systématiquement la Grèce ou l’Italie des déboires et des bêtises économico-politico-financières françaises ou allemandes!
Pour l’Union Latine la responsabilité est pratiquement exclusivement française: C’était une tentative d’harmonisation des poids et titres des monnaies nationales pour sauver le régime bimétalliste de Germinal et rétablir l’intercirculation des monnaies d’argent entre les pays signataires dans l’intérêt de la France coloniale. La Première Guerre mondiale entraîna la thésaurisation des monnaies d’or et d’argent. La loi du 5 août 1914 aggrava le phénomène en instituant le cours forcé du billet et la suspension de la convertibilité en or. Cela n’a été voulu ni par la Grèce, ni par l’Italie, mais bel et bien par la France et l’Allemagne, pour payer les efforts de guerre. A quoi pouvait donc bien servir un traité qui empêchait de battre monnaie? Fin 1925, de guerre lasse, la Belgique(autre pays colonial) dénonça la convention, qui fut dissoute le 1er janvier 1927. Les dernières pièces de monnaie à avoir été frappées selon les standards de l’Union latine sont les 1/2 CHF, 1 CHF et 2 CHF suisses en 1967.
Rappel historique de l’Union Latine pour mieux comprendre qui a fait quoi:
La France avait institué un système monétaire, dit du franc germinal, en référence aux Lois fondatrices des 18 germinal an III (7 avril 1795) et 7 germinal an XI (27 mars 1803) instituant : un système de monnaie de compte décimal (1 franc = 100 centimes), un système de monnaie de règlement bimétalliste, où l’or et l’argent avaient cours légal.
Napoléon 1er a imposé dans les pays SOUMIS à la France une référence monétaire commune: le Napoléon, une pièce de 5,801 grammes d’or fin, d’une valeur de 20 francs.
L’adoption partielle ou complète du système du franc germinal à l’extérieur des frontières françaises avait créé un embryon de système monétaire international. La décimalisation avait été adoptée par les États-Unis dès 1795. Napoléon Ier avait tenté d’exporter, avec la Révolution, le système de Germinal en Europe. Bien que cette tentative PAR LA FORCE échouât d’abord, le système fut ensuite adopté, en toute liberté, par la Belgique en 1830, par la Suisse et par l’Italie en 1860 (le duché de Parme et le Royaume de Piémont Sardaigne l’avaient déjà adopté depuis 1815 … avec l’appui très forcé de la France, exactement comme en Syrie! La preuve? La France a créé le drapeau italien vert-blanc-rouge, pareil pour les « gentils rebelles » de Fabius avec le drapeau de l’ex colonie française en Syrie; l’histoire se répète…).
Dans une lettre à son frère Louis, roi de Hollande (et père du futur Napoléon III), en 1806, il écrit : « Mon frère, si vous faites frapper de la monnaie, je désire que vous adoptiez les mêmes divisions de valeur que dans les monnaies de France et que vos pièces portent, d’un côté, votre effigie et, de l’autre, les armes de votre royaume. De cette manière, il y aura dans toute l’Europe uniformité de la monnaie, ce qui sera d’un grand avantage pour le commerce ». Si ce n’est pas une dictature qu’est-ce donc?! Exactement comme l’Union Européenne de Bruxelles actuelle!
Après Waterloo et l’effondrement de l’Empire napoléonien, la référence au Napoléon est provisoirement abandonnée. Mais la Belgique, en prenant son indépendance(oui car la Belgique en fait n’a jamais existé, c’est un pays créé et par qui sinon la France?!), en 1830, y revient d’elle-même dans le souci d’asseoir sa monnaie sur une base solide. L’Italie fait de même en procédant à son unification. Enfin, la Suisse, en 1851, introduit à son tour une pièce de 20 francs suisses ayant les mêmes caractéristiques que ses consoeurs (5,801 grammes d’or fin).
Les turbulences sur le marché des métaux précieux au milieu du XIXe s. sont à l’origine de l’Union monétaire latine. Entre 1848 et 1851, la découverte de grandes quantités d’or en Australie et aux Etats-Unis provoqua une hausse de l’argent par rapport à l’or. Ceci favorisa la spéculation et rendit avantageuse la démonétisation des pièces d’argent, qui avaient désormais une valeur effective supérieure à celle légale. C’est pourquoi les pièces d’or remplacèrent progressivement celles d’argent. Ce phénomène préoccupa les Etats européens parce que la valeur intrinsèque beaucoup plus élevée de l’or entraînait des difficultés considérables pour les petites transactions. Aussi touchée par ce problème, la Suisse introduisit le franc (5 g d’argent au titre de 900/1000) avec la loi fédérale de 1850 sur la monnaie; celle-ci accordait le cours légal aux monnaies d’argent étrangères conformes au système français (notamment celles provenant de France, de Belgique et du royaume de Sardaigne).
