Les excès du marché américain rappellent que la prospérité en papier finit toujours par s’évaporer… et que l’or reste, lui, le dernier refuge de la valeur réelle.
Les propriétaires d’actions « à la mode » évaluent aujourd’hui leurs avoirs sur la base de bénéfices qui ne verront peut-être le jour que dans plusieurs décennies. Aux niveaux actuels, les titres des Sept Magnifiques intègrent déjà les ventes et profits futurs d’Apple, Google, Microsoft et consorts… jusqu’en 2066, avec un ratio cours/bénéfice de 41 fois les profits annuels actuels.
Money Talks News rapporte :
« Les détentions record d’actions américaines font écho aux niveaux précédant la bulle Internet. »
Jerome Powell affirme que les actions sont « justement, fortement valorisées ». Mais tout dépend, semble-t-il, de la ponctuation. Sont-elles justement (et) fortement valorisées ? Ou justement (c’est-à-dire sans excès) fortement valorisées ? Qu’en est-il exactement ? Justement ? Ou fortement ? Ou justement fortement ?
En réalité, le terme « justement » n’a pas sa place ici. Les actions sont valorisées de façon exorbitante, avec le ratio cours/chiffre d’affaires le plus élevé jamais enregistré pour le S&P 500, à 3,3. Le ratio cours/bénéfice maximal est lui aussi au plus haut depuis 25 ans.
L’indicateur Buffett, qui compare la valeur totale du marché actions au PIB, atteint aujourd’hui un niveau record.
Et le ratio cours/bénéfice ajusté en fonction du cycle (ou ratio CAPE) du professeur Robert Shiller, supérieur à 40, n’a été dépassé qu’une seule fois : en 1999 (lorsqu’il était à 44). Et vous savez ce qui s’est passé ensuite.
« Ce qui s’est passé ensuite » est précisément ce que nous pensons voir se reproduire. Car les investisseurs ne peuvent pas vraiment s’enrichir en surenchérissant sur leurs propres actifs. Pendant un certain temps – souvent longtemps – cela semble fonctionner.
Ils deviennent de plus en plus riches, le prix de leurs actifs grimpe, et tout cela donne l’apparence d’un gigantesque transfert de richesse, de la masse vers une minorité. Mais cela s’effondre inévitablement lorsque cette minorité cherche à retirer ses gains.
Lorsque les plus avisés échangent leurs actions contre des biens de valeur réelle (maisons de vacances, oeuvres d’art, sacs à main Gucci), les cours boursiers s’effondrent. En quelques semaines, la richesse illusoire s’évapore.
Les méga-transferts de richesse de la majorité vers une minorité fonctionnent rarement comme prévu.
En 1980, par exemple, ce sont les quelques personnes qui possédaient de l’or qui étaient riches. Les actionnaires, eux, étaient pauvres : les trente actions du Dow Jones s’achetaient alors pour moins de deux onces d’or.
Mais ensuite, le vent a tourné. Une nouvelle ère a commencé… et en 1999, la situation s’était inversée. Ce sont les actionnaires qui étaient riches, et les détenteurs d’or qui étaient pauvres. La majorité des gens n’ont eu de chance, ni dans un cas ni dans l’autre.
Et aujourd’hui ?
Les détenteurs d’or et les actionnaires sont tous riches ! Les actions valent, en gros, quatre fois plus qu’en 1999. L’or vaut quatorze fois plus qu’il y a vingt-cinq ans. Et comme l’écrirait Balzac : « Derrière chaque grande fortune se cache un crime. »
Oui, les autorités fédérales ont falsifié notre monnaie et nos taux d’intérêt, transférant ainsi une part toujours plus importante de la richesse nationale vers les quelques-uns qui détiennent des actifs financiers. La majorité, elle, paie des prix à la consommation toujours plus élevés dans une économie en déclin.
Mais à l’avenir, la chance des actionnaires risque bien de tourner.
Les actions ont une valeur réelle – la valeur de leurs bénéfices futurs – et cette réalité finit toujours par se refléter dans les prix.
Même si le marché ne s’effondre pas, l’avenir n’aime guère être trompé. Et dans le contexte actuel, il pourrait bien se venger de ceux qui l’ont escroqué.
Le mécanisme qui a gonflé les prix des actifs – le crédit fictif de la Fed – alimente aussi la hausse des prix à la consommation. La Fed injecte du crédit à des taux artificiellement bas : cette nouvelle monnaie gonfle d’abord les prix des actifs, puis, progressivement, ceux des biens de consommation.
Et quand les privilégiés veulent échanger leurs actifs gonflés contre du savon ou du Shinola, ils réalisent qu’ils en obtiennent beaucoup moins. Comme dans les années 1970, ils peuvent alors constater qu’ils ont perdu de la richesse – non qu’ils en ont gagné.
Mais qu’en est-il de l’or ?
Nous, les quelques détenteurs d’or, sommes devenus plus riches au détriment des nombreuses personnes qui n’en possèdent pas. Elles ont plus de mal à acheter une voiture neuve… pour nous, c’est plus facile.
Bien sûr, l’or a aussi ses inconvénients : il a perdu 80 % de sa valeur entre 1980 et 1999. Cela pourrait-il se reproduire ? Oui.
Et lors de la prochaine récession, les spéculateurs entendront peut-être les fantômes du krach de l’ère Reagan-Clinton leur souffler de se retirer.
Mais les conditions de 1980 étaient presque à l’opposé de celles d’aujourd’hui. Les actionnaires étaient pauvres ; aujourd’hui, ils sont riches. L’inflation était à deux chiffres ; aujourd’hui, elle est, selon le président américain, « vaincue ».
Les taux hypothécaires dépassaient 15 % ; aujourd’hui, on peut encore emprunter à un peu plus de 5 %.
L’or pourrait connaître une correction, mais les conditions d’un marché baissier durable ne sont pas réunies.
Selon toute vraisemblance, une forte baisse du cours de l’or ferait fuir les nouveaux venus…
… laissant moins de monde prêt à s’y accrocher à tout prix, alors même que notre système financier s’effondre.