Les émeutes qui touchent la France depuis une semaine s’intègrent dans un mouvement plus large.
« Comment c’était ? »
« Quoi ? »
« Paris, pendant les émeutes. »
« Il y avait des émeutes ? »
Chaque pays a ses propres voies ferrées. Et certaines personnes se retrouvent inévitablement de l’autre côté de ces voies. A Paris, les pauvres vivent généralement en banlieue. L’un d’entre eux a été tué par la police la semaine dernière. Où nous étions, en centre-ville, nous ne nous en étions qu’à peine rendu compte.
A l’échelle nationale, les Français semblent vivre leur épisode « George Floyd ». Voici que rapporte CNN :
« Le chaos, la destruction et les affrontements ont conduit à des couvre-feux dans certaines villes autour de la capitale. Les services de bus et de tramway ont été perturbés et un arrêt des transports a été ordonné pour 21 heures vendredi dernier, afin de tenter d’endiguer une nouvelle nuit de violence.
Des quartiers de certaines grandes villes françaises ont été le théâtre de violences pendant plusieurs nuits consécutives après qu’un adolescent du nom de Nahel Merzouk, d’origine algérienne, a été tué par balle par la police, un incident qui a été filmé et diffusé en ligne.
Plus de 800 personnes ont été arrêtées dans la nuit du 29 juin, alors que l’indignation s’intensifiait. La mort de M. Merzouk semble être devenue le point de ralliement de la colère contre l’inégalité raciale en France, et des allégations de discrimination policière. »
Les guerriers de la culture
Pendant ce temps, le « racisme » est toujours à la une des actualités aux Etats-Unis. Il existe toute une brigade de guerriers de la culture prêts à le dénoncer, à l’éradiquer et à le combattre. Ils voient le racisme partout. The Daily Beast rapporte :
« Une professeure blanche divise lors d’une la conférence d’historiennes.
Une conférence d’historiennes a été plongée dans la tourmente ce week-end lorsqu’une éminente universitaire blanche a déclaré, lors de l’événement le plus important, que sa vie professionnelle aurait été plus facile si elle avait été noire.
‘Elle a été immédiatement interpellée pour ses remarques ouvertement racistes et a refusé de s’excuser, et encore moins d’écouter les raisons pour lesquelles ses remarques étaient horriblement erronées […]’. »
Et voici un autre titre destiné à appâter les internautes, tiré d’une publication appelée « Buzzloving » :
« ‘Les hommes blancs sont un danger pour la société’, déclare un membre du comité des réparations de San Francisco. »
Le week-end dernier, la presse américaine s’est déchaînée sur la dernière décision prise par la Cour suprême concernant les programmes d’admission des universités fondés sur les critères raciaux. En résumé, la cour a reconnu qu’on ne peut pas discriminer en faveur d’un groupe (les noirs, par exemple) sans en discriminer un autre (les asiatiques, par exemple).
Cette décision antiraciste a été immédiatement attaquée comme étant… oui… du racisme !
Fox News :
« Jemele Hill accuse les asiatiques de servir les intérêts de la suprématie blanche pour avoir soutenu la décision d’abolir la discrimination positive »
Harvard s’est engagé à ne plus pécher… du moins pas ouvertement. Elle a toutefois déclaré qu’elle continuerait à prendre en compte d’autres facteurs, au-delà des notes obtenues aux tests et des résultats académiques, lors des admissions.
Préjugés inhérents
C’est, bien sûr, ce que nous faisons tous. Nous tenons compte de nos propres préjugés, prédilections et préférences dans chacune des décisions que nous prenons. Lorsque nous voulons dîner dans un bon restaurant chinois, par exemple, nous n’allons pas dans le quartier italien de la ville. Nous allons dans le quartier chinois. Nous pensons que nous y trouverons de meilleurs wontons. Est-ce de la discrimination envers les Italiens ? Bien sûr. Et si nous voulons démontrer notre engagement en faveur de la justice sociale, nous pouvons mettre un T-shirt arc-en-ciel… ou adopter un enfant d’un pays en difficulté.
Mais les actes de préférence, de gentillesse ou de vanité ne sont pas suffisants pour certaines personnes. Ils veulent sentir l’odeur des pneus brûlés dans leurs narines… et avoir l’argent de quelqu’un d’autre dans leurs poches.
Nous évoquons l’argent, non pas parce qu’il s’agit de l’élément le plus important de l’histoire, mais uniquement parce qu’il est mesurable. En France, comme aux Etats-Unis, les personnes d’origine africaine se plaignent d’être maltraités par la police. Mais il est difficile de savoir si elle les traite de manière équitable ou non. Au moins, l’« argent » peut être compté… et les Noirs ont tendance à en gagner moins que les Blancs. A première vue, cela semble « injuste ». Et cela semble offrir une solution arithmétique simple, pour résoudre le problème : prendre l’argent du second groupe pour le donner au premier.
Hélas, souvent, si ce n’est toujours, ce type de solutions imposées ne font qu’aggraver la situation. Alors, tentons d’identifier le vrai problème. Il existe trois grandes hypothèses. La première est que les Africains, qui sont les plus démunis, sont fautifs – ils sont paresseux, sont des criminels, etc. La deuxième hypothèse est que ce sont les Blancs qui asservissent, discriminent et répriment les personnes d’origine africaine. La troisième explication est que ce n’est la faute de personne – les différents groupes ont des habitudes et des coutumes différentes… qui aboutissent à une vraie diversité.
Cette dernière hypothèse est probablement la plus probable et la moins attrayante. Elle est la moins attrayante précisément parce qu’elle est la plus probable… elle ne voit aucun problème et ne suggère aucune solution. Elle est « raciste » dans le sens où elle reconnaît que tout le monde n’est pas obligé de vivre de la même manière. Avoir la peau noire n’est pas une maladie, et cela ne peut pas être guérie par une peau blanchie. Et vice versa.
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