Afin de résoudre ces difficultés, la France, la Belgique, l’Italie et la Suisse – représentée par Johann Konrad Kern, ministre plénipotentiaire en France, Albert Escher, directeur de l’atelier monétaire fédéral, et le conseiller national argovien Carl Feer-Herzog, qui faisait autorité dans les domaines monétaire et commercial – créèrent à Paris le 23 décembre 1865 l’Union monétaire latine, à laquelle la Grèce adhéra en 1868. Fondée sur le bimétallisme, elle établit un rapport entre l’or et l’argent de 1/15,5, adoptant comme base le franc français tel qu’il est défini par la loi du 28 mars 1803. L’accord réglait la frappe monétaire et établissait un titre de 900/1000 pour les pièces d’or et les écus d’argent des pays adhérents; ces monnaies circulèrent librement et furent acceptées comme moyen de paiement dans les Etats de l’Union. Le titre des monnaies divisionnaires fut fixé à 835/1000. En rejoignant l’Union monétaire latine, la Suisse entra dans la zone monétaire française. Ce que l’Union Européenne veut refaire en imposant ses lois à la Suisse!
Quelques années après sa naissance, l’Union fut confrontée au problème inverse de celui qui avait suscité sa création. D’une part, l’adoption par l’Empire allemand, nouvellement constitué (1871), du monométallisme or entraîna la disparition des pièces d’argent, d’autre part l’or se raréfia et la production d’argent augmenta; ces deux facteurs aboutirent à la dépréciation du métal blanc et en favorisèrent la frappe. C’est pourquoi dans les années 1870, les pays de l’Union limitèrent l’émission des monnaies d’argent, puis la suspendirent en 1880. Cette évolution alla de pair avec le passage de facto du bimétallisme au monométallisme or (Etalon-or, Politique monétaire). Les difficultés qui surgirent lors de la Première Guerre mondiale sonnèrent le glas de l’Union monétaire latine. En 1920, la France et la Suisse retirèrent leur monnaie circulant en dehors du territoire national; en 1921, la Belgique fit de même. Les écus étrangers n’eurent plus cours légal en Suisse le 31 mars 1921. La Belgique sortit de l’Union à la fin de 1925; le Conseil fédéral proposa par conséquent de dissoudre l’organisme à la fin de 1926. Depuis le premier avril 1927, seules les monnaies d’or et d’argent nationales purent circuler en Suisse.
Maintenant l’histoire se répète en accusant l’Italie de tous les maux et la rendant responsable déjà de l’effondrement de l’Union Européenne. Mais voyons les faits:
« L’Italie dépensière. L’Italie qui a vécu au-dessus de ses possibilités. Les marchés la punissent parce que, si elle ne suit pas les recommandations, sa dette est insoutenable. Le retraité norvégien finance le salaire de l’enseignant italien . » Blabla et etc.
Ce sont quelques – uns des axiomes « de la pensée libérale » dans le domaine de la dette publique, comme on disait alors mantra répété par ceux qui, jusqu’à hier, confus propagation spritz ou économiques prêts étudiants qui se leurrent qu’ils sont liés aux rangs des futurs dirigeants. Mais est-ce que les choses sont comme ça? Laissons de côté un instant toute vision alternative au libéralisme et essayons de raisonner en termes de marché, comme le ferait un investisseur.
Commençons donc par quelques données. L’Italie affiche un excédent primaire (recettes publiques supérieures aux dépenses, hors dépenses d’intérêts) depuis le milieu des années 90. Donc non, au moins depuis 25 ans, l’Italie n’a pas dépensé.
Après la terrible crise de 2008, le ratio de la dette italienne est passé d’environ 100 (99,7) à environ 130 (131,8). Croissance de 30%. Cela semblerait remarquable, mais si nous le comparons à ce qui s’est passé aux Etats-Unis ou en France, nous constatons qu’ailleurs la situation était pire. Le ratio dette / PIB des Etats-Unis est passé de 67,7 à 105,4 (soit une augmentation de 60%), la dette française de 68 à 97 (environ 45%).
Les chiffres indiqueraient alors que l’Italie est un pays « vertueux » selon les paramètres standard. Le pays a dégagé un excédent primaire et, malgré la hausse des dépenses d’intérêts et la crise la plus grave, sa dette a moins augmenté que son PIB. Bien sûr, cela a eu des résultats désastreux du point de vue social et de la désertification industrielle, mais nous laissons également cet aspect de côté pour nous concentrer sur les données.
Sans ces conditions préalables, demandons-nous alors deux choses: la performance des obligations d’Etat italiennes est-elle injustifiée par rapport à celle, par exemple, française? Et plus généralement, les emprunts d’Etat italiens sont-ils maintenant bon marché?
Allons à l’ordre. A la fin du vendredi, le BTP d’une durée de 10 ans a généré un rendement de 3,14%. La contrepartie française de l’OAT de 0,80. Environ 235 points de propagation.
Or, la croissance du ratio dette / PIB au cours des 10 dernières années a été nettement pire en France. Il faut ajouter un autre fait fondamental: la position à l’étranger. En regardant la NIIP (la position extérieure globale nette, en bref la différence entre les crédits et les dettes extérieures du système national) et en examinant la balance des paiements (biens et services exportés moins d’importations), l’Italie est mieux placée que la France.
En ce qui concerne NIIP, l’Itale et la France sont tous les deux des pays débiteurs. Mais la position italienne négative est de 7% du PIB, passant de -25 des pires moments. Le français est à -20, en déclin. Des pays comme l’Espagne ou le Portugal, dont les dettes paient moins d’intérêts du BTP, ont des positions horribles (négatives pour environ 90 et 110% du PIB, respectivement).
Sur la balance des paiements, les données sont encore plus favorables pour l’Italie avec un excédent de 50 milliards fin 2017 à comparer avec un déficit français d’environ 22 milliards (respectivement 3% du PIB en positif et 1% en négatif) .
Donc, fondamentalement, l’Italie est mieux placée dans tout sauf dans le stock précédent (130% contre environ 95%). Mais même si elle a un poids dans ce dernier cas ( d’ autant plus que vous préférez) du Japon avec sa dette / PIB monstre à 250% en même temps qui est considéré comme un refuge et payer moins pour les intérêts allemands devraient au moins vous laisser relativiser.
Le BTP est-il sous-estimé par rapport aux OAT françaises? Oui? Mais non Non! Les marchés risquent de renommer leur dette en lire, l’inévitable chaos et l’incertitude d’une telle option et raisonnablement le fait que, dans le cas d’une sortie de l’Italie de la monnaie unique, des politiques de dépenses seraient mises en œuvre pour remédier, au moins en partie, à cette austérité due à un excédent primaire et à la compression de la demande intérieure imposée par les « traités » pendant des années.
Et le meilleur: Du point de vue des investisseurs, l’évaluation négative ne porte pas tant sur les fondamentaux italiens que sur les fondamentaux (ils disent de bonne ou de mauvaise foi) les apologistes du marché qui la punissent, mais plutôt sur la liberté pour l’Italie de choisir. Ne pas être écrasée par le système qui l’oppresse, avec ce qu’il comporte en termes de risques pour les investisseurs.
Les BTP (mais plus généralement toutes les obligations d’Etat) sont bon marché aujourd’hui? La réponse, à mon avis, est négative.
En fait, depuis la fin des années 1970 (avec l’avènement de la mondialisation), tout le système économique des pays « développés » repose sur la compression des salaires, les exportations sauvages et le surplus relatif approprié au capital, qui n’est pas investi dans l’économie réelle, mais directement sur les marchés financiers. Avec pour résultat de gonfler la valeur des actifs et de déprimer (avec les bas salaires, le chômage, les politiques d’austérité et le confinement de la demande intérieure) la base économique matérielle qui devrait protéger les consommateurs.
En conclusion(pour ne pas en rajouter…) on peut dire que l’attention spasmodique sur une Italie « dépensière » qui ne se conforme pas aux exigences du consensus de Washington, de la BCE, du Fonds monétaire et des « marchés » mythiques est un faux historique (il y a trop droit de douane), étant donné que, selon l’examen des données brutes, l’Italie a présenté des principes de base moins graves qu’on ne le pense habituellement, alors que le risque réel est précisément un système déséquilibré et fragile à tous points de vue et c’est ce qui constitue la réalité. Un vrai problème pour les investisseurs.
Dans ce contexte, l’Italie peut certes être le match ou l’un des matches à l’origine de l’incendie, mais le problème, même si l’on voulait se placer dans une perspective de marché, réside dans la configuration du marché. Pas en qui déclare le premier que le roi est nu. Vu? Cocorico s’est incrusté dans l’esprit français à tout jamais? C’est ce qui le rend TRES détestable à l’étranger. 😉
Oui Amora, la situation de la France n’est pas mieux …
Mais les perspectives (du moins annoncés) sont meilleurs. Et c’est en cela que les marchés jugent.
Si l’Italie n’avait pas annoncé + de dépenses, ses taux n’auraient pas explosés.
C’est juste une question de rhétorique. L’art de bien parler (ou vendre sa soupe).
Après, savoir si c’est l’Italie ou pas qui fera exploser l’euro : On verra.
Mais ne nous voilons pas la face, ils ont un gouvernement eurosceptique. Ils ont donc de bonne chance de mettre le premier coup de canif.
Pour ce qui est de savoir si sortir de l’euro est bon ou pas. J’ai pas trop d’avis, sauf un : si chacun devait retrouver sa monnaie national, je passerais à l’or bien avant.
Et c’est bien la question que j’aimerai poser aux Italiens (dirigeants): Est ce qu’ils convertiront leurs avoirs en Lires ?? Ou seulement ceux des citoyens ?
(nous, on avait un ministre du budget qui chassait les fraudeur du fisc, avec zèle. Mais avait lui même un compte en Suisse)
Totalement d’accord.
Etant donné que le pacte de stabilité impose normalement un ratio d’endettement de 60% du PIB, je ne comprends même pas que l’Italie ait pu rentrer dans la zone euro.
Amora, au delà de la dette italienne, vous omettez opportunément la situation du système bancaire italien, criblé par la masse des douteux et autres « crédits non performants ».
Le retour à la lire finirait de faire exploser le système financier, et je prends le pari que le gouvernement italien fera tout pour ne pas sortir de l’euro, comme les grecs il y a peu…