Cette crise que nous traversons n’est pas seulement un simple changement de cycle, où un cycle baissier viendrait remplacer un cycle haussier. Le changement que cette crise va induire est mais également stratégique au niveau de la gestion des énergies.
– Psychologique parce que les modes de consommation vont évoluer, les consommateurs n’ayant plus le même pouvoir d’achat. Nous avons basculé d’un système où l’endettement était roi à un système d’épargne afin de préserver l’avenir en cas de coup dur.
– Géographique car la domination mondiale des pays industrialisés tels que les Etats-Unis et l’Europe va passer du côté de l’Asie. On bascule de l’Atlantique au Pacifique.
– Energétique, enfin, parce que la volonté politique s’oriente vers la recherche afin de préserver un meilleur environnement, mais surtout pour des raisons économiques : le baril flambe, et il n’y a pas de raisons pour qu’il redescende durablement. Ensuite, cela permet de développer un axe de croissance… qui pourrait, au fur et à mesure, palier au chômage, à la récession, à l’enlisement économique. Mais pour le moment, l’industrie est toujours centralisée sur la fabrication de véhicules à moteur tels que nous les connaissons depuis les cinquante dernières années. Pour le moment, vive le pétrole et le moteur à explosion… pour un temps.
Les symboles sont faits pour être remplacés
Dans ce milieu industriel automobile, il a été particulièrement significatif de voir la chute de General Motors, qui représentait encore il y a peu le symbole de l’industrie américaine, sa fierté et la première capitalisation mondiale. La crise est passée par là, le nouveau GM après dépôt de bilan n’est pas sorti d’affaires. Et ce n’est pas le rachat du symbolique constructeur Hummer (vous savez, ces gros 4×4 de guerre dévoreur de pétrole et avaleur de trottoirs dans nos cités) par des Chinois qui changera quelque chose.
Non, quelque chose de beaucoup plus fort arrive sur nous et pourrait détrôner les mythiques best seller qu’ont été les 2CV, la Ford T, ou encore la VW Coccinelle.
La Nano est arrivée !
Cette nouvelle merveille de la production automobile mondiale ne sort pas d’une usine américaine, encore moins européenne, ni même chinoise. Elle est Indienne. Elle coûte 100 000 roupies, l’équivalent d’environ 1 700 euros. Et c’est ça qui fait toute la différence.
Certes, ce n’est pas une diva telle une Ferrari — dont la carrosserie est un hymne à la sculpture et où l’intérieur embaume le plus enivrant des cuirs et où la motorisation incite à faire vrombir la musique rageuse des 12 cylindres — avec un prix défiant les lois sinon de l’apesanteur, tout du moins du citoyen moyen, restant l’apanage des grands de ce monde ou au moins des traders encore en place.
Non, ce n’est qu’une toute petite voiture qui reste plus proche d’une cacahuète que d’une supercar, défiant la maréchaussée. Elle est toute petite (elle mesure moins de trois mètres). Elle est faiblement motorisée (33 chevaux maximum) et sa vitesse plafonne à 100 km/h. Même pas de motorisation sophistiquée et avant-gardiste où l’hybride aurait pu faire concurrence au solaire, à l’électrique ou pourquoi pas au nucléaire. Son intérieur simplet est finalement plus proche du Rickshaw, véhicule indien par excellence, que d’une limousine allemande ou anglaise.
A star is born
Et pourtant, cher lecteur, habituez-vous à son nom parce qu’elle est une star en devenir. A peine commercialisée, elle s’arrache comme des petits pains et son succès est tel que la spéculation est déjà là : les bons de commande s’échangeant avec une plus-value de 30%. Retenez bien le nom de la star : la Nano !
Les prévisions pour son arrivée en Europe seraient vers 2010 ou 2011, avec un prix nettement plus élevé qu’en Inde en raison d’équipements et de motorisations plus près des standards européens. Toujours est-il que le lancement est une réussite.
Car ce qui attend cette nouvelle micro-citadine des temps modernes et asiatiques dans un premier temps est une industrialisation qui devrait permettre de la faire sortir à 100 000 exemplaires par an des usines indiennes. 200 000 commandes sont déjà venues grossir les carnets de commande de l’heureux industriel Tata Motors.
Loin d’être inconnu dans les milieux automobiles, Tata avait commencé à faire parler de lui au début de l’année en rachetant à Ford ses marques de prestige, Land Rover et Jaguar.
En tout cas la révolution est en marche ; l’Amérique tombe de son piédestal.