Une bulle attire toujours l’aiguille qui la fera éclater. En tentant de contenir l’innovation chinoise, les administrations de Trump et de Biden semblent en avoir aiguisé la pointe.
L’entreprise chinoise d’IA DeepSeek (dont le logo est une baleine) arrive dans la baie de San Francisco avec des cadeaux pour la Silicon Valley… (Image générée par l’IA.)
« Plus d’investissements ne conduisent pas nécessairement à plus d’innovation. » – Liang Wenfeng, fondateur de la société ayant créé DeepSeek
Nous avons une petite idée de l’origine de la future grande perte.
Ce mois-ci, une bombe a frappé l’ensemble des valeurs capitalistiques liées à l’IA.
Les puces d’IA, à la base de la capitalisation boursière de 3 000 milliards de dollars de Nvidia, ont soudainement été confrontées à l’arrivée d’un concurrent inattendu. The Daily Beast rapporte :
« Une start-up chinoise spécialisée dans l’IA provoque une chute de 1 000 milliards de dollars sur le marché après que Trump a annoncé son projet d’IA Stargate
Le dernier modèle d’intelligence artificielle d’une start-up chinoise a bouleversé les marchés lundi, entraînant les valeurs technologiques américaines et européennes sur la voie d’un effondrement de 1 000 milliards de dollars, une semaine après que le président Donald Trump a soutenu un investissement de 500 milliards de dollars du secteur privé dans l’infrastructure de l’intelligence artificielle. »
DeepSeek est le fruit d’un investissement de 6 millions de dollars, et non d’un milliard (en heures de GPU louées), produit par l’entrepreneur chinois Liang Wenfeng. Bien qu’ils dépensent 200 milliards de dollars par an pour dominer l’espace de l’IA, les quatre géants américains de la technologie – Microsoft, Amazon, Meta et Alphabet – ont laissé Wenfeng leur voler la vedette.
En règle générale, une bulle attire toujours l’aiguille qui la fera éclater. En tentant de contenir l’innovation chinoise, les administrations de Trump et de Biden semblent en avoir aiguisé la pointe. Et maintenant, elle se dirige tout droit vers les oligarques de la technologie, qui se tenaient au deuxième rang lors de l’investiture de Trump.
Aujourd’hui évalués à 17 000 milliards de dollars collectivement, les Sept Magnifiques se dirigeaient déjà vers les ennuis. C’est ce qui se produit normalement. Les bulles se dégonflent. Les pics mènent aux vallées. Et une nouvelle technologie est toujours suivie d’une technologie plus récente.
Mais cette fois, Palo Alto pourrait bientôt ressembler à Gaza. Seeking Alpha rapporte :
« Les principaux indices ont chuté lundi, les inquiétudes concernant le rallye de l’IA s’intensifiant en raison du buzz autour de la start-up chinoise DeepSeek, spécialisée dans l’IA, ce qui a déclenché un mouvement de repli sur les actifs risqués. En début de séance, le Nasdaq Composite était en baisse de 2,7%. Les valeurs liées à l’IA, comme Nvidia (NVDA) et Super Micro Computer (SMCI), ont reculé de plus de 10%. »
A quoi faut-il s’attendre ?
Le protectionnisme et l’endiguement conduisent au déclin et au retard, et non à la croissance et au progrès. Malgré les efforts déployés par les Etats-Unis pour les arrêter, les exportations chinoises de puces ont en fait augmenté pendant 14 mois consécutifs. Forcées d’expérimenter, les entreprises chinoises ont développé de nouvelles tactiques et de nouvelles technologies. Forbes rapporte :
« Les contrôles américains à l’exportation sur les semi-conducteurs avancés étaient destinés à ralentir les progrès de la Chine en matière d’intelligence artificielle, mais ils ont peut-être involontairement stimulé l’innovation. »
Sur le site The Unz Review, le rapport est encore plus alarmant :
« En l’espace de quelques jours, la nouvelle de la sensation de l’IA chinoise, DeepSeek Ri, est passée d’une douce brise à un ouragan de force 5. »
« La capitale de la technologie est passée de Palo Alto à Hangzhou », affirme M. Unz :
« Il est désormais évident que personne, ni dans la Silicon Valley ni à Washington D.C., ne se doutait que leur monde allait être bouleversé par un nouveau produit innovant, capable de déplacer les plaques géopolitiques vers l’est. En résumé, l’ordre du jour est désormais défini par des individus ayant des priorités, des valeurs et des croyances différentes, et vivant à 10 000 kilomètres de là. »
Venture Beat rapporte :
« Contrairement à OpenAI (O1), qui n’est accessible qu’aux abonnés payants de ChatGPT du niveau Plus (20 $ par mois) et aux niveaux plus chers (comme le Pro à 200 $ par mois), DeepSeek R1 a été lancé en tant que modèle entièrement open source, ce qui explique également pourquoi il a rapidement grimpé dans les classements… tout le monde dans le domaine de l’IA est en effervescence à propos de DeepSeek. »
Les ventes massives dans le secteur technologique pourraient être « exagérées », selon Barron’s. Cependant, le véritable défi est probablement sous-estimé. Republic World rapporte :
« Les universités chinoises dépassent le MIT, Oxford, Stanford et Caltech
L’université de Harvard conserve la première place, mais le reste des dix premières places est dominé par les institutions chinoises. »
La semaine dernière, Donald Trump a annoncé un investissement de 500 milliards de dollars dans le projet d’IA Stargate, visant à « garantir le leadership américain » et à « élever l’humanité ». Cela semble déjà s’apparenter à de l’argent jeté par les fenêtres.
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TRUMP : POPULISME ET AFFAIRISME
Comme nous le savons, en Occident, les « populistes », il n’y a pas pire : Ils ne sont pas « éclairés ». Ils manquent de « Lumières ».
Il est intéressant qu’à partir de la racine sémantique « peuple » l’Occident « démocratique » en soit arrivé à désigner ceux qu’il considère comme faisant partie de ses principaux adversaires.
Les régimes communistes nous ont déjà démontré avec leurs « Démocraties Populaires » comment les élites « éclairées » pouvaient organiser au nom des peuples et de la « vraie » démocratie une dictature sur les peuples.
L’Occident est beaucoup plus subtile, pas seulement économiquement, politiquement : ses élites initiées organisent une « Démocratie Libérale », doucement mais totalement contrôlée : Contre les peuples.
L’état n’est plus seul à planifier les libertés notamment celle d’expression. La gouvernance de la pensée obligatoire passe surtout par le contrôle capitalistique, univoque des médias : pluralité des titres pour la forme, uniformité totale quant au fond. Multiplication obligatoire des débats, mais discussion qui ne peut avoir lieu qu’à l’intérieur de frontières très délimitées par des sujets imposés d’une part et des interdits absolus de l’autre : référendum, critique de l’immigration, insuffisance de la répression pénale, entre bien d’autres omertas.
C’est l’explication essentielle de la cabale médiatique occidentale contre Trump : il est Populiste. Trump a été élu par le peuple américain contre la grande majorité des élites américaines et des médias sous contrôle (80% environ). En France Trump n’aurait pas fait plus de voix que Eric Zemmour (7%), un populiste que Wikipédia qualifie évidemment de politique « d’extrême droite ». A observer les résultats du second tour des dernières élections présidentielles de 2022 les français sont selon les médias « d’extrême droite » à plus de 41% : L’horreur populiste, est mieux contrôlée en France démocratique qu’aux USA.
Ceci dit :
1°Trump n’est pas seulement l’horreur populiste ; peut être est-il aussi une forme de « l’horreur affairiste ». Ce qui explique qu’il ait réussi à revenir à la Présidence des USA, et sans doute sa seule chance d’exercer le pouvoir contre les idéologues éclairés.
2° Il est nécessaire que l’Intelligence affairiste Occidentale se mobilise pour résister à l’Intelligence affairiste Chinoise.
3° L’intelligence affairiste en Europe ? Elle commanderait de cesser de faire la guerre à la Russie sous le prétexte d’une Démocratie en Ukraine. Une politique qui, en plus, serait populiste. C’est ce que démontre Trump : Populisme et Affairisme ne sont pas incompatibles.
1) Vous aviez publié, il y a 1 ou 2 mois, un article dans La Chronique Agora, où l’auteur s’étonnait que l’IA en Chine ne coutait rien en terme d’abonnement comparé à l’Occident … Il avait vu juste !
2) Les 500 milliards de Trump seraient mieux investi dans l’Education plutôt que dans la poursuite d’une IA dinosaure.
A cette agitation générale autour d’un robot brassant à la guise de ses programmeurs et des aléas de la complexité cumulative, la préférence pour les lieux communs des savoirs construits, je préfère l’aphorisme 38 de LAO-TSEU.
Trump a déclaré imposer des droits de douanes au monde entier au profit des USA et des Américains…La réponse de la Chine consiste à montrer à Trump qu’il ne maîtrise plus l’IA comme jadis (avec les sept magnifiques) et doit désormais compter avec cette même Chine. Voilà la réponse du berger à la bergère!