Faut-il suivre le bruit ambiant ou s’en tenir aux fondamentaux ?
L’évolution des marchés suit bien souvent, au jour le jour, les déclarations des gouvernements et les grandes tendances relayées par les médias.
La guerre des tarifs, par exemple, en est une illustration marquante : elle engendre des perturbations économiques et alimente les tensions sur de nombreux secteurs.
Sur le marché de l’or, également, les groupes au pouvoir jouent un rôle déterminant. Depuis plus de dix ans, les banques centrales achètent massivement du métal jaune, contribuant ainsi à soutenir, voire à faire grimper, ses cours.
Un gérant de patrimoine, spécialisé dans les minières d’or et d’argent, me transmet d’ailleurs régulièrement des mises à jour sur l’évolution des métaux précieux et des actions du secteur.
Un élément essentiel du marché de l’or réside dans les flux d’investissements orientés vers les ETFs, ces fonds cotés en Bourse qui permettent de miser directement sur l’évolution du métal.
Tandis que les banques centrales intensifient leurs achats, assurant l’essentiel de la hausse de la demande, les investisseurs particuliers et les fonds d’investissement, de leur côté, en profitent pour réaliser des prises de bénéfices après la hausse des cours.
Selon le Gold Report, les fonds ETFs adossés à l’or ont connu une diminution de leurs encours depuis l’été 2020. Mais cette tendance semble s’inverser : depuis le début de cette année, ces fonds enregistrent, mois après mois, des entrées nettes de capitaux. Les flux témoignent ainsi d’un regain d’intérêt de la part des investisseurs particuliers et institutionnels.
Début mars, le Gold Report relevait :
« C’est le troisième mois consécutif où les actifs sous gestion ont augmenté en raison de l’arrivée de nouveaux investisseurs… »
Pourtant, malgré ce retour encore modeste des particuliers, la principale dynamique qui influence le prix de l’or demeure celle des achats opérés par les banques centrales.
Aujourd’hui, environ 20% des réserves mondiales d’or figurent dans les bilans de ces institutions – qu’il s’agisse de la France, de la Chine ou encore de la Turquie – soit un total de plus de 37 000 tonnes. Ces niveaux sont le fruit d’achats nets de 7 798 tonnes entre 2010 et 2023, auxquels se sont ajoutées encore 1 045 tonnes l’an dernier.
Pour autant, plusieurs experts financiers expriment leurs inquiétudes quant à l’évolution future du prix de l’or.
Les projections de Scotiabank reflètent cette prudence : elles anticipent un repli progressif des cours des métaux précieux entre 2025 et 2027. Pour 2026, par exemple, la banque table sur un prix de l’once d’or à 2 800 dollars, après un sommet estimé à 3 000 dollars en 2025. D’après mon contact dans la gestion de patrimoine, certains prévoient même un possible retour du prix de l’once autour de 2 000 dollars après 2027.
En revanche, ces mêmes experts se montrent plus optimistes à l’égard des métaux à usage industriel, tels que le cuivre, le plomb ou le zinc, pour lesquels ils anticipent des hausses progressives soutenues par la demande du secteur manufacturier.
Le désintérêt pour les sociétés minières, associé aux projections prudentes de groupes comme Scotiabank, met en lumière la fragilité actuelle de la confiance dans le métal jaune.
A court terme, les incertitudes pesant sur les politiques des banques centrales continuent d’ajouter des zones d’ombre sur les perspectives du prix de l’or pour le reste de la décennie.
Malgré tout, l’or demeure l’un de nos actifs recommandés, en tant que valeur refuge et rempart contre la dépréciation des devises.
Quand l’actualité dicte (trop) le tempo des marchés
Au-delà du marché de l’or, d’autres sujets viennent détourner l’attention des investisseurs.
De manière générale, les gouvernements et les médias se montrent de plus en plus hostiles au commerce avec l’étranger.
Une étude menée par une association du gouvernement et des entreprises du numérique estime à 264 milliards d’euros par an les dépenses du continent en logiciels et services informatiques américains.
Ils réclament donc des mesures pour réduire cette dépendance aux acteurs étrangers. Ils souhaitent notamment l’instauration de droits de douane aux frontières du continent, soit pour protéger certaines industries, soit en guise de rétorsion contre M. Trump.
Mais les hausses de prix aux frontières, sur le continent comme à l’étranger, entraînent inévitablement une augmentation des prix en rayon.
Le ministère de l’Economie, tout comme la majorité des médias, met en garde contre les risques liés à l’arrivée de produits chinois. Il déclarait ainsi dans une interview à Ouest-France :
« Il pourrait y avoir la tentation pour la Chine de se retourner vers le marché européen. C’est ce que nous surveillons de très près en analysant les flux de marchandises. Je veux que nous fassions barrage à tout déferlement de produits venus de Chine ! La France poussera à l’activation des clauses de sauvegarde qui peuvent être décidées par la Commission européenne pour protéger notre marché intérieur en fixant des quotas aux frontières. »
Pourtant, les importations offrent plus de pouvoir d’achat aux consommateurs.
Certes, certains acteurs locaux perdent une partie de la demande, mais dans l’ensemble, les consommateurs en retirent un bénéfice immédiat.
L’impact des tarifs illustre bien les contradictions dans les discours des dirigeants et des médias.
D’un côté, ils s’inquiètent des droits de douane imposés par M. Trump ; de l’autre, ils souhaitent instaurer eux-mêmes de nouvelles barrières commerciales pour limiter les importations.
Tarifs douaniers : Une distraction temporaire
Chris Mayer, gérant de portefeuille, confirme notre analyse : il faut éviter de réagir trop vivement à ces soubresauts médiatiques. Il met l’accent sur les performances réelles des entreprises et invite à ne pas réagir aux changements d’humeur des marchés. Il écrivait récemment à ce sujet :
« Regardons l’exemple de Constellation Software, l’une des actions les plus performantes de ce siècle. Sur dix ans, ses bénéfices – au sens des excédents sur les opérations, ou free cash flow – progressent de 21% par an, et son cours grimpe de 26% par an.
Si vous vous rappelez tout ce qui s’est produit ces dix dernières années, vous vous étonnerez de voir que tout cela a eu si peu d’effet. Lorsque vous avez une entreprise de qualité dans votre portefeuille, le temps joue en votre faveur.
Tout ce que vous voyez dans les infos paraît important sur le moment. Mais cela perd rapidement de son intérêt. Je suis certain que tous les remous liés aux droits de douane apparaîtront bientôt comme un simple épisode passager, tout comme les confinements. Et après les tarifs, un autre drame viendra capter l’attention des médias. Il y en a toujours un nouveau. Mais les entreprises de qualité poursuivent leur route malgré les remous. Vous devez surveiller la performance de l’entreprise et conserver vos positions tant qu’elle répond à vos attentes. »
Que ce soit pour l’or ou les actions en Bourse, les périodes de repli sont inévitables après de fortes hausses. Mais à long terme, la valeur de l’or repose sur sa capacité à protéger contre la dévaluation des devises, tout comme les entreprises de qualité génèrent des rendements durables.
Ne vous laissez pas piéger par l’actualité. Elle pousse trop souvent les investisseurs à vendre dans la panique ou à courir après les modes du moment. Or, les vrais gains se construisent dans la durée, avec des actifs solides et des choix réfléchis.
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