Par Adrian Ash (*)
A la fin des années 90, la Bundesbank maîtrisait l’inflation depuis plus de cinq décennies. Les politiciens de Rome, Paris, Londres, Madrid et Dublin lorgnaient sur le modèle ouest-allemand — tout en refusant de l’appliquer pour eux-mêmes.
Alors pourquoi ne pas demander aux Européens de l’appliquer, à la place ? Voilà une idée qu’elle était bonne… sauf qu’il y avait un problème : ces satanés objectifs de masse monétaire se mettaient en travers du chemin de la croissance, de la dette, des prix de l’immobilier. Et donc, avec une inflation — comme les taux d’intérêts — inférieurs ou égaux à la cible annuelle de 2%, l’Europe se débarrassa discrètement de son plafond de croissance pour la masse monétaire.
La mesure M3 de la masse monétaire de la Zone euro — ce même M3 que la Réserve fédérale US a cessé de suivre et de publier début 2006 — était censée ne pas dépasser les +4,5% par an. Cette cible initiale constituait l’un des deux "piliers monétaires" soutenant tout le projet de la Zone euro lorsque la Banque centrale européenne a pris les rênes de la politique monétaire à la fin des années 90.
Aux dernières nouvelles, cependant, le M3 européen frôlait un quasi-record de trois décennies, à 11,5% en janvier 2008.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous, moi et tous ceux qui essaient de protéger leur épargne et leurs revenus contre la hausse des prix à la consommation ? Bien trop souvent, des traders cherchant des gains rapides dans l’or vous montreront une connexion de très court terme entre l’euro et l’or.
Soyons justes : c’est un fait, l’or et l’euro évoluent effectivement souvent de concert par rapport au dollar US sur une base quotidienne. Entre le début 2007 et la fin mars 2008, par exemple, l’euro et l’or ont pris la même direction 291 sur 310 séances, si l’on en croit des données de Reuters — soit un pourcentage de 94% environ.
Mais l’euro a suivi la même direction que les prix du pétrole brut durant 300 jours — soit pas moins de 97% du temps. Et personne n’affirmerait que la hausse de l’euro par rapport au dollar a empêché le prix du pétrole de grimper le long des autobahns allemandes.
De plus, tant l’euro que l’or ont grimpé par rapport au dollar durant 170 séances entre janvier 2007 et fin mars 2008. Leur corrélation apparente est donc construite sur un fait tout simple : la devise US a perdu régulièrement de sa valeur, goutte à goutte.
En moyenne, à chaque séance, le dollar a perdu 0,05% de sa valeur par rapport à l’euro depuis le début 2007. Si l’on mesure en termes d’or, il a perdu un peu plus, avec une baisse journalière de 0,06% en moyenne.
En d’autres termes, les gains de l’or par rapport au dollar ont régulièrement dépassé les gains des investisseurs US détenant des euros. Dans l’ensemble — et s’échangeant juste au-dessous de l’équivalent de 40 000 DM/kg aujourd’hui — le prix de l’or en euro a grimpé de plus de 24% pour les investisseurs français et allemands depuis le début de l’an dernier.
Va-t-il grimper plus haut encore, explorant de nouveaux records et dépassant le sommet historique des 46 530 DM ? Ou bien l’or va-t-il tourner les talons, chutant face à des taux d’intérêts réels inférieurs à zéro pour le dollar et un pic de trois décennies pour la masse monétaire européenne ?
Les graphiques de long terme nous disent que l’or se trouve face à une résistance. Soit ça coincera, soit le métal jaune est sur le point d’aborder des rivages inexplorés jusqu’alors… tandis que le monde doit réapprendre à dompter l’inflation.
Meilleures salutations,
Adrian Ash
Pour la Chronique Agora
(*) Adrian Ash dirige le bureau de recherches de BullionVault, un des moyens les plus simples et les plus économiques au monde d’acheter et d’investir dans l’or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications — l’homologue britannique des Publications Agora — il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant quatre ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold.com, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d’investissement. Les points de vue d’Adrian sur le marché de l’or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.
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