Par Emmanuel Gentilhomme (*)
Le future commence le 9 janvier
Retenez bien ce jour : à Shanghai, la cotation des futures aurifères a commencé le 9 janvier dernier. Il s’agit de contrats libellés en yuans portant sur un kilo de métal jaune. Selon une rumeur de marché, au début, le contrat ne devait porter que sur 300 grammes, mais ce poids aurait finalement été relevé… afin de décourager les particuliers amateurs d’émotions spéculatives. Le Chinois est joueur… Bref. Au terme du contrat, il est possible de se faire payer sa valeur en yuans, ou de prendre livraison du poids de métal correspondant.
Selon un porte-parole du marché à terme de Shanghai, le but de ces contrats est de faciliter "la détermination du prix de l’or et de permettre la couverture des risques de prix", la livraison physique n’étant pas l’objectif principal. Pour cela, le Shanghai Futures Exchange invite à se reporter vers le Shanghai Gold Exchange, où la bagatelle de 1 800 tonnes d’or ont changé de mains en 2007, selon People Daily (09/01).
Shang Fulin, patron de la Commission de régulation des services financiers, a déclaré au journal China Daily (10/01) que "les contrats à terme sur l’or étendront la gamme de futures actuellement disponibles, alors que ces derniers jouent un rôle de plus en plus important dans la stabilisation des marchés financiers, et qu’ils sont utiles la croissance économique nationale".
Patron du groupe minier Shandong Gold, Shi Min s’est immédiatement félicité de l’arrivée de ces contrats qui, je n’en doute pas, vont faciliter la vie de son directeur financier : "le lancement des futures sur or tombe à point nommé. Alors que le métal jaune atteint des niveaux record, les mineurs ont plus besoin que jamais de se couvrir contre la forte volatilité des prix résultant des changements brutaux du sentiment du marché".
Les financiers à l’affût
Bien évidemment, les industriels ne sont pas les seuls à fêter l’arrivée de ces nouveaux instruments financiers. D’ailleurs, le maire adjoint de Shanghai, Feng Guoqin, a déclaré (toujours à China Daily, le 10/01) que ces nouveaux contrats à terme "reflètent l’accélération du développement de Shanghai en tant que centre financier". Il n’a pas échappé aux banquiers que l’extension des produits financiers basés sur l’or est de bon augure pour le marché de l’épargne : on ne parle pas encore d’ETF en Chine, mais d’autres pays émergents — comme l’Inde — s’y sont déjà mis.
En tout cas, Jeffrey Christian, PDG du bureau d’études américain en matières premières CPM Group. Jeffrey Christian note que la Chine devient progressivement l’un des premiers producteurs d’or au monde, un grand raffineur ainsi qu’un marché de choix pour la bijouterie. Il y va même de sa prévision : "la Chine va devenir aussi un grand marché pour les investisseurs. Elle aura donc un influence croissante sur les prix de l’or".
Alors que les volumes de négociation des futures chinois sur l’or sont pour l’heure limités, Jeffrey Christian rappelle : "les acteurs du marché chinois devraient se souvenir que lors de la cotation des premiers futures sur or au Japon et aux Etats-Unis, dans les années 70 et 80, les volumes initiaux était faibles. Mais plus tard, ces deux pays sont devenus les principaux centres de négociation des contrats aurifères. Il pourrait très bien se passer la même chose sur le marché chinois".
Avis aux amateurs : le dragon chinois se nourrit aussi d’or, il a de l’appétit, et de quoi payer l’addition.
Meilleures salutations,
Emmanuel Gentilhomme
Pour la Chronique Agora
(*) Emmanuel Gentilhomme est journaliste et rédacteur financier. Il a collaboré à plusieurs reprises avec le Journal des Finances et la Société Générale. Il suit de près les marchés boursiers européens et étrangers, mais s’intéresse également à la macroéconomie et à tous les domaines de l’investissement.