▪ L’année dernière, le sidérurgiste ArcelorMittal annonçait la fermeture des hauts-fourneaux de Florange, et signait pour l’occasion la disparition du dernier haut-fourneau de la région.
Il s’en était suivi une tragi-comédie de quelques semaines au cours desquelles Arnaud Montebourg, Edouard Martin et Lakshmi Mittal avaient tenu les premiers rôles.
Un an après, le site ne s’est pas assoupi, et semble même reprendre de la vigueur. Pas un seul des 629 employés n’a été licencié, et plus de 100 millions d’euros ont déjà été réinvestis par le groupe. Même du côté syndical — dont les percées médiatiques sont souvent suivies de longues traversées du désert — la situation a trouvé une issue inattendue. Le leader de la CFDT, Edouard Martin, pourrait être tête de liste PS aux prochaine élections européennes.
Le site mosellan est le reflet du rebond du groupe. Les maux qui le plombaient l’année dernière sont partiellement en train d’être surmontés.
▪ Ulcos versus Lis
Pendant les quelques semaines durant lesquelles les Français se sont passionnés pour les "filières liquides" et "l’industrie inox" du groupe, un nom revenait régulièrement, le projet Ulcos. Il s’agissait d’un projet au niveau européen visant à réduire la production de CO2 dans la sidérurgie, et le site de Moselle devait être la vitrine technologique du projet. En fermant les deux hauts-fourneaux, le projet Ulcos était mis aux oubliettes.
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Les banques centrales comme la Bundesbank demandent à rapatrier leur or des coffres américains et français.
Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’elles risquent fort de ne jamais revoir leurs lingots !
Découvrez pourquoi sans plus attendre : il pourrait y avoir de spectaculaires profits à la clé.
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Mais un an après, c’est un autre nom, tout aussi inconnu, qui cristallise les espoirs, Lis. Le projet Lis, pour Low impact steel making, vise également à réduire la production de CO2. Il pourrait même déboucher sur la réouverture des hauts-fourneaux pour certains. Bien entendu, les promesses tenues d’ArcelorMittal comme l’écrit L’Usine Nouvelle, notamment au niveau social, sont également aidées par l’engagement des pouvoirs publics. La signature du "Pacte Lorrain" entre l’Etat et la région Lorraine en septembre dernier devrait aider à intégrer Florange dans un environnement innovant et dynamique. Mais c’est aussi le résultat d’un retour à l’équilibre du sidérurgiste.
▪ ArcelorMittal n’est plus l’homme malade de la sidérurgie
L’année dernière, le sidérurgiste accumulait les tares : trop endetté, pas assez innovant, pas assez internationalisé, peu fiable et trop centralisé. Cette année, ce n’est pas ArcelorMittal qui se fait éreinter par la presse, mais un autre groupe tout aussi connu, ThyssenKrupp.
Le groupe allemand vient d’annoncer la revente de ses actifs américains à ArcelorMittal et Sumitomo Metal pour 1,55 milliard de dollars. Il s’agit d’une lourde perte pour le groupe, qui se désengage piteusement, et surtout à perte, de ce marché. A l’inverse, ArcelorMittal a racheté ces usines avec l’intention de profiter du rétablissement du marché automobile de l’ALENA qui regroupe les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. Il devrait progresser de 15% sur la prochaine décennie selon le groupe. L’usine d’Alabama devrait ainsi concentrer les investissements.
C’est donc l’ancien homme malade de la sidérurgie mondiale qui se redéploie aux Etats-Unis. Cette capacité à investir à nouveau a été permise par un travail sérieux de réduction des coûts. Florange ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Si les emplois du site ont été préservés, il ne faut pas oublier Gandrange. Et cette année, le groupe a mené une politique tout aussi dévastatrice socialement en Belgique, avec le licenciement prévu de 1 300 emplois.
C’est toutefois cette politique qui a permis de concentrer les investissements du groupe sur quelques sites et de redonner des marges financières. D’ici 2015, le premier vendeur d’acier au monde pourrait économiser trois milliards de dollars. La situation du groupe pourrait également s’améliorer avec la hausse attendue de la demande en acier, de 3% l’année prochaine selon Eurofer. Pour Lakshmi Mittal, "le point bas du cycle est derrière nous […] tous les indicateurs vont dans la bonne direction ; par conséquent, nous sommes optimistes, bien qu’avec précaution, sur l’année 2014".
▪ Optimiste pour 2014
Ce retour de la confiance ne s’est pas encore traduit dans les cours. Comme le montre ce graphique, le titre a chuté en 2011 lorsque son surendettement a éclaté au grand jour et que la demande en acier dans les pays développés a ralenti.
Mais le cours pourrait bien entamer une ascension en 2014 ; il y a des signes qui ne trompent pas. Au dernier trimestre, le groupe a dégagé un EBITDA de 1,7 milliard de dollars, contre 1,5 milliard prévus. Sur les deux derniers trimestres, le groupe a affiché un gain par action positif. Les analystes sont également devenus majoritairement "à l’achat" sur le titre. Le groupe a annoncé qu’il allait réduire sa dette à partir du dernier trimestre.
▪ Mon conseil
Si le retour de l’activité en Moselle est un indicateur du renouveau plus global d’ArcelorMittal, sa meilleure santé peut aussi être vue comme un signe de la reprise économique au niveau mondial.
L’année prochaine, le marché automobile devrait continuer de se redresser, mais sans feux d’artifice pour autant. Si les ventes de voitures neuves en Europe devraient augmenter pour la première fois en sept ans, celles aux Etats-Unis devraient ralentir et progresser de 4% en Chine.
ArcelorMittal est donc sur la voie du redressement, mais la tendance mettra du temps à prendre forme tant le marché mondial reste atone et sa restructuration longue et coûteuse. Se placer à l’achat aujourd’hui comporte ainsi encore un risque.