Si vous déléguez la gestion de votre assurance-vie, soyez vigilant quant aux modalités et aux types de frais prélevés. Préférez une gestion visant à limiter le drawdown.
Pour être gagnant sur les marchés actions dans les années qui viennent, il ne faudra sans doute pas se contenter de cumuler des positions acheteuses (long). Quatre types de professionnels sont en concurrence pour gérer votre portefeuille, du banquier au conseiller en gestion de patrimoine, en passant par l’assureur et la société de gestion d’actifs.
Les banquiers et les assureurs proposent des contrats d’assurance-vie en « gestion pilotée ». Votre épargne sera gérée en fonction de votre profil de risque, souvent classé entre trois catégories : défensive, équilibré ou offensif.
Les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) peuvent également vous proposer de s’occuper de l’allocation d’actifs au sein de votre portefeuille au travers d’un « mandat d’arbitrage ». La gestion sera faite soit en fonction de votre profil de risque (gestion standard), soit en fonction de vos convictions. Le recours à un CGP vous permet donc de faire dans le sur-mesure au niveau de la stratégie gestion de vos actifs financiers.
Enfin, certaines sociétés de gestion d’actifs (les assets managers), ces entités qui ont pour vocation de créer et de faire vivre les fonds accessibles au sein de votre contrat d’assurance-vie, ont en interne leur propre pôle de conseil en gestion de patrimoine. Comme chez le CGP, vous y aurez accès soit à une gestion en fonction du profil de risque, soit à une gestion fonction de vos convictions propres, au travers d’un « mandat de gestion ».
La stratégie de gestion actuellement préférable
Le professionnel que vous retiendrez doit être en capacité de protéger votre portefeuille, y compris si cela implique de vendre à découvert (orientation short), ou encore de se retirer du marché pour se positionner intégralement en cash.
Notez que les sociétés de gestion d’actifs, les banques et les compagnies d’assurance peuvent être réticentes à se retirer intégralement des marchés, du fait que ces acteurs sont incités à rester positionnés sur leurs propres fonds (afin d’être doublement rémunérés, sur les fonds maison et au titre du mandat de gestion) et du fait que les fonds monétaires sont très faiblement rémunérateurs.
Cette remarque est particulièrement valable si vous êtes un « petit poisson » en banque de réseau, les « gros clients » de la banque privée ayant accès à des contrats en architecture ouverte, c’est-à-dire avec un large choix de fonds qui ne se limite pas aux fonds maison.
Ces mêmes gros clients ont aussi accès, s’ils le souhaitent, à la « gestion conseillée » ou « gestion assistée ». Ils déterminent eux-mêmes les grandes orientations de leur portefeuille en discutant avec des conseils d’un bon niveau.
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Portez votre choix sur un gérant qui place au cœur de sa stratégie la minimisation du maximum drawdown, c’est-à-dire la perte maximale subie par un investisseur qui aurait acheté au plus haut et revendu au plus bas, ainsi que le nombre de jours nécessaires pour récupérer sa mise de départ.
Grâce à une stratégie de ce type, votre portefeuille sera moins sensible à un marché baissier. Pour faire simple (à défaut d’être exact), il est possible que votre CGP vous parle de la compression de la « volatilité » de votre portefeuille.
Quelles modalités de rémunération ?
Evitez les systèmes basés sur la facturation des arbitrages au profit de ceux reposant sur un pourcentage des fonds gérés. Cette dernière modalité incite le gérant à n’arbitrer qu’à bon escient, alors qu’une pratique encore répandue dans la profession consiste à « faire tourner » les portefeuilles afin de facturer des frais supplémentaires aux clients.
Les frais que vous serez amenés à payer doivent être raisonnables : suffisamment élevés pour rémunérer correctement le travail du professionnel en charge de votre allocation d’actifs, mais en-dessous des frais moyens pesant sur les contrats d’assurance vie en unités de compte.
Ces derniers se montent tout de même en moyenne à 3% par an, entre les frais du contrat (entre 0,60% et 1,10%) et les frais inhérents à chaque support (en moyenne de 2,10% mais très variables ; chaque support doit donc être méticuleusement sélectionné), selon une étude de Good value for money publiée au mois d’avril.
Au final, cela veut dire que le gérant moyen devrait générer plus de 3% de performance annuelle simplement pour que votre portefeuille soit étal au 31/12 ! Si le montant des fonds que vous apportez est élevé, jouez là-dessus pour obtenir des services à un coût moins élevé que la moyenne.
Comment transférer la gestion de votre portefeuille d’un professionnel
à un autre ?
Enfin, ayez en tête que vous ne serez peut-être pas entièrement satisfait de la performance du professionnel auquel vous aurez délégué la gestion de votre portefeuille. Malheureusement, il est très difficile de se réserver la possibilité de transférer d’un professionnel à un autre la gestion des arbitrages de vos placements assuranciels.
Si vous avez souscrit par exemple un contrat d’assurance-vie auprès d’une banque ou d’une compagnie d’assurance et que vous souhaitez en transférer la gestion financière à un CGP, ce dernier vous expliquera que cela relève de l’impossible et vous invitera à racheter votre contrat pour en souscrire un nouveau chez lui.
Dans l’hypothèse où vous avez souscrit un contrat d’assurance-vie auprès d’une société de gestion d’actifs pour lui en confier la gestion, sachez qu’il vous sera ensuite quasiment impossible de transférer le contrat auprès d’un autre professionnel. Considérez que la société de gestion est « propriétaire » du client que vous êtes.
Enfin, si vous avez souscrit un contrat d’assurance-vie auprès d’un premier CGP et que vous souhaitez en transférer la gestion auprès d’un autre CGP, vous pouvez être confronté à deux cas de figure. Soit le premier CGP refuse le transfert de la gestion du contrat auprès de son confrère et il vous faudra alors clôturer votre contrat, soit les deux CGP négocient les modalités financières de votre transfert.
Comme vous pouvez le constater, le grand mercato des clients du secteur assuranciel (contrat d’assurance-vie, PEA capitalisation…) est beaucoup moins fluide que celui des clients du secteur bancaire (compte-titres ordinaire, PEA, PEA-PME…) !
La directive distribution d’assurances (DDA), adoptée en 2016 et qui s’appliquera à compter du 1er octobre 2018 (décret publié au JO le 3 juin dernier), pourrait cependant venir changer la donne…
En résumé
Si vous décidez de vous lancer seul sur les marchés, il va vous falloir passer outre un certain nombre de traquenards avec risque de matraquage tous azimuts.
Si vous déléguez la gestion de votre portefeuille à un professionnel de l’allocation d’actifs, il vous faudra être très méticuleux dans votre choix.
Outre sa stratégie de gestion, vous devrez l’interroger sur toute une série de frais : sa rémunération propre, les frais d’entrée (prélevés par lui et/ou par l’assureur), les frais du contrat (prélevés par l’assureur), les frais inhérents à chaque fonds (prélevés par les sociétés de gestion d’actifs) et les éventuels frais de retraits (prélevés par la société de gestion sur les fonds détenus en direct, c’est-à-dire sur un produit bancaire du type compte-titres, PEA ou PEA-PME, par opposition au contrat d’assurance-vie et au PEA capitalisation sur lesquels il n’y a pas de frais de rachat).
1 commentaire
Encore une bonne illustration de la façon dont les taux réels négatifs et la multiplication des règlements favorise le développement de la parasitocratie y compris dans le secteur privé.