▪ Les outils de lutte contre les bactéries mis au point au 20ème siècle ne sont pas parfaits. Contrairement, par exemple, à une cancérothérapie, les antibiotiques ont une durée de vie limitée. Une thérapie contre le cancer mise au point il y a 50 ans est encore efficace aujourd’hui. Au contraire, un antibiotique peut devenir inefficace avec le temps, en particulier si on l’utilise mal. Très tôt, Alexander Fleming avait souligné ce problème épineux dans son discours de réception du Prix Nobel :
"Il n’est pas difficile de rendre les microbes résistants à la pénicilline en laboratoire en les exposant à des concentrations insuffisantes pour les tuer ; la même chose peut parfois avoir lieu dans le corps".
"Le jour viendra peut-être où n’importe qui pourra acheter de la pénicilline. Le danger sera alors que l’homme ignorant puisse facilement se sous-doser et en exposant ses microbes à des quantités non létales du médicament, et les rende résistants".
C’est presque exactement ce qui est arrivé. Prescrire trop d’antibiotiques à des gens qui n’en avaient pas besoin, et terminer son traitement trop tôt, tout ceci a permis à des bactéries mortelles de développer une résistance. Utiliser des quantités massives d’antibiotiques lors d’opérations agricoles n’a pas non plus aidé. Cette pratique a tracé un boulevard par lequel les bactéries ont pu augmenter leur résistance.
Le résultat de tout cela est que, hélas, beaucoup d’anciens antibiotiques sont de moins en moins efficaces. Les bactéries se sont adaptées. Lorsqu’une bactérie est exposée à un antibiotique, elle peut évoluer, modifiant ses gènes pour favoriser sa résistance. Une façon pour les bactéries de devenir résistantes est de développer des mécanismes pour expulser les molécules de l’antibiotique avant que celles-ci ne puissent les tuer. Pire, elles peuvent partager leurs gènes de résistance entre elles.
▪ Des antibiotiques moins efficaces… et plus rares
Ce n’est pas tout. On a de moins en moins de nouveaux antibiotiques pouvant réapprovisionner le pouvoir déclinant des plus anciens et pour combattre la menace apparue ces dernières décennies. A une époque, l’industrie pharmaceutique mettait au point des dizaines de nouveaux antibiotiques qui pouvaient travailler contre les bactéries résistantes.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Plus inquiétant, même nos dernières lignes de défense, les antibiotiques de dernier recours, commencent à perdre de leur efficacité contre les nouvelles souches bactériennes résistantes qui viennent d’apparaître.
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Il ne faut pas se leurrer, après les formidables avancées dans le domaine des antibiotiques au milieu du 20ème siècle, nous commençons à perdre la bataille.
Les rapports sont très mauvais. Ces nouvelles souches tuent un nombre croissant de personnes dans les hôpitaux. Selon les Centres américains pour le contrôle et pour la prévention des maladies (CDC), au moins deux millions de personnes par an sont infectées par des souches résistantes et au moins 23 000 en meurent.
Tous les ans, 250 000 personnes sont hospitalisées pour infection par le clostridium difficile, et 14 000 en meurent. Rien qu’une variété, les staphylocoques dorés résistants à la méthicilline (SARM), tuent plus d’Américains tous les ans que les actions cumulées du VIH, de la maladie de Parkinson, de l’emphysème et des homicides tous ensemble.
▪ Une nouvelle crise sanitaire
Encore plus effrayant, on commence à trouver ces variétés résistantes hors de nos hôpitaux à des taux alarmants. En fait, un patient hospitalisé sur 20 risque de contracter une infection nosocomiale et le pourcentage d’infections multi-résistantes continue d’augmenter.
Le poids financier des bactéries résistantes est lourd ; il est source d’un surplus de 20 milliards de dollars des coûts de santé et de 35 milliards de dollars de productivité perdue selon les CDC. D’autres estimations sont même plus hautes.
En outre, avec la mondialisation, les bactéries résistantes peuvent se propager à travers la planète en peu de temps. Par exemple, une nouvelle variété résistante qui apparaît en Chine peut se retrouver à New York en quelques jours, transportée par un vol international.
Clairement, nous sommes dans les premiers temps d’une crise sanitaire. Les législateurs et les régulateurs sont aujourd’hui conscients du grand besoin de nouveaux antibiotiques et prennent des mesures pour faciliter leur développement. L’année dernière, le président Obama a signé le projet GAIN Act. Ce texte encourage la mise au point de nouveaux antibiotiques, prévoit de prolonger la durée des brevets et d’accélérer la procédure d’enregistrement auprès de la FDA.
Heureusement, de petites entreprises biotechnologiques mènent l’offensive contre ces bactéries cauchemardesques et vont bénéficier des modifications de réglementations. J’ai évoqué une entreprise en particulier dans ma lettre NewTech Insider. Cette entreprise possède déjà ce que je pense être le plus grand programme de découverte et de développement antibiotique de l’industrie. L’un des médicaments qu’elle met au point pour traiter les infections des voies urinaires et intra-abdominales sont en phase III des essais.
Ce médicament bénéficiera potentiellement de fortes ventes s’il est autorisé. A l’exception des voies urinaires, il peut être difficile de cultiver des infections gram-négatives, de déterminer leur type exact et de savoir s’il s’agit de variétés résistantes ou pas. Cela signifie que les hôpitaux auront tendance à traiter les infections les plus courantes plutôt qu’un type spécifique de bactéries.
[NDLR : Pour découvrir cette biotech — et la mettre en portefeuille au bon moment –, continuez votre lecture !]