L’énergie et la célérité avec lesquelles la Fed, mais aussi la BCE ont su réagir aux incidents survenus en août en offrent une éclairante illustration. Pour les autres, on ne change pas les hommes d’un coup de baguette magique : la peur et l’avidité continueront de régner en maîtresses sur les marchés. Le hedger se muera toujours en spéculateur et, là où le profit se dessine, il y aura toujours des prises de risque… en prenant pour prétexte le "baromètre" le plus convaincant.
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A Francfort aussi, on se passionne pour la coupe du monde. Il faut dire que l’art difficile de la banque centrale a tout, en ce moment, de la mêlée ou du maul en rugby. Ayant bloqué à mi-terrain l’offensive du subprime, le XV de Francfort résiste comme il peut — à coups de milliards injectés qui viennent renforcer, jour après jour, la défense compacte de l’économie mondiale. Pour renforcer le moral de l’équipe, les sélectionneurs européens ont consenti à un geste : le 6 septembre, le conseil des gouverneurs décidait à l’unanimité de laisser son taux directeur inchangé (4%). La Banque Centrale britannique, elle aussi, a choisi le même jour de jouer l’attente.
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… Fichue Saint-Valentin ! Depuis hier soir, ma femme ne m’adresse plus la parole. Je n’avais pourtant pas oublié la date symbolique (facile : elle tombe la veille du rapport de la BCE pour février). Et j’avais bien fait les choses : je m’étais libéré pour toute la soirée ; j’avais coupé mon téléphone, acheté un bouquet de lys, et réservé une table dans son restaurant japonais favori.
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Après des jours d’errance parmi les collines de bambous, à demi mort de faim, La Motte-Cassis découvrait le légendaire temple de Sil-Lum, où les moines-financiers Tong perfectionnent, depuis des siècles, la méditation et le kung-fu monétaire, à travers la plus rigoureuse ascèse.
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… Honte et déshonneur ! Déshonneur et honte ! Le monde de la finance ne respecte donc rien ?… Il y a quelques jours, j’apprenais dans le journal les démêlés avec la justice de l’Américain Hewlett Packard, accusé d’avoir débrouillé une trouble affaire de fuites en interne par des moyens certes créatifs, et d’une incontestable efficacité, mais assez peu respectueux des libertés fondamentales : usurpation d’identité, vols de relevés téléphoniques et (rumeur non confirmée) détecteur de mensonges. "Voilà bien l’Amérique d’aujourd’hui ! ricanais-je en moi-même. Ces choses-là n’arriveraient jamais chez nous. De toute façon, nous ne saurions pas faire.
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Je défais tristement mes valises. Paris revêt ses atours de rentrée. Les jupes rallongent sur les boulevards. Les chiffres clignotent furieusement sur le moniteur de mon bureau, suggérant le réveil des marchés. Trousses et cartables s’affichent aux devantures ; les éditeurs entassent dans les rayons les succès de l’année ; les chaînes de télévision peaufinent leurs grilles.
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Tout au long de ma persévérante carrière, je me suis tenu à l’écart de ces foyers d’exubérance irrationnelle que sont les casinos. Mais l’autre soir, ma cousine de Menton — chez qui je passe mes vacances — était de sortie pour son bridge hebdomadaire.
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Au-delà des soubresauts parfois cruels de l’actualité sportive, par bonheur, il y a des choses qui ne changent pas. De même qu’en Bourse, toute hausse est suivie d’une baisse, et réciproquement ; de même, après une année de dur labeur au service de l’euro fort, elle est revenue, l’heure sacrée de mes congés payés.
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Nous vous proposons un dos de saumon aux petits légumes ou un filet de veau et son gratin dauphinois", m’annonça suavement l’hôtesse. Il devait être onze heures trente, quelque part au-dessus des Alpes ; l’avion me ramenait de Gibraltar, où j’avais suivi la troisième conférence internationale "Vers une évasion fiscale durable" pour le compte de l’Agioteur Beauceron. Je n’étais pas dans mon assiette. Les vifs débats de la semaine, sans parler du cocktail de clôture — au champagne détaxé, comme il se doit — m’avaient laissé les idées brumeuses.
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… Il est beau, le cinématographe contemporain ! Et l’on croit que ces choses-là vont se vendre ? A quoi songent donc nos producteurs ? A prendre toujours plus de risques artistiques, voilà à quoi ! Jamais à gagner de l’argent ! Sans se soucier des malheureux spectateurs qui désertent par milliers les salles obscures !
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La morosité ambiante ; l’inquiétude systématique ; la haine farouche du changement ; ou bien encore, cette curieuse manie, pour un officier des services secrets, de noircir et d’archiver, là où tout le monde pourra les lire, des dizaines de petits carnets bourrés de renseignements compromettants. Voilà, en vrac, quelques manifestations d’un syndrome qui suscite l’étonnement du monde, et que j’appellerais volontiers le "mal français